
En 1989, Thierry Alonso sort le 45 tours Pretoria, une adaptation française de la chanson Apartheid signée Roy Young. Initialement, c’est Julie Pietri qui devait l’interpréter en 1985 ! Mais à cette époque, malgré l’intérêt qu’elle portait au projet, la chanteuse quitte sa maison de disques Carrère et s’oriente vers d’autres chemins, avec le succès que l’on sait. C’est donc à un tout jeune chanteur que revient Pretoria. Thierry Alonso a accepté avec gentillesse de nous ouvrir ses archives et de nous en dire plus sur son expérience dans la musique.
Vous m’avez indiqué qu’à la base, vous n’étiez pas chanteur. Comment êtes-vous arrivé sur le projet du disque Pretoria ?
À l’époque, j’habitais Cannes et j’allais souvent sur une plage privée dont le propriétaire avait aussi une discothèque. Il passait une chanson que j’adorais, c’était I’m Nin’alu d’Ofra Haza, et il le savait. Un jour en arrivant à la plage, il vient me voir et me dit : « Il y a les producteurs et éditeurs d’Ofra Haza qui sont là , je leur ai dit que j’avais un client qui adorait la chanson et me la demandait tout le temps ! Viens, je te présente. » Il m’emmène les voir et me présente. L’un d’entre eux me dit : « Tu sais chanter ? » Et moi n’ayant jamais chanté, je ne sais pas pourquoi j’ai dit : « Oui, pourquoi ? » « Parce qu’on a sorti un disque en Israël qui marche bien : il s’appelle Apartheid. Julie Pietri devait le sortir en France mais finalement ça ne se fait pas, donc on cherche un garçon style méditerranéen pour la chanter. »
C’était votre première expérience dans la musique ?
Oui, c’était ma toute première expérience dans la musique.
On vous a donc tout de suite présenté les deux premières versions. Vous en êtes-vous inspiré ?
Oui, ils m’ont de suite fait écouter la version anglaise ainsi que la maquette avec Julie Pietri. Je ne me suis absolument pas inspiré de Julie car nous n’avons pas du tout la même tonalité et je suis loin d’avoir sa voix !

Qui a eu l’idée de relancer la chanson, quatre ans plus tard ?
Ce sont les éditeurs de la chanson qui ont eu l’idée de la relancer.
Le morceau a été enregistré à Londres ! Y êtes-vous allé ?
Non. Quelques jours après cette rencontre, un billet d’avion pour Paris m’attendait à l’aéroport. On m’a fait répéter tous les jours pendant des semaines chez le chanteur de La Bande à Basile qui avait un mini-studio dans son appart. Ensuite, je suis allé aux Studios Marcadet à Paris enregistrer, la bande musicale avait déjà été enregistrée à Red Bus à Londres. Ensuite j’ai signé dans la maison de disques, puis on a tourné le clip vidéo.
Quels souvenirs avez-vous de cette expérience de tournage ?
Le tournage du clip, c’était incroyable car il y en avait très peu à l’époque et ça coûtait horriblement cher. Si je me souviens bien, il avait coûté 200 000 francs et il y avait eu des discutions entre le producteur et la maison de disque pour le financement.


Comment s’est passée la promotion du disque ? Quel en a été l’accueil ?
La promotion s’est super bien passée. Comme j’habitais Cannes à l’époque, mon clip était diffusé en permanence sur le grand écran de la Croisette pendant le Midem. Là-dessus, j’ai rencontré la belle-sœur du patron de radio Nostalgie qui, adorant ma chanson, m’a présenté le directeur des programmes de l’époque, Yves Maillet. Yves Maillet, ainsi que Pierre Alberti, le patron de Radio Nostalgie et Paul Saviote, l’animateur vedette de l’époque, ont adoré ma chanson, je suis donc devenu artiste Nostalgie, diffusé en playlist maximale pendant presque un an. C’était énorme ! En tant qu’artiste Nostalgie, j’étais présent sur leur stand pendant toute la durée de la foire de Paris 1989, à recevoir toutes les stars en compagnie de Paul Saviote. C’est là que j’ai rencontré Line Renaud et Loulou Gasté, et que Line a annoncé en direct que je serais son troisième filleul après Jean-Luc Lahaye et Johnny Hallyday. Ensuite, je suis parti un mois en tournée dans toute la France avec le podium Radio Nostalgie, et j’ai commencé à faire des télés. C’était énorme.

Pourquoi un autre 45 tours n’a-t-il pas suivi ? Les producteurs vous ont-ils proposé d’autres chansons ?
Oui, bien sûr, ils ont souhaité que je fasse un autre disque, sauf que les chansons qu’on me proposait ne me plaisaient pas. Ils voulaient que je continue à chanter des chansons engagées, avec des mélodies que je trouvais « chiantes » ! J’avais envie de chanter des chansons plus de mon âge, qui bougeaient un peu plus.
Avez-vous entrepris d’autres projets musicaux par la suite ?
Alors après, je suis retourné vivre sur Cannes et j’ai travaillé pendant des mois en studio avec un ancien groupe de rock norvégien, les Titanic, que l’on m’avait présentés. Mais c’était pas du tout ma couleur musicale, trop rock pour moi. En parallèle, Gérard Gustin m’a écrit une chanson mais ça ne l’a pas fait non plus. Je n’arrivais pas à avoir ce que je voulais, et il fallait aussi que je retravaille pour gagner ma vie. J’ai donc décidé de laisser tomber la musique, surtout que je n’étais pas chanteur à la base.
Êtes-vous malgré tout resté en contact avec Line Renaud, votre marraine de la chanson ?
Oui, on est resté très longtemps en contact ! Elle m’a même souvent proposé de me prêter son studio d’enregistrement à Paris pour travailler de nouvelles chansons. C’est une femme vraiment adorable. Aujourd’hui, on est en contact sur Facebook, mais la dernière fois que je l’ai vue, c’était sur Arcachon il y a une dizaine d’années.

Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette expérience ?
J’ai vécu à 100 à heure pendant plus d’un an à 25 ans à peine, entouré de stars et de gens géniaux, ça a été une expérience formidable.
Pouvez-vous nous dire ce que vous faites aujourd’hui ?
Aujourd’hui je suis chroniqueur dans un talk show radio, Les Affreux Jojos. C’est une émission d’humour qui est diffusée un peu partout, sur des radios indépendantes et sur des webradios en France, en Belgique… Nous avons aujourd’hui plus de deux millions d’auditeurs au total. C’est une émission où l’on s’éclate, ce sont encore des moments merveilleux. J’ai aussi une Web TV, Bassin People.fr où j’ai fait de nombreux interviews de people ces dernières années.

Quels sont vos projets ?
Je souhaite prochainement lancer une chaîne YouTube d’humour avec des sketches et des séries humoristiques. Et je continue mon émission Les Affreux Jojos.
Merci à Thierry pour son investissement dans la préparation de cette interview, et tous nos vœux de succès pour ses nouveaux projets !
Antoine HLT
(Entretien initialement paru sur le blog 80’s de l’ombre en février 2022)