Terence Trent D’Arby – Sign Your Name

Lorsque sort Sign Your Name en 1988, Terence Trent D’Arby est déjà une véritable sensation dans le monde de la pop music. En seulement quelques mois et un premier album, l’Américain de 25 ans expatrié à Londres a créé l’événement. Les professionnels, les médias et le public sentent que le garçon a quelque chose en plus, quelque chose de la trempe des plus grands, l’enthousiasme et l’excitation sont palpables. Talent inné : auteur, compositeur, interprète, arrangeur, instrumentiste et réalisateur, Terence est naturellement doué. Et puis il intrigue. Beauté androgyne dans un corps d’athlète (il a été boxeur), il ne laisse personne indifférent. Il sait aussi comment se faire remarquer et, pour se distinguer de la masse, il opte pour une communication pleine d’arrogance et de déclarations choc (« Je ne suis pas une mégastar mais je le serai très bientôt », « Vous n’entendrez jamais une mauvaise chanson de moi ») jumelée à un sens de l’autodérision que la presse aura tendance à passer sous silence. Les nuances du personnage ont plus de mal à passer par écrit et Terence, dont la réputation européenne est faite, changera de fusil d’épaule au moment de partir à l’assaut des États-Unis. Au Los Angeles Times qui le qualifie de « nouveau venu le plus enthousiasmant depuis Prince et Madonna », le chanteur reconnaît que s’il a tenu des propos outranciers en Angleterre, c’est qu’il faut frapper fort pour que les gens vous remarquent et qu’il sait comment jouer le jeu. « Mais désormais je suis inquiet que les gens en Amérique pensent que je suis une sorte de produit sur-médiatisé à cause de tout ce qui a été écrit en Angleterre, alors que je suis très concentré sur ma musique et ma carrière. Je ne veux pas être la curiosité du moment ».

Débarqué à Londres en 1986 après s’être engagé dans l’armée en Allemagne, Terence Trent D’Arby attire l’attention du producteur Howard Gray (UB40, The Cure…) et signe rapidement chez CBS. Mélange de rock et de soul, son premier single If You Let Me Stay s’installe tout aussi rapidement en haut des charts (en France ce sera le deuxième single) mais c’est réellement le suivant, Wishing Well, qui assoit sa notoriété galopante (n°1 aux États-Unis, n°4 au Royaume-Uni, n°14 en France). Dans la foulée, l’album Introducing the Hardline According to Terence Trent D’Arby, dont il signe toutes les chansons à l’exception d’une reprise des Miracles, entre directement n°1 au Royaume-Uni. Armé d’un opus acclamé par la critique et bardé de tubes, Terence dégaine alors la ballade imparable Sign Your Name (quatrième single à l’international et troisième en France). Celui qui « s’est réveillé un jour en sachant chanté », déclare à Smash Hits : « J’avais déjà une capacité à écrire et j’ai fait une école de journalisme, mais quand j’ai découvert mon nouveau talent tout est devenu évident ». Ce passionné de Motown, des Stones ou encore de Prince et de Michael Jackson (à qui on le compare inlassablement) a une technique d’écriture bien particulière puisqu’il s’exerce à écrire des chansons dans son sommeil. C’est notamment comme ça que va naître Sign Your Name, comme il le raconte à Songwriting : « J’ai vu le Live Aid à la télé quand je vivais à Francfort et j’ai été totalement captivé par la performance de Sade, et plus particulièrement par Is It a Crime. Étant, comme la plupart des doux imbéciles, amoureux d’elle, j’ai rêvé la nuit suivante qu’elle me demandait de lui écrire une chanson. Quelques jours après, je me suis réveillé avec la chanson et je l’ai transposée sur mon petit clavier Casio et ma boîte à rythmes. Cette chanson c’était Sign Your Name et si vous l’écoutez, on entend vraiment que ça a été inspiré par sa musique. »

Slow langoureux et envoûtant échappé d’un rêve, Sign Your Name est accompagné d’un clip réalisé par Vaughan Arnell dans lequel le chanteur joue de son charisme, de sa sensualité et de son mystère, hanté par l’image de celle qui vient de le quitter (la mannequin Kelly Brennan qu’on voyait déjà dans les précédents clips). En 45 tours, Sign Your Name est accompagné d’une face B inédite, Greasy Chicken, complété de deux reprises live des Rolling Stones (Under My Thumb et Jumping Jack Flash) en maxi. En plus d’une version longue, Sign Your Name fait également l’objet d’un très bon remix signé Lee « Scratch » Perry qui s’attaque également à If You All Get To Heaven et Rain sur un second maxi. Classé n°2 au Royaume-Uni en janvier 1988, c’est un tube d’été aux États-Unis (n°4 en août) et en France (n°14 fin juillet et plus de 100 000 ventes) où l’album est certifié platine.

Après ces débuts tonitruants, Terence va se brûler les ailes avec un deuxième album évidemment très attendu mais jugé trop ambitieux, prétentieux et pas assez commercial. Il reviendra pourtant en grâce en 1993 avec un troisième disque dont émerge notamment le fabuleux Delicate en duo avec Des’ree. En 2001, le chanteur annonce la mort de Terence Trent D’Arby et change son nom en Sananda Maitreya sous lequel il a depuis publié huit albums.

Un commentaire

  1. Un génie pour moi..il aurait pû être l’équivalent de Prince si seulement il avait sû « gérer »… Son deuxième album est très dark et je pense que c’est mon préféré.
    J’espère des rééditions de qualité prochainement même si je suis satisfait de ses albums sous le nom de Sananda Maitreya.

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