Véronique Rivière – À part Ted

Fille du réalisateur de télévision Alexandre Tarta et d’une journaliste, Véronique Rivière est baignée toute petite dans l’univers du petit écran. Elle y fait d’ailleurs ses débuts un peu par hasard : un ami de sa mère cherche une jeune actrice pour le téléfilm Les Filles d’Adam avec Daniel Gélin, Tonie Marshall et Lambert Wilson en 1980. Elle enchaîne ensuite avec deux films et deux téléfilms, fait du doublage, avant de se faire happer par la chanson. C’est dans Les matous sont romantiques qu’elle fait la connaissance du comédien Romain Bouteille qui écrit des chansons et va lui mettre le pied à l’étrier. Elle chante avec lui au Café de la Gare puis se fait engager par la troupe du théâtre avec qui elle joue pendant quelque temps.

Véronique, qui a toujours aimé l’écriture, met sa plume au service de textes de chansons qui se font remarqués chez Virgin qui la signe pour un premier 45t. On lui présente Dominique Blanc-Francard, réalisateur et ingénieur du son réputé (Nougaro, Clerc, Chamfort, Daho, Birkin…), qui deviendra très vite son mentor et va la guider et la conseiller sur ses textes et compositions. Il réalise son premier 45t en 1985, Si seulement tu voulais monter, qu’elle écrit sur une musique d’Olivier Kowalski. Les débuts sont prometteurs mais Véronique quitte le label suite à un changement de direction. En 1986, Absence, chez Platine Records, composé, arrangé et réalisé par Blanc-Francard, lui permet de se faire remarquer et de signer chez Phonogram pour son premier album, Et vice verseau, qui paraît l’année suivante. Avec toujours Dominique Blanc-Francard aux manettes, et co-réalisé par la chanteuse, on y trouve un casting de choix : Joe Hammer et Manu Katché à la batterie, Patrick Bourgoin au saxo, Kamil Rustam et Michel Haumont aux guitares…

Le disque est intégralement composé par Dominique Blanc-Francard et écrit par Véronique Rivière, à l’exception du premier single extrait, À part Ted, qui lui est signé Yves Martin. Tout d’abord compositeur et chanteur de générique de séries télé et de dessins animés sous le pseudonyme de Lionel Leroy, Yves Martin est aussi le producteur et le compagnon de Sheila (il lui écrit notamment les succès Tangue au, Je suis comme toi…). L’album qu’il sort sous son nom en 1984 est réalisé par Blanc-Francard et séduit beaucoup Véronique Rivière. La rencontre se fait naturellement par l’intermédiaire de l’ingénieur du son et Yves Martin propose une composition très enjouée à la jeune chanteuse. Elle y colle un texte qu’elle avait en stock et qui joue avec les mots et le second degré sur la bêtise et les clichés xénophobes. « Black out sur un doute, Personne ne broie du noir, À part Ted… », le texte, que la voix grave de la chanteuse fait swinguer à merveille, fait grincer quelques dents et les radios sont frileuses même si la tonalité joyeuse des arrangements à base de saxo et de marimba confère à la chanson un aspect léger, qui dédramatise le propos.

Mais le label mise gros sur Véronique Rivière : une pochette signée Klaus Roethlisberger (offrant un joli portrait noir et blanc de la jeune interprète), un clip et des remixes. Le clip est symboliquement réalisé par son papa dans un univers qu’il connaît bien puisque c’est un studio de télévision qui sert de décor à la chanteuse qui apparaît entourée de ses musiciens pour chanter les couplets du morceau. Ces séquences sont tournées en noir et blanc, symbole d’un monde ancien et désuet, en opposition aux refrains où apparaissent sur des écrans de télé, comme à distance, des images animées de l’Afrique, en couleur cette fois.

Un 45t (avec Nulle en calcul en face B), un maxi 45t et un CD maxi sont commercialisés. Si, en plus de Nulle en calcul, Absence (le précédent single), la version single d’À part Ted (en fait la version album), le CD maxi propose une version maxi remixée d’À part Ted, le maxi 45t, quant à lui, présente une version longue unique à ce support et qui débute par un instrumental au saxophone qui s’enchaîne ensuite sur la version single.

Malgré tout, le succès échappe encore à Véronique Rivière et Georges, autre extrait de l’album, même si mieux diffusé, gênera lui aussi par sa thématique qui joue sur le côté androgyne de la chanteuse (« T’aimais mon côté masculin, l’autre côté tu l’aimais moins… »).

Il faudra attendre l’album suivant en 1989, qui paraît chez Polydor, pour qu’elle se fasse un nom auprès du grand public qui la repère avec les très réussis Tout court et Capitaine. Sans jamais entrer au Top 50, elle acquiert une certaine notoriété et des artistes comme Laurent Voulzy, Véronique Sanson, Stephan Eicher, Eddy Mitchell (pour qui elle ouvre une série de concerts au Casino de Paris et au Zénith en 1990) reconnaissent son talent. En 1996, son album En vert et contre tout reçoit le prix de l’Académie Charles-Cros. Son dernier album, Aquatinte, remonte à 2011 et depuis on espère le retour musical d’une chanteuse sensible et gracieuse.

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