PWL et la French pop

PWL Pop Music Deluxe

Indissociable du son dance-pop des années 80, le trio de producteurs anglais Stock, Aitken et Waterman fait danser la planète grâce à un nombre incroyable de tubes en l’espace de seulement quelques années. De Dead or Alive à Donna Summer, de Bananarama à Rick Astley, sans oublier Kylie Minogue, Mel & Kim, Jason Donovan et Samantha Fox, l’irrésistible pulsation Hi-NRG qui fait la renommée de cette « hit factory » lancera des carrières et séduira des artistes confirmés.

Aussi adulés que décriés pour le côté systématique et répétitif de leurs productions, ils nous ont laissés une flopée de classiques indémodables. Avec à la composition le duo Mike Stock et Matt Aitken et à la direction artistique Pete Waterman, le trio s’installe dans ses propres studios, les studios PWL (Pete Waterman Limited), et s’entoure rapidement d’ingénieurs du son maison afin de répondre à la demande, notamment des clubs où leurs remixes sont très prisés. Les « mixmaster » (comme crédités sur les pochettes) Phil Harding et Pete Hammond sont de ceux-là, et c’est principalement à eux qu’on va confier les morceaux de nos quelques petits Frenchies qui auront droit au traitement PWL dans les années 80, Pete Waterman étant très à l’affut des productions européennes…

Tubes internationaux ou productions plus confidentielles, petit panorama des incursions PWL en terres françaises…

Desireless – Voyage voyage

Lorsqu’il arrive en Angleterre en 1987, Voyage voyage est déjà un immense tube en France mais également en Europe (n°1 en Allemagne, Autriche, Norvège, entre autres) grâce à la force de frappe du label CBS. Une première sortie outre-Manche, dans sa version originale, assure déjà à Desireless et à sa chanson une très honorable 53e place, mais c’est le remix signé Pete Hammond pour PWL en 1988 qui va véritablement enfoncer le clou. Avec sa rythmique déjà lancinante et hypnotique, le morceau n’aura pas besoin qu’on l’aide beaucoup, et il suffira à Hammond de faire jouer ses boîtes à rythmes pour en faire un hymne dansant, et en français. Sous une nouvelle pochette, le single réentre dans les charts en mai 1988 et culmine à la 5e place pour deux semaines consécutives en juin. Un classique qui sera notamment repris par Bananarama en 2009.

France Gall – Ella elle l’a

Aussi étonnant que cela puisse paraître, France Gall aussi aura droit à son traitement PWL ! Peu habituée aux remixes dans les années 80 (seuls Débranche et Hong-Kong star avaient eu droit à des versions longues), la chanteuse connaît un succès européen phénoménal avec Ella elle l’a en 1988 (n°1 en Allemagne et en Autriche, n°4 en Suède…) et, après avoir distribué la version album en 45 tours et maxi, le label se voit presque obligé de commander un remix de la chanson pour percer le marché anglais. C’est Dave Ford qui s’en chargera avec un remix toujours à destination des clubs et des danseurs, mais avec un tempo plutôt modéré, adapté au morceau. Une version courte et une version longue sont commercialisées au Royaume-Uni mais Ella elle l’a n’intègre pas les classements. Le remix sera toutefois également distribué en Europe ainsi qu’au Canada.

Jakie Quartz – A la vie, à l’amour

« Après la promo de A la vie, à l’amour, un jour Waterman (de Stock Aitken et Waterman) m’appelle et me dit « Je voudrais remixer Jakie Quartz ». Ce fut fait et le remix est sorti partout, en Allemagne, en Angleterre… mais chanté en français », raconte Bertrand Le Page, alors manager de Jakie Quartz, au magazine Platine en 1995. En effet, Pete Waterman a les oreilles qui traînent du côté des productions françaises et italiennes et, après le succès d’A la vie, à l’amour en France (30e en août 1988), Jakie Quartz sera la toute première artiste du label PWL Continental fraîchement créé ! Avec une nouvelle pochette et un remix de Pete Hammond baptisé In the Cannes Mix (version courte et version longue), la chanson se pare d’une introduction plus dramatique et d’une rythmique évidemment beaucoup plus marquée, et sort au Royaume-Uni en février 1989. Poussé par la promotion qu’en fait Waterman dans son émission télé dédiée aux clubbers, The Hitman and Her, le single entre dans les charts et atteint une jolie 55e place. On regrette qu’Emotion, le single suivant, n’ait pas eu droit aux mêmes égards tant ce dernier semblait adapté à la production PWL.

Début de soirée – Nuit de folie

Nuit de folie, c’est le tube de l’année 1988 : n°1 du Top 50 pendant neuf semaines et plus d’un million de copies vendues ! Un carton qui va être entretenu par un remix de la chanson réalisé par Pete Hammond qui va remplacer la version originale sur une réédition ultérieure du 45 tours. Nommé Euro Remix dans sa version courte, il devient le Crazy Night Remix dans sa version longue sur maxi. « Remixé par l’équipe de l’Anglais Pete Hammond qui remixaient à l’époque Kylie Minogue, Rick Astley et Donna Summer… En tant qu’anciens DJ, on était fier », écrit William Picard de Début de soirée sur son site. En 1989, Nuit de folie est la deuxième référence à sortir en Angleterre chez PWL Continental en 45 tours et maxi, mais sans impact sur les charts. Le single suivant, La Vie la Nuit, sera lui aussi remixé par Pete Hammond tandis que Chance sera confié à Dave Ford.

Michael Fortunati – Danse avec moi

Après le hit de clubs Give me Up en 1986 (qui aurait largement inspiré Stock, Aitken et Waterman pour le I Heard a Rumour de Bananarama l’année suivante), Michael Fortunati, dont la carrière se concentre surtout sur le Japon, sort Danse avec moi chez Carrère en 1989. Le morceau dans sa version originale a tous les ingrédients du son PWL mais ne va pas connaître le succès. L’année suivante, c’est le label indépendant anglais Beaver Records qui s’empare de Danse avec moi et commande un remix eurobeat à Phil Harding qui sort en maxi au Royaume-Uni, et ressort en France et en Belgique chez CBS sous une nouvelle pochette moins flatteuse, sans plus de succès. Un autre titre, Julia, sera remixé par Phil Harding et Ian Curnow pour une compilation de remixes du chanteur destinée au marché japonais en 1990.

Charlie Makes The Cook – Boys and Girls

Trio constitué des sœurs Maryanna et Sophia Matiss (qui formaient déjà le groupe Kristal en 1984 le temps d’un single, All in All it’s Love) et de leur copine anglaise Bethanee Bishop, Charlie Makes the Cook interprète Boys and Girls en 1987. La chanson n’est pas une nouveauté puisque cette composition de Bernard Flavien et François Jeantet était déjà parue en français interprétée par Lula en 1984 sous le titre Danse danse danse. Avec un texte en anglais de Bethanee Bishop, la chanson devient Boys and Girls dont le mixage est assuré par Phil Harding. Le disque sort partout : en Allemagne, au Royaume-Uni, au Canada, en Italie… mais ne marchera qu’en France avec une très belle 8e place au Top en avril 1988. Good Day For Love et A.B.C., les singles suivants, seront aussi mixés par Harding, tout comme Make Me Love Again, autre essai des deux sœurs sous le nom de Palma en 1988, sans plus de succès. Le Look, autre groupe produit par Flavien et Jeantet, publie en 1989 le single Shock Banana, lui aussi mixé par Pete Hammond.

Graffic – Princesse ma folie

En 1990, une division PWL France est créée et Graffic est le premier groupe à en bénéficier. Les quatre garçons (Gaëtan, Xavier, Rino et Angelo) interprètent Princesse ma folie, titre mixé dans les studios PWL par Pete Hammond (S’évader, la face B, est confiée à Dave Ford) et l’on croirait entendre un titre de Rick Astley ou de Donna Summer. Lou Deprijk, fameux producteur belge de Viktor Lazlo ou Plastic Bertrand, aurait raté la distribution du disque en France où les potentiels acheteurs auront du mal à se procurer le disque. Dance balance, le 45 tours suivant lui aussi mixé chez PWL, n’aura pas le même impact…

8 commentaires

  1. Incroyable SAW… J’écoute toujours avec plaisir leurs prods… Dead or Alive etant leur summum… Quel énergie. L’album de Kylie « Rhythm of love » et Lonnie Gordon sont excellents… Ah oui aussi Charlie makes the cook quel bonheur ce titre.. Dur à trouver sur compile…

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  2. Encore un superbe article ! GRAFFIC « Princesse, ma folie » me fait penser à « Take me to your heart » de Rick ASTLEY, SAW ont régné sur cette décennie avec une multitude d’artistes.Un synthé YAMAHA DX7, une boite à rythme LinnDrum et les mélodies dansantes = la recette des hits ô combien nombreux de SAW.

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  3. Alors, ça alors ! J’ignorais complètement que la chanson « Boys and girls », un des titres phare du top 50 des années 80, était une adaptation d’un titre français !! On apprend toujours plein de choses sur ce site. 🙂
    Quant à la chanson du duo, « Make me love again », c’est un de mes titres préférés. Je l’avais entendu une seule fois très tard à la radio quand il est sorti, et plus jamais ensuite. Heureusement que je m’étais procuré le 45T (et le mp3 de la version longue depuis peu)… Et je ne comprends pas pourquoi le titre n’a pas eu de succès, car, sorti avant l’été, il avait tout du slow estival langoureux. Et vous mentionnez le duo précédent Kristal. Je suis curieux de savoir à quoi ressemble le morceau. Je n’en ai pas trouvé trace sur youtube…

    Sinon, aviez-vous remarqué que « Nuit de folie » ressemblait fortement au titre de Patty Ryan « You’re my love, you’re my life » ?

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  4. Il y a du fan sur cette page ou je me trompe ! (Du coup, on a le droit de dire qu’on préfère les originaux aux remix ? 😀 ).
    Bon je ne suis pas forcément client et surtout expert dans l’emballage façon SAW même si j’aimais plutôt bien ce que je connaissais de leur travail accompli pour Dear Or Alive, Bananarama ou Donna Summer.
    Début de soirée ou surtout Jakie Quartz, ça apporte peut-être un + à la V.O. Desireless, je n’en suis pas sûr mais ça ne me dérange pas. En revanche, « Ella, elle a », je trouve ça franchement raté et je ne suis pas étonné que les britanniques ne se soient pas rués sur cette Gall remixée.

    Ah oui alors, je ne connaissais pas le « You’re my love.. » de Patty Ryan (qui ressemble aussi pas mal en effet à Modern Talking), mais si sur le disque de Début de Soirée », le morceau de Ryan n’est pas crédité au moins comme « inspiration », ça ressemble fort à du plagiat. Mais pas d’accusation gratuite si tout le monde est innocent et que tout n’est que pure coïncidence… 😀
    De toute façon, dans tout ça, rien ne trouve vraiment grâce à mes oreilles, il en faut pour tous les goûts. 😉

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