C’est alors qu’elle suit des études dans le but de devenir éducatrice que Lova Moor, de son vrai nom Marie-Claude Jourdain, se fait repérer par le chorégraphe du Crazy Horse. En stage à Paris, la jeune femme préfère passer son temps à danser dans les discothèques et c’est là qu’elle fera cette rencontre déterminante pour sa future carrière. Lancée par la suite par Alain Bernardin, directeur du célèbre cabaret parisien qui deviendra plus tard son mari, Lova Moor se voit offrir une belle opportunité en tant que danseuse de charme. Elle fera rapidement le succès du Crazy et sera promue meneuse de revue.
La jeune danseuse qui n’a pas froid aux yeux va devenir un vrai fantasme pour toute une génération, notamment suite à la diffusion d’une émission télé dans laquelle elle dévoile sa passion pour la rosée du matin dans laquelle elle adore se rouler en tenue d’Eve, images à l’appui…
En 1986, elle souhaite mettre à profit sa notoriété et enregistre un 45 tours produit par son mari, Tendresse… S.O.S, qui ne déchaînera pas les foules. Une carrière de chanteuse rapidement avortée mais qui sera remise sur les rails deux ans plus tard grâce à Jacques Morali. Ce dernier est un ami intime du couple et compose depuis les années 60 les thèmes musicaux du Crazy Horse. Plus tard, il se lance dans le disco et produit, avec le succès que l’on sait, le groupe Village People. Il travaillera aussi pour Patrick Juvet, Eartha Kitt… Résidant depuis plusieurs années aux Etats-Unis, il se sait condamné par le Sida et décide de rentrer en France où il se met en tête d’écrire son dernier tube pour Lova Moor.
Accompagné de Jean-Pierre Lang (Johnny Hallyday, Céline Dion, Pierre Bachelet…), Morali lui écrit Et je danse, du sur-mesure. « Ne t’inquiète pas pour ta voix, on saura la faire chanter, avec la technique actuelle rien de plus facile » répond-il à la jeune femme, inquiète de son petit filet de voix. Et pour lancer Et je danse, Jacques Morali sait comment s’y prendre : il organise chez lui des dîners où il convie tout le show-business et où le bouche-à-oreille fonctionne à plein régime. L’intro et la rythmique du titre peuvent faire penser au Nuit de folie de Début de soirée mais, entêtant et festif, le titre fonctionne et la plastique de la belle danseuse l’aide grandement à gravir les marches du Top 50. Véritable succès, Et je danse entre dans le classement des ventes en février 1989 pour y atteindre la 9e place mi-avril, reçoit un disque d’argent pour 200 000 ventes et la télévision s’arrache le phénomène Lova Moor.
Le clip sulfureux et suggestif, tourné dans sa maison de Louveciennes et dans lequel Lova dévoile largement ses charmes, ne fait qu’augmenter considérablement l’intérêt pour sa chanson. Short moulant, poses lascives et bain de mousse sont au programme de cette vidéo très sensuelle.
Pour le single suivant, qui sort la même année, on applique la même recette. J’m’en balance, des mêmes auteurs-compositeurs, est une copie de Et je danse, accompagnée encore une fois d’un clip coquin. Mais sans doute trop redondant, le titre marche moins bien et n’intègre pas le classement hebdomadaire des ventes.
Les singles suivants s’enchaîneront sans marquer les esprits : Danse encore (1990), My Life (1991), Jealous (1992)… Lova Moor restera la chanteuse d’un seul tube et n’enregistrera jamais d’album.
Alors qu’elle change d’équipe en 1991, Jacques Morali racontera à qui veut l’entendre que ce n’est pas Lova qui chante sur ses disques. Elle admettra qu’une choriste l’accompagnait en studio afin de renforcer sa voix, que la chose était très courante dans le métier, « la suite étant affaire de spécialiste… ». Morali disparaîtra la même année des suites de sa maladie et la danseuse ne lui tiendra pas rigueur de ses petites mesquineries.
En 2003, en même temps que la sortie de son autobiographie Crazy Life, est éditée une compilation, Crazy Songs, qui reprend ses titres les plus significatifs ainsi que des remixes et un inédit.