
Née à Saskatoon dans l’ouest canadien, Patti Layne est entourée d’une famille de musiciens qui l’encourage naturellement à jouer d’un instrument. Trompette, clarinette, contrebasse, la jeune fille touche un peu à tout et décroche ses premiers jobs à 18 ans avant de devenir DJ à Vancouver tout en prenant en parallèle des cours de théâtre. Mais la province canadienne est décidément trop petite pour ses ambitions et Patti saute sur l’occasion qui se présente à elle de se rendre en Europe. Elle devient mannequin en Italie mais rêve de devenir chanteuse, ce qui lui paraît utopique dans ce pays dont elle ne partage pas vraiment la mentalité : « Je regardais les émissions de variétés là-bas, les femmes y sont considérées comme des objets, et je crois que les Français sont plus sérieux là-dessus, je ne veux pas être considérée comme sexy, moi j’aime les choses drôles », expliquera-t-elle en 1985. Sa prochaine destination sera donc Paris et elle se met sérieusement à l’apprentissage du français dont elle ne parle pas un mot.
La bonne rencontre, ce sera celle de Didier Barbelivien qui décèle ce potentiel de chanteuse derrière son joli minois et lui écrit le sur-mesure Une espèce de Canadienne qui paraît en 45 tours chez Pathé en 1982. La chanteuse, qui ne comprend pas encore vraiment le texte, enregistre la chanson tant bien que mal, d’autant plus qu’à l’époque elle est allergique à la variété et préfère le rock. Le charme opère pourtant et la chanson devient un hit à l’automne qui se classe dans le top 40 de RTL, atteint les 100 000 ventes et bénéficie d’une promotion télé dans les émissions qui comptent. Pierre Delanoë qui signe la face B, Souvenirs, dira d’elle : « Je ne pouvais imaginer qu’une fille aussi belle puisse chanter aussi bien, qu’une jolie voix originale ait autant de swing, qu’un tel charme soit pareillement compatible avec la gentillesse ». Le single suivant, Je veux l’aimer, qui paraît en 1983 en même temps qu’un premier album contenant de nombreuses adaptations, ne rencontre pas le même succès et, en 1984, Patti signe avec les disques Campagne et sort Je cherche un partenaire, écrit et composé par Romain Didier, qui est un nouveau petit succès. Mais l’histoire se répète et le 45 tours suivant, Darling, qu’elle co-signe avec Cecil Maury et Christian Eclimont, ne transforme pas l’essai.
Les années suivantes, Patti Layne les consacre à sa vie de famille car elle a rencontré l’amour et donné naissance à un fils, Bogart. Elle est pourtant de retour en 1987 avec un nouveau look, cheveux courts et blonde platine, un nouveau label et surtout une nouvelle équipe composée de Marc Lavoine, Fabrice Aboulker et Pascal Stive. Paraît alors Extrême je t’aime, un titre très efficace avec une face B (Évadez-moi) qui l’est tout autant et des versions anglaises dont elle signe les textes sur le maxi 45 tours, mais le disque ne marche pas. « L’ascension dans ce métier de Marc Lavoine m’impressionne beaucoup. Je trouvais ses premiers disques assez variété. J’ai vraiment craqué sur Les Yeux revolver. Il s’affirmait de plus en plus en grand parolier. L’évolution a peut-être été trop brusque. Je revenais en blonde platine, personne ne me reconnaissait. Il s’agissait d’un disque de transition ».
Marc Lavoine a alors l’idée de lui faire enregistrer une reprise d’une chanson de son idole Juliette Gréco, le sulfureux Déshabillez-moi qu’elle ne connaît pas et dont elle se gardera bien d’écouter l’original avant l’enregistrement pour ne pas se laisser impressionner et ne subir aucune influence. Lavoine s’implique particulièrement dans la réalisation artistique du morceau afin d’en délivrer une audacieuse et inattendue version reggae (avec Princess Erika aux chœurs) qui va piquer la curiosité des médias. Patti est reçue à Sacrée soirée ou encore à Lahaye d’honneur et le 45 tours frise le Top 50 en fin d’année 1987. Au même moment, Mylène Farmer, qui a également repris Déshabillez-moi en face B du maxi 45 tours de Sans contrefaçon, va elle aussi interpréter la chanson à deux reprises en télévision. Une rivalité qui portera préjudice à Patti ? « En fait je n’en pense rien. Tu sais, il y a déjà longtemps qu’il était question de l’enregistrer. Le rythme que nous avons donné à la chanson est plutôt reggae, pas celle de Mylène. Et dans le cas de Mylène Farmer, c’est une face B, donc pas de compétition », répond-elle lorsqu’on l’interroge inévitablement sur le sujet.
Fille de l’hiver, signé Lavoine/Aboulker, est le 45 tours de 1988 et bénéficie d’un clip et d’une belle promo télé mais reste encore une fois aux portes du Top. Au Québec par contre, ce sera un franc succès en janvier 1989 et on le retrouve en haut des palmarès. En parallèle, Patti se retrouve au générique de deux séries télé : un épisode de Ray Bradbury présente (dans lequel on croise également Annabelle Mouloudji) puis un épisode des Compagnons de l’aventure. Elle présente l’émission Oh les filles ! en compagnie d’Annie Pujol sur TF1 durant l’été 1988. En 1989 sort son dernier 45 tours, Camelot, un texte en anglais cette fois, sur les amours de Guenièvre et Lancelot. Elle participe à la chanson du collectif Liban, écrit un texte pour Patrick Hernandez, fait des chœurs pour Eric Serra et Maxime Le Forestier avant de mettre fin à sa carrière en France en 1991.
Par la suite elle s’installe au Royaume-Uni, puis à Wuhan en Chine, avant de retourner dans son Canada natal. Elle travaille aujourd’hui comme thérapeute mais la musique ne l’a jamais quittée et en 2010 elle revient avec un album folk, Prairie Burn, et continue de présenter des titres sur son site internet.
Il y a une séance photo de Mylene et Patti datant de 1984 trouvable sur le net facilement
J’aimeAimé par 1 personne