Étienne Daho – Bleu comme toi

Après le succès commercial des albums La Notte, la notte et Pop Satori, Étienne Daho, pris dans le tourbillon de la célébrité, se sent soudain comme perdu et traverse une période de remise en question existentielle et artistique. Assailli de doutes, le jeune homme se demande s’il est bien légitime dans son métier d’artiste et part se réfugier quelque temps à Londres afin de se ressourcer. Il ne reste cependant pas très longtemps sans penser à de nouvelles chansons et le concept de son nouvel album prend forme avec l’envie d’un son plus rock.

Daho souhaite renouveler ses collaborateurs pour créer quelque chose de neuf et, alors qu’il décide de se passer des services de Frank Darcel et Arnold Turboust, sa maison de disques Virgin lui propose de rencontrer Ben Rogan qui a travaillé pour Sade et Everything But The Girl. La rencontre entre les deux artistes est concluante et ils décident ensemble de co-produire le nouvel album de Daho qui cherchait justement quelqu’un qui aurait l’occasion de porter un regard neutre sur son travail. L’une des premières chansons enregistrées est Bleu comme toi, un titre composé dès 1984 mais laissé de côté jusqu’à présent. Avec son texte sombre et sa musique sautillante, le contraste du morceau est saisissant et rappelle à Daho le profond malaise ressenti quelques semaines avant d’entrer en studio.

Enregistré à Londres avec des musiciens américains, anglais et français, l’album aurait pu s’appeler Daho in Blue mais c’est au final Pour nos vies martiennes qui lui est préféré. L’ambiance en studio est décontractée et les premières séances de travail sur Bleu comme toi confortent le chanteur dans le choix de sa nouvelle direction. Le morceau s’impose assez naturellement comme le premier extrait de l’album en mai 1988. Zbigniew Rybczyński, réalisateur polonais détenteur d’un Oscar et qui a déjà mis en boîte les clips de John Lennon, Mick Jagger, Simple Minds ou Supertramp, est choisi pour réaliser la vidéo qui accompagne le single. Expert en effets spéciaux, Rybczyński concocte un clip estival tourné à New York et entièrement basé sur des trucages (qui faisaient sans doute illusion à l’époque). Coiffé d’un chapeau de cowboy, Étienne Daho y fait la cour à une jeune femme dans un décor balnéaire. Même s’il est satisfait du résultat, il s’avouera déçu du dénouement un peu trop conventionnel à son goût.

Sur la pochette du 45t on garde l’idée du chapeau de cowboy et Daho se fait photographier par Russell Young, qui a déjà shooté, entre autres, George Michael pour Faith ou Kim Wilde pour Close.

Bleu comme toi est écourté pour sa version 45t et rallongé pour le maxi 45t. La « Light Blue Long Version » de 6 mn 10, mixée par Jean-Philippe Bonichon, Ben Rogan et Etienne Daho, ne révolutionne pas le morceau mais permet simplement de danser plus longtemps dessus et se retrouve d’ailleurs propulsé en première position du Dance Express, l’un des principaux hits des clubs français. En face B du 45t est placé Quatre hivers, court morceau introductif de l’album et qui, selon Daho, rappelle la Bretagne. Sur le CD maxi et le maxi 45t, en plus de la version longue, on trouve Signé Kiko et 4000 années d’horreurs, deux titres enregistrés live à l’Olympia lors du Satori Tour, dernière tournée du chanteur non parue sur disque. Le programme est donc alléchant et permet à Bleu comme toi d’entrer au Top 50 en juillet et de s’y classer en 30e position en octobre 1988. Ce sera le seul extrait de l’album à entrer au classement, entérinant le fait que l’artiste est surtout un vendeur d’albums. Pour nos vies martiennes ne tardera d’ailleurs pas à recevoir un disque de platine. Mais malgré le succès populaire de son disque, les Victoires de la musique ne lui accorderont aucune attention cette année-là.

Virgin, qui souhaite lancer son poulain en Europe, publiera en quatrième extrait de l’album un titre en anglais, Stay with Me, écrit par les Comateens, sur la face B duquel on retrouvera Bleu comme toi. Étienne Daho se lance dans une nouvelle tournée en janvier 1989 qui passera par le Zénith de Paris et le Marquee de Londres.

En 1992, le chanteur britannique Morrisey publie sur son album Your Arsenal le morceau The National Front Disco qui ressemble à s’y méprendre à Bleu comme toi. Un hommage selon Daho, car Alain Whyte, guitariste et compositeur de Morrisey, travaillait dans le même studio pendant l’enregistrement de Pour nos vies martiennes

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