En 1985, le premier album de Cock Robin est défendu à quatre, même s’il s’articule surtout autour du duo Peter Kingsbery / Ana LaCazio, à l’origine du projet. Le groupe américain qui se voit snober dans son propre pays reçoit, à sa grande surprise, un accueil chaleureux en Europe continentale.

When Your Heart is Weak et The Promise You Made sont des tubes sur le Vieux Continent et tout particulièrement en France où Cock Robin classe trois extraits de son premier LP au Top 50. La pop-new wave composée par Peter Kingsbery, qui cite des influences folk et country (il est originaire du Texas), séduit aussi nos artistes puisqu’à la suite d’un Olympia bondé, c’est Jean-Jacques Goldman qui invite le groupe à se produire en première partie de sa tournée d’été 86.

Cock Robin sillonne l’Europe et dans la foulée Peter, l’âme du groupe, écrit et compose les morceaux d’un deuxième album qui, suite à la défection des musiciens Clive Wright et Louis Molino, ne se fera qu’à deux, Kingsbery et LaCazio formant une entité suffisamment créative et charismatique pour exister par elle-même. L’occasion de peaufiner un album plus intimiste mais également plus rock que réalisera Don Gehman. Le producteur de Stephen Stills et de REM souhaitait déjà prendre en mains le premier disque de Cock Robin mais s’était fait évincer au profit de Steve Hillage. Le groupe souhaite évoluer et voit en Gehman l’opportunité de le faire. Ensemble, ils choisissent les chansons qui figureront dans l’album et auditionnent de nouveaux musiciens en Californie.

Après le succès du premier 33 tours, CBS fait pression sur le groupe et tente d’influencer le son de ce nouvel opus, notamment dans l’espoir de pénétrer le marché américain qui fait de la résistance. Mais Peter et Ana tiennent bon et enregistrent After Here Through Midland en sept mois avec Don Gehman. Des séances qui seront d’ailleurs perturbées par le producteur qui impose un break dans l’enregistrement pour s’occuper de l’album de John Cougar. Le disque s’achève toutefois sans plus d’encombres et, au printemps 1987, les deux chanteurs sont prêts à présenter au public le fruit de leurs efforts avec un premier single : Just Around the Corner.

Ballade d’un amour torturé, le morceau pop-rock est un superbe écrin pour les voix d’Ana et de Peter qui se marient et se complètent à merveille. Just Around the Corner est mis en valeur par un clip très esthétique qui s’inspire librement du Blue Velvet de David Lynch tout en préfigurant étrangement Sailor et Lula (notamment la scène de la chambre du motel), du même réalisateur, qui sortira pourtant trois ans plus tard.

Sur le 45t on trouve une face B inédite enregistrée en 1983, Open Book, et sur le maxi 45t un remix signé John Potoker (U2, Phil Collins, Peter Gabriel…). Nouveau succès pour le groupe, le single se classe 18e de notre Top 50 et y reste 18 semaines. Il fera mieux en Suisse (6e), Belgique (11e), Suède (12) et Allemagne (16e). Mais toujours rien au Royaume-Uni ni aux Etats-Unis où l’album se contente d’une apparition en 166e position.

A la rentrée, Cock Robin se lance dans une nouvelle tournée européenne avec pas moins de 20 dates en France dont un Zénith parisien complet suivi de quatre dates à l’Elysée Montmartre pour contenter les fans. L’album est quant à lui platine en France avec plus de 300 000 ventes et le deuxième single, The Biggest Fool Of All, se hisse en 47e place du Top en décembre.

L’histoire d’amour de Cock Robin avec la France ne se démentira pas avec un troisième album en 1989 certifié double or et un best of double platine en 1992. L’année suivante, Peter Kingsbery triomphe avec Only the Very Best, adaptation du S.O.S. d’un terrien en détresse enregistré pour la version anglaise de Starmania (avec notamment Cyndi Lauper, Kim Carnes, Nina Hagen, Bros et Céline Dion).

De retour en 2006, Cock Robin sillonne à nouveau les routes de France et continue à sortir des albums.