Chanteuse israélienne extrêmement populaire, Ofra Haza débute sa carrière solo au tout début des années 80. Sa musique, qui mélange souvent des inspirations traditionnelles et modernes, lui vaut une reconnaissance grandissante. Elle représente Israël à l’Eurovision en 1983 avec Hi et termine deuxième du concours derrière Corinne Hermès qui l’emporte pour le Luxembourg avec Si la vie est cadeau.
En 1984, elle enregistre l’album Yemenite Songs, recueil de poèmes du XVIIe siècle sur des musiques yéménites traditionnelles. Un projet ambitieux qui lui tient à cœur puisqu’il fait écho à ses racines et à son folklore. Dans un esprit d’authenticité et de respect de la tradition, les instrumentations restent classiques mais sont renouvelées par la production du compositeur Benny Nagari. Toutefois, le producteur de la chanteuse a également dans l’idée d’enregistrer des versions plus modernes de deux chansons : Galbi et Im Nin’Alu (une chanson déjà interprétée en 1978 lors d’une émission télé) pour lesquelles il a gardé une partie du budget. Yemenite Songs se vend bien mais une partie des médias israéliens refuse de diffuser les nouvelles chansons d’Ofra qui va alors se tourner vers l’étranger. C’est grâce à un remix de Galbi que l’album sera commercialisé en Angleterre et y recevra de très bonnes critiques, tout comme en Allemagne où il se classe 9e des charts.
La chanteuse en profite alors pour développer sa carrière à l’international, enregistre en français (le 45t Aime-moi chez Carrère en 1986) et découvre en 1987 que son Im Nin’Alu a fait du chemin et a été samplé sur le remix de Paid in Full du duo hip hop américain Eric B. & Rakim qui cartonne en Europe. Coldcut, le duo responsable du remix a, en effet, déjà joué Im Nin’Alu en club et a l’idée d’incorporer la voix de la chanteuse au morceau. Inspirante et intrigante, la participation vocale d’Ofra Haza ne passe pas inaperçue. Un peu irritée par cette utilisation frauduleuse de sa chanson, elle décide avec son producteur de sortir son propre remix d’Im Nin’Alu. Un nouvel enregistrement est nécessaire à l’élaboration de cette version réalisée par Izhar Ashdot, musicien et producteur israélien. Un son plus pop et occidental ainsi que quelques paroles en anglais sont ajoutés afin de rendre le remix plus efficace.
Ofra signe un contrat chez Teldec, division allemande du groupe Warner, et publie le remix d’Im Nin’Alu en 1988. A cette époque, son nouveau label veut lui faire enregistrer un album de musique pop commerciale afin de percer en Europe. Mais après qu’on lui ait proposé des chansons (notamment des compositions de Giorgio Moroder), la chanteuse, qui ne se sent pas à l’aise avec ce nouveau son, convainc sa maison de disque d’annuler la sortie de cet album qui ne lui ressemble pas. Elle prend alors les choses en mains et part à Londres enregistrer son propre disque avec Izhar Ashdot. Pendant ce temps, Im Nin’Alu est en passe de devenir le tube de l’été. Edité en 45t, maxi 45t et CD single, Im Nin’Alu est sous-titré « Played in Full Mix » (clin d’œil au Paid in Full d’Eric B. & Rakim) et se décline sur le 45t en version anglaise et en version yéménite. Sur le maxi on trouve deux versions longues : le Played in Full Mix et l’Extended Mix tandis que l’Exclusive Instrumental Mix est une exclusivité du CD maxi français. Le mélange ethnique-pop sur lequel se pose l’interprétation habitée de la chanteuse fait recette : Im Nin’Alu est n°1 en Allemagne, en Suisse, en Norvège, en Espagne, n°2 en Autriche et en Suède, n°6 en France (ou le 45t est disque d’argent pour 250 000 ventes) et n°15 au Royaume-Uni. Pour les États-Unis on réalise un remix promo spécial : le Gates of Heaven Mix par Mark Kamins et Frank Inglese qui permet au titre de se classer 15e des morceaux les plus joués en clubs.
Des sessions d’enregistrement londoniennes naîtra l’album Shaday qui propose des adaptations en anglais de certains titres du répertoire de la chanteuse et qui bénéficiera du succès d’Im Nin’Alu. Ofra Haza est très demandée, donne des concerts en Europe et gagne de nombreuses récompenses, notamment en Allemagne. Michael Jackson lui-même la sollicite pour assurer la première partie de ses concerts européens mais, après mûre réflexion, elle refuse car elle pense que son univers musical et son public ne sont pas les mêmes que celui de la star. Un désistement qui profitera à Kim Wilde qui connaît alors un regain de succès avec You Came et qui prend en charge l’ouverture des concerts de Jackson. La reconnaissance internationale permet à Ofra de continuer sa carrière en enchaînant les collaborations : elle chante avec Paula Abdul, Iggy Pop ou sur la BO du film Le Prince d’Égypte. En 1997 elle reprend Im Nin’Alu sur son dernier album éponyme mais elle est hospitalisée en 2000 et succombe à la maladie le 23 février.
Im Nin’Alu continue d’être repris et samplé, notamment par Snoop Dogg, Delerium ou Madonna. En France Hélène Ségara en fait une adaptation sur son album Mon pays c’est la terre en 2008.
Très belle histoire (malgré sa fin tragique) et bien contée, qui montre, avec ses deux refus de se « renier », que la chanteuse avait du caractère. Tout ça me donne envie de découvrir les différentes versions de la chanson.
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Quel tube ! J’adore Ofra Haza en plus de ça, son album Kyria est une vraie pépite ♥
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257,000 exemplaires vendus.
Elle a loupé le disque d’or de peu.
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