Brigitte Morin naît à Paris mais grandit à Montréal où ses parents dirigent une société de doublage. Si la jeune femme souhaite d’abord se démarquer de l’influence d’une famille très marquée par les métiers artistiques, elle se retrouve tout de même en studio à faire des essais pour le doublage d’une nouvelle série. A sa grande surprise, le résultat est concluant et Brigitte (qu’on appelle toujours à l’époque par son vrai prénom) est engagée pour le rôle. Effet déclencheur d’une carrière qui se dessine petit à petit, elle se lance alors dans le théâtre, la comédie musicale et enregistre même un album pour enfants, Cloclo et Bibi en vacances, avec son frère, sa mère, Gérard Manset et Claude Léveillée en 1973. Elle est la voix de Candy, dans le dessin-animé éponyme pour le Canada francophone et, lorsqu’elle débarque à Paris, on lui demande de reprendre le rôle pour la France car la comédienne qui doublait les premiers épisodes vient de partir pour les Etats-Unis.
Alors qu’elle est au studio de Milan (le studio de Manset) pour enregistrer des jingles, elle fait la connaissance de Jean-Paul Malek qui lui présente Jean-Yves Luley. Ce dernier cherche une voix féminine pour son album et, emballé par le timbre singulier de la jeune artiste, il lui fait enregistrer J’y vois bien dans ma tête en duo sur son propre album en 1979.
S’ensuit une collaboration au long cours avec l’auteur-compositeur qui, très inspiré par la personnalité de la jeune femme, lui compose tout un album. Une maquette est enregistrée et, grâce à l’enthousiasme de l’éditeur Max Amphoux (également producteur de Bashung ou Marie-Paule Belle), le premier disque d’Amélie Morin (la chanteuse adopte alors définitivement son deuxième prénom) est signé chez Phillips et se retrouve dans les bacs en 1981. Jean-Yves Luley lui compose J’étais venue pour dire bonjour, son premier 45t, un texte faussement innocent, interprété avec candeur par Amélie qui endosse le rôle d’une petite fille un brin perverse avec bonheur.
L’univers est posé. Les chansons d’Amélie Morin développeront, sur des mélodies légères arrangées par Thierry Durbet, des thèmes parfois ambigus et cruels qu’on rapprochera plus tard de ceux développés par Mylène Farmer. J’étais venue pour dire bonjour fait son petit effet en 1981 et Amélie fait le tour des plateaux télé pour promouvoir son 45t (dont un passage mémorable dans le N°1 Francis Cabrel où, assise sur une balançoire, elle interprète sa chanson avec une mine boudeuse). Un titre qu’elle décrit aujourd’hui comme un clin d’œil à sa rencontre avec Jean-Paul Malek et Jean-Yves Luley (les deux hommes qui s’entretuent dans la chanson ?). La personnalité de la chanteuse intrigue, tout comme sa voix particulière, décrite comme « magique et irréelle ». Son premier album est un succès d’estime et remporte le Diamant de la chanson française.
Un deuxième album, Drôle de dream, suit en 1982 sur lequel on trouve notamment les signatures d’André Popp, Jean-Paul Malek et à nouveau Jean-Yves Luley. Amélie a alors suffisamment de matériel pour s’attaquer à la scène et on la voit au Printemps de Bourges ou au Forum des Halles. Puis, pour ne pas se laisser enfermer dans une case, elle quitte momentanément la chanson pour se consacrer à son métier de comédienne. TF1 fait appel à elle pour présenter Destination Noël pendant les fêtes puis c’est la radio qui s’empare d’elle pour jouer des pièces radiophoniques. Mais c’est surtout le travail de doublage qui accapare la comédienne dont la voix résonne dans à peu près tous les dessins animés des années 80, de Candy à Lady Oscar en passant par Les Minipouss, Les Entrechats, Les Mondes engloutis, Sailor Moon et bien sûr Mimi Cracra et Sherlock Holmes dont elle interprète également les génériques. Elle travaille aussi à l’adaptation de films ou de séries jusqu’à aujourd’hui (notamment Weeds et Médium).
En 2006, Double écho, une anthologie CD de ses enregistrements, est distribuée pour la première fois et inclut ses deux albums, des 45t et des titres rares. L’engouement est tel qu’Amélie se remet à l’écriture et sort en 2008 son troisième album, Astral gramme, tout d’abord sur son site puis en téléchargement légal. Composé par Alain Goldstein (Michel Jonasz, Françoise Hardy…), l’album offre des textes personnels sur des mélodies toujours aussi inspirées et délicates. À découvrir…
Amélie Morin , que de souvenirs …et cette voix!
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merci pour cette info que je n’avais jamais entendue : son nouvel album de 2008 !
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Un très joli album à découvrir ! 😉
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Moi qui pensais que c’était la chanteuse d’un seul titre ! J’ai bien envie de découvrir ses autres titres. Et j’ignorais que j’entendais sa voix à chaque fois que je regardais mes dessins animés cultes des années 80 !
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