Guesch Patti – Let Be Must the Queen

Guesch Patti Let be Must the Queen Pop Music Deluxe

Patricia Porasse se passionne toute petite pour la danse et fait ses classes à l’Opéra de Paris en tant que petit rat. Plus tard, elle va travailler avec les plus grands chorégraphes : Roland Petit, Carolyn Carlson, Joseph Russillo… et mêlera souvent la danse à ses futures pratiques artistiques. Elle fait ses débuts dans la chanson, poussée par son père Jean Porasse, directeur artistique chez Pathé Marconi, au sein du duo Yves et Patricia qu’elle forme avec Yves Gilbert. En 1964 et 1965, ils enregistrent quelques 45 tours sans grande conviction. Dans les années 70, elle met ses talents de danseuse au profit de chanteurs de variétés et on la voit dans la troupe de Sylvie Vartan, sur scène et en télé, ou avec Nana Mouskouri. En 1984, elle forme le groupe Da Capo avec ses amies Lydie Callier et Florence Davis mais Somnifères, l’unique 45 tours publié, est jugé trop élitiste. « On nous avait dit qu’on était trop marginales et trop intellos. Je me souviens que j’avais été très vexée (rires). C’est à la suite qu’on a décidé avec Lydie de faire un numéro de cabaret très sexy… pour qu’ils s’en souviennent… Ce numéro, c’était Etienne, une réponse des filles, marginales, des intellos… », se rappelle la chanteuse à Platine en 2001. La chanson Etienne naît en 1987, Patricia en signe le texte et Vincent Bruley la musique.

La suite on la connaît, Patricia rebaptisée Guesch (le surnom qu’on lui donnait quand elle était enfant) Patti (pour Patricia), signe le succès de l’année avec un morceau sulfureux, voire franchement sexuel, illustré d’un clip à l’esthétique travaillée qui fait grand bruit. Sa carrière de chanteuse démarre en trombe : Etienne est n°1 en France mais également un gros succès en Europe où l’artiste et son clip sont récompensés à de multiples reprises. Guesch Patti développe un personnage de femme maîtresse, fougueuse et rageuse, qui ne passe pas inaperçu. Tout s’enchaîne lorsqu’elle reçoit la Victoire de la musique de la révélation féminine le 19 décembre 1987 et se voit pressée par sa maison de disques d’enregistrer un album. Guesch rassemble des musiciens qui forment autour d’elle le groupe Encore et prépare dans l’urgence son premier album, Labyrinthe.

C’est d’abord un très attendu deuxième 45 tours qui se retrouve dans les bacs des disquaires en mars 1988. Toujours écrit par Guesch et composé par Vincent Bruley, le décapant Let Be Must the Queen (à l’anglais volontairement alambiqué), ne laisse pas indifférent. « Il s’agit d’un petit clin d’œil pour montrer que j’en ai rien à faire de bien parler anglais. L’expression appartient au vieil anglais. Cela signifie « Que la reine soit et qu’on la laisse tranquille » ! », explique-t-elle à Podium. Moins langoureux qu’Etienne, la composition y est plus directe et plus agressive alors que le texte se veut beaucoup plus hermétique, à l’opposé de celui d’Etienne qui laissait peu de place à l’ambiguïté. Let Be Must the Queen se prête à diverses interprétations : déclaration d’émancipation, critique de la société, ode au travestissement ou à la prostitution ? Le texte ne manque pas de surréalisme tout comme le très beau clip réalisé par la complice Lydie Callier. Encore une fois Guesch Patti, toujours avec le goût de la mise en scène, ne manque pas d’y faire scandale et certaines chaînes de télévision refusent de le diffuser sous prétexte que la chanteuse y arbore une couronne d’épines… « Je l’ai fait faire, elle m’appartient celle-là. J’ai pas piqué la couronne à quelqu’un », répond-elle avec humour à Thierry Ardisson qui l’interroge à ce sujet. De son côté, MTV ne se prive pas de passer en boucle les vidéos de la chanteuse française, et on raconte même qu’à l’époque Madonna demandait systématiquement à les visionner pour leur imagerie sophistiquée.

La maison de disques allemande de la chanteuse (EMI) mise beaucoup sur la promotion du nouveau single et de l’album qui suit peu de temps après. Distribué partout en Europe, Let Be Must the Queen est accompagné sur le 45 tours du morceau Tout seul (sauf au Royaume-Uni qui mise sur Etienne en face B), tandis qu’on trouve sur les différents maxi 45 tours et CD single une version longue de Let Be Must the Queen ainsi que sa version vidéo (plus longue d’une vingtaine de secondes à la fin du morceau). Plus tard, on en trouvera un remix inédit sur le maxi 45 tours de Cul cul clan qui ne sort qu’en Allemagne. Conçue par l’artiste Sophie Costamagna, la pochette du disque présente une chaise (qui n’est pas sans rappeler celle du clip d’Etienne) sur laquelle est posée une photo de la chanteuse, ainsi que la couronne d’épine du dernier clip.

Eclipsé par le succès phénoménal d’Etienne, Let Be Must the Queen fera moins bien en termes de ventes mais s’en tirera tout de même avec une honorable 13e place en Italie, une 21e dans les classements allemand et autrichien ainsi qu’une 25e en France. L’album est également un succès dans ces mêmes pays, et Guesch est élue artiste européenne de l’année en Allemagne et reçoit des mains de Nik Kershaw une récompense aux German Rock Awards pour le clip d’Etienne (coiffant au poteau Michael Jackson et Prince). Elle est à nouveau nommée aux Victoires de la musique, en tant qu’interprète confirmée cette fois-ci, mais s’incline face à Mylène Farmer. Avec suffisamment de morceaux pour monter sur scène, Guesch Patti arpente les scènes d’Europe avec son groupe. Sa renommée internationale lui permettra durant plusieurs années de promouvoir ses albums aux quatre coins du monde.

Artiste pluridisciplinaire, Guesch Patti, tout en poursuivant sa carrière de chanteuse, n’abandonnera jamais la danse. On la verra également au cinéma, au théâtre ou même à la télé.

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