Corey Hart – Sunglasses at Night

« J’avais 14 ans quand j’ai écrit ma première chanson, mais déjà à 11 ans je savais que la musique était le but de ma vie », se rappelle le Canadien Corey Hart. Né à Montréal, le jeune homme fait preuve d’une détermination à toute épreuve lorsqu’il s’agit de démarcher les maisons de disques. Auteur, compositeur et interprète, il profite de toutes les occasions pour faire entendre ses productions. « C’était très frustrant mais j’ai toujours été très conscient de mes capacités ». Quelques expériences scéniques plus tard et une audition ratée pour Tom Jones, il profite d’un concert de Billy Joel à Montréal pour laisser une cassette démo à ses musiciens qui le rappellent dans la foulée et lui proposent de les suivre à Long Island pour travailler avec eux et enregistrer quelques maquettes. Une période formatrice qui lui permet de progresser rapidement et de finalement décrocher son premier contrat chez Aquarius Records, un label indépendant montréalais. À 19 ans, le jeune homme qui vient de passer l’été à composer une cinquantaine de chansons, ne manque pas de matière pour enregistrer son tout premier album.

Le label y croit suffisamment pour envoyer Corey au printemps 1983 enregistrer à Londres et Manchester avec les réalisateurs Jon Astley et Phil Chapman qui travaillent avec Eric Clapton (qui viendra jouer sur l’album) et The Who. En mai, Corey rentre à Montréal avec entre ses mains la cassette de son premier disque qui contient onze titres. Mais, jamais à court d’idées nouvelles, le jeune musicien a une mélodie qui lui trotte en tête avec ces quelques paroles « My cigarette got wet » (bien qu’il n’ait jamais fumé). Il pousse l’idée plus loin et commence à développer la chanson jusqu’à en enregistrer une maquette mais en reste insatisfait, ce n’est pas encore ça. Une nuit, une autre phrase lui revient en mémoire et vient se poser tout naturellement sur la mélodie qu’il a composée : « I wear my sunglasses at night ». Une phrase qu’il a entendue répétée et répétée lorsqu’il était en studio en Angleterre. En effet, Phil, l’un des deux réalisateurs, avait pour habitude de porter ses lunettes de soleil de jour comme de nuit, alors qu’il pleuvait constamment, ce que ne manquent pas de lui faire remarquer les musiciens du studio. C’est de cette observation que va naître le texte de sa chanson, même s’il en donnera une autre explication plus tard, peut-être lassé de l’anecdote, en racontant qu’il s’était acheté une paire de Ray Ban dont il n’avait pas eu besoin à cause de la pluie et qu’il portait occasionnellement le soir. Le reste du texte lui sera inspiré par l’idée qu’il a de son premier clip vidéo, un scénario à la 1984 de George Orwell dans lequel les citoyens sont sommés de porter des lunettes de soleil le soir.

Corey est persuadé qu’il tient là quelque chose de très fort et ne veut pas passer à côté de l’occasion d’inclure Sunglasses at Night à son album. Il sait que sa maison de disques a déjà dépensé tout le budget alloué à la production du disque mais il insiste tout de même, arguant que sa composition a du potentiel. On décide de lui faire confiance et le jeune homme repart en Angleterre pour mettre en boîte sa chanson, qui sera bien incluse à l’album au détriment d’un autre titre (probablement Lamp At Midnite qui sortira en quatrième single et sera plus tard réintégré à l’album).

Mélange de new wave et de rock, Sunglasses at Night fait preuve d’une efficacité immédiate en s’ancrant dans l’air du temps avec ses synthés à la Sweet Dreams, et Corey y fait preuve d’une interprétation forte et convaincante. C’est l’évidence même, Sunglasses at Night doit être le single qui va lancer First Offence, le premier album de Corey qui sort fin 1983 en même temps que l’envoi en radio du single. Mais la chanson va mettre du temps avant de s’imposer et c’est d’abord aux États-Unis qu’elle va faire son chemin, en partie grâce au matraquage du clip réalisé par Rob Quartly sur MTV qui offre aux téléspectateurs l’image d’un chanteur plutôt agréable à regarder. Pointant en 7e position du Billboard en septembre 1984, Sunglasses devra se contenter d’une 24e place au Canada.

Si la pochette originale du 45 tours canadien offre un portrait du chanteur en noir et blanc et Don’t Keep Your Heart en face B, la distribution aux États-Unis et en Europe par EMI opte pour une photo couleur du chanteur avec lunettes et At the Dance en face B, tandis qu’une version longue est éditée en maxi.

Au Canada, si c’est l’album suivant qui marchera le mieux, Corey est nommé dans quatre catégories aux Juno awards et remporte le prix du clip de l’année. Le chanteur qui n’a pour l’occasion pas de tenue de soirée à porter, se verra contraint d’emprunter un costume un peu trop grand à Rick Springfield avec qui il est à ce moment-là en tournée. En Europe, si le single se contentera d’une 21e place en Allemagne, ni le Royaume-Uni ni la France, où le 45 tours est diffusé, n’en feront un succès (moins de 25 000 ventes chez nous malgré des passages sur NRJ*).

Petite curiosité, la même année en Allemagne sort en maxi 45 tours un mashup de West End Girls, le premier single de Pet Shop Boys, et d’une reprise de Sunglasses at Night, le tout renommé West End – Sunglasses. Un mélange qu’on ne vous recommande pas forcément.

Bien que relativement inconnu en Europe, Corey Hart, après de nombreux succès au Canada mais également aux États-Unis, est toujours actif. Il est marié à la chanteuse Julie Masse et parle couramment français.

*merci à Fabrice – Top France

5 commentaires

  1. Excellent souvenir d’une fin d’été 1984 avec ce titre qui passait pas mal sur NRJ en effet.
    Je soupçonne son directeur d’antenne de l’époque d’avoir craqué sur le chanteur…
    Je me souviens avoir acheté le 45 trs mais j’ai dû être un des rares !
    Dommage car ce titre avait un gros potentiel commercial mais le public français n’a pas du tout suivi.
    A noter que ces lunettes noires de l’été 1984 étaient forcément des Vuarnet !

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  2. Un titre que je n’ai pas du tout entendu à l’époque. J’étais sûrement trop jeune… Je l’ai découvert récemment grâce à « topmoumoutte », et je suis d’accord sur le potentiel de la chanson, dont j’adore les synthés et la rythmique, ainsi que la voix, mais qui n’a pas marché… C’est incompréhensible, car la promotion en radio semble avoir été faite. Sinon, il faudra que je réécoute, mais il me semble que les autres titres de cet artiste ne sont pas aussi intéressants.

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  3. Je ne me souviens absolument pas de ce titre ni de ce chanteur…A l’époque, seuls les habitants de la région parisienne pouvaient écouter NRJ, en province, nous n’avions pas NRJ mais des radios locales. Personnellement, j’ai toujours préféré les radios locales du début de la bande FM que les grosses écuries qui choisissaient de diffuser ce qu’ils avaient envie de nous faire écouter, combien de groupes/artistes français sont restés dans l’ombre car jamais diffusé sur les radios FM nationales. Au passage, un bonjour à Fabrice FERMENT que je regardais quand il animait avec Flavie FLAMENT sur TF1 et merci à lui d’avoir accordé une interview à POP MUSIC DELUXE et pour son site internet TOP FRANCE.

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  4. Merci Didier pour votre salut !
    Puis-je me permettre de vous contredire : en octobre 1982 j’habitais Bazas en Gironde (4500 hab) et l’on captait NRJ sans problème, que j’écoutais assidûment d’ailleurs. Je me rendais souvent à Bordeaux et NRJ était la « radio n°1 pour les jeunes ». D’ailleurs tout le centre Mériadeck, très à la mode à cette époque diffuse la radio toute la journée.
    En mai 1983, je suis à Nice, Menton et j’écoute NRJ !
    Eté 84, je vais en Vendéeen vacances, là aussi NRJ est bien présente.
    J’ai retrouvé une pub NRJ de l’été 1984 dans OK Magazine (!!) qui donne toutes les fréquences province de la radio qui vient de passer devant RTL au niveau national.

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    • Bonjour Fabrice NRJ est arrivé dans ma région en…mai 1985.Voici l’historique (ici à Dieppe, c’est DIEPPE FM que nous écoutions le plus avant sa disparition).Il y avait 3 radios principales, DIEPPE FM, RADIO RIVAGE puis est arrivé RADIO CONTACT 76 qui deviendra plus tard NRJ. Radio Contact 76 obtient une autorisation d’émettre à Dieppe sur 89 MHz en avril 1984.
      Elle est créée par Christian COMPIEGNE.
      La structure existe depuis 1981, mais elle manque de moyens financiers et n’émet toujours pas.
      Le 1er mai 1985, son directeur Christian COMPIEGNE réussit à convaincre le directeur régional de NRJ, Marc CHARRET de lui octroyer le label NRJ.
      Elle devient NRJ Dieppe et elle émet alors sur 88.9 MHz, son studio est situé aux Grandes Ventes près de Dieppe.
      Mais NRJ Dieppe a du mal à percer. L’échec et l’extinction de Radio Rivage lui permettent d’obtenir la seconde place sur la ville, derrière Dieppe FM, la station de Jean-Claude CARDONNA, créée depuis 1982 et très bien installée sur la ville avec un format « music and news » et un puissant émetteur.
      RVS, la radio de Rouen, est également assez écoutée avec Dieppe FM.
      Puis en 1986, Radio Contact 76 – NRJ Dieppe passe sur 97.2 MHz jusqu’en 1990.
      Patrice BONNEAU est le directeur
      Jurgen HASENOHR est le responsable d’antenne
      Elle cesse ensuite ses émissions.

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