Avant le succès phénoménal d’Africa, Rose Laurens a déjà connu de nombreuses incarnations : vocaliste pour le groupe de rock progressif Sandrose en 1972, quelques 45 tours entre le disco et la chanson sous le pseudonyme Rose Merryl en 1976 et 1977, un premier succès d’estime avec Survivre en 1979, puis le rôle de Fantine dans la création de la comédie musicale Les Misérables en 1980.
Rétrospective des années Flarenasch en 10 singles à l’occasion de la parution des coffrets 3 CD Collection volume 1 et Collection volume 2.
Africa (1982)
Africa ne devait pas figurer sur le premier album de Rose Laurens que lui compose son compagnon Jean-Pierre Goussaud au moment où elle est à l’affiche des Misérables. Afin de mettre sa voix en avant, il lui propose des grandes chansons, des ballades… mais c’est un petit air qu’il joue à la guitare qui titille l’oreille de la chanteuse qui insiste pour l’enregistrer malgré les réticences du compositeur. Sur un texte de Jean-Michel Bériat, Africa va permettre à Rose de signer chez Flarenasch et le succès sera fulgurant : la chanson dépasse le million de copies et se classe n°1 des discothèques en France. L’Allemagne lui emboîte le pas en réclamant une version en anglais qui se classe 3e des charts et reçoit un disque d’or. Africa (Voodoo Master) sera également n°1 en Autriche, n°2 en Suisse et en Norvège, n°6 en Finlande…
Mamy Yoko (1983)
Déraisonnable, le premier album, est sacrifié (bien que disque d’or) et aucun autre single n’en est extrait car le producteur de Rose veut miser sur des chansons dansantes après le succès phénoménal d’Africa, notamment en discothèques. On prend donc les mêmes et on recommence avec Mamy Yoko qui, après les délices de l’Afrique, vante les parfums de l’Asie. Mamy Yoko marche très bien en octobre 1983 et convainc 200 000 acheteurs. La version anglaise se classe 37e en Allemagne et la chanteuse poursuit son marathon européen pour promouvoir ses deux tubes. En parallèle, un deuxième album en français voit le jour, Vivre, tandis qu’un album en anglais reprenant des adaptations des deux LP français est distribué en Europe et se classe 11e en Norvège et 32e en Allemagne.
Vivre (1983)
On donne ensuite une chance à une ballade, Vivre, le deuxième extrait de l’album du même nom, qui est un nouveau succès malgré son ambiance plus sombre en frôlant les 150 000 ventes. L’album est intégralement composé par Jean-Pierre Goussaud et écrit par Jean-Michel Bériat et contient de très bons titres qui resteront non exploités comme Magique et musique, La Négresse blanche ou encore Zodiacale qui deviendra un tube au Québec et sera distribué en Europe dans sa version anglaise, Night Sky. Rose Laurens continue à être invitée sur les plateaux des télévisions étrangères et Night Sky devient un tube en Suède où il grimpe à la 12e place du hit-parade.
Danse moi (1984)
Plutôt que de miser sur un nouvel extrait de Vivre, c’est un 45t inédit qui fait son apparition dans les bacs des disquaires en 1984, Danse moi. Un morceau qui, rétrospectivement, n’aura pas les faveurs de la chanteuse et qui ne fonctionnera pas vraiment, si ce n’est au Québec, et malgré de bonnes diffusions sur les radios périphériques. À nouveau une version anglaise est enregistrée et commercialisée sous le titre Make Tonight the Night, sans succès. La face B, Kalimba, est un titre aux accents exotiques bien plus réussi mais aucune des deux chansons ne seront intégrées à l’album suivant.
Cheyenne (1985)
Rose et Jean-Pierre partent quelques semaines à Rimini en Italie pour travailler avec Romano Bais et Mario Flores (qui a fait le succès de Macumba de Jean-Pierre Mader, lui aussi chez Flarenasch) et reviennent avec Cheyenne, un morceau plus rock qui connaît plusieurs mixes sans réussir à s’imposer en France malgré les efforts de la chanteuse pour défendre le titre. Une séance photo est réalisée par Pierre et Gilles mais le label n’est pas convaincu par le résultat qui restera inédit. Le Québec, qui réserve toujours un bel accueil aux chansons de Rose, fait de Cheyenne un tube ! La face B, Dis-moi, tout comme Cheyenne, sera à nouveau exclue du futur album.
Quand tu pars (1985)
Inspirée par la très jolie musique que vient de lui composer Jean-Pierre Goussaud, Rose Laurens décrète qu’il lui faut un grand auteur pour le texte et elle pense à Francis Cabrel. Celui-ci n’écrit pas pour les autres et c’est ce qu’il lui répondra lorsqu’elle prendra contact avec lui. Mais à l’écoute du morceau, il change d’avis, et écrit ce qui va devenir Quand tu pars, reprenant ainsi le When You Go que fredonnait la chanteuse sur la maquette. Le mid-tempo à l’ambiance italo disco est enregistré en Italie et envahit les ondes fin 1985 tandis qu’un clip est tourné. Quand tu pars entre au Top 50 et s’y classera à la 41e position. Un nouveau tube qui se décline en American Love à l’international. Un succès underground qui permettra à Rose d’aller chanter aux Etats-Unis, invitée par la discothèque The Saint à New York.
La Nuit (1986)
Le troisième album s’appelle Écris ta vie sur moi… et, outre Francis Cabrel, on y trouve les signatures d’Yves Duteil et d’Yves Simon qui aiment la voix de la chanteuse. Le nouveau single, La Nuit, a été écrit par Marc Strawzynski avec la collaboration de Rose qui signe pour la seconde fois un titre en français. Très rythmé, le morceau marchera bien au Québec et en France même s’il n’entre pas au Top 50 (il se classe pourtant 12e des diffusions sur les radios périphériques). Comme de coutume, une version anglaise est enregistrée, Tonight, réservée à la face B du 45t espagnol qui sort en 1987. Rose part en tournée et s’arrête deux soirs à l’Olympia où elle est accompagnée des musiciens de Balavoine. Le public et la presse sont conquis par l’énergie que dégage la chanteuse. Le concert est enregistré mais la version audio reste inédite jusqu’à sa parution aujourd’hui dans le coffret Collection volume 1.
Où vont tous ceux qu’on aime (1987)
Ecris ta vie sur moi est envisagé comme troisième extrait de l’album, un remix est même réalisé, mais le projet tombe à l’eau. A la place la ballade Où vont tous ceux qu’on aime et sa face B Tout pour lui doivent préfigurer le quatrième album de Rose. On y trouve la collaboration de Renaud Hantson qui avait très envie de travailler avec la chanteuse. Mais Jean-Pierre Goussaud tombe subitement malade et tout projet à court terme est écarté. Quelques mois plus tard, une courte rémission lui permettra de composer les musiques de l’album J’te prêterai jamais qui ne reprendra ni Où vont tous ceux qu’on aime ni Tout pour lui.
J’te prêterai jamais (1990)
L’album est enregistré avec les musiciens de Cabrel et ce dernier, par amitié, viendra faire des chœurs sur les titres Pt’it frère et J’te prêterai jamais, premier extrait du disque. Goldman aussi vient prêter main forte et offre à Rose le texte de L’Absence sur lequel il joue des guitares et donne de la voix. Mais Jean-Pierre Goussaud succombe à la maladie au moment du mixage de l’album et la promotion s’avère par conséquent très compliquée pour Rose. J’te prêterai jamais sort en 45t avec un inédit en face B, Encore un jour. A nouveau le Québec, qui n’a pas oublié Rose, lui réserve un bon accueil, tout comme à la chanson Cœur, qui est extraite en single et qu’elle ira chanter uniquement là-bas.
Il a les yeux d’un ange (1991)
Après Louis, uniquement distribué en radios, on cherche à capitaliser sur l’aspect du morceau le plus dansant de l’album et l’on fait écouter Il a les yeux d’un ange à Romano Musumarra. Séduit, l’Italien s’en empare et réalise un remix très dance qui n’a plus grand chose à voir avec l’original. Un maxi 45t est édité avec la version Musumarra puis un second avec deux autres remixes signés Joachim Garraud et réservé aux DJs. Les années Flarenasch se terminent pour Rose Laurens et, après avoir tenté de relancer Africa avec un remix en 1989, le label réitère en 1994 sans plus de succès qu’une 13e place en Finlande.
Les coffrets Collection volume 1 et Collection volume 2 sont en commande sur la boutique de CD rare !
Belle rétrospective.En attendant de découvrir les 2 superbes coffrets.Il y a quelque temps, j’avais regardé une émission genre TUBE D’UN JOUR TUBE DE TOUJOURS où le journailste spécialisé en musique soit-disant avait osé dire que ROSE LAURENS n’avait eu qu’un seul succès, AFRICA !!!!
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Eh oui on a facilement tendance à la réduire à son méga-tube, ce qui est injuste puisque c’est loin d’être son seul succès.
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« Africa » est bien son plus grand tube ! « Mamy Yoko » a d’ailleurs capitalisé sur ce titre (en s’inspirant largement du rythme) et demeure très connue. En revanche, la suite a eu beaucoup moins d’écho, hélas ! Je suis moi-même passé complètement à côté (la faute à une diffusion très réduite ?) de « Cheyenne » et « La nuit », que j’ai découverts très tard (grâce aux radios internet et aux tournées de Rose dans les années 2000) et qui demeurent deux de mes titres préférés. Et je suis triste du peu de succès qu’ils ont acquis…
Votre article récapitulatif est super intéressant, et nous donne l’histoire de la création, des choix et de l’accueil de chaque titre sorti. Mais attention à rester toujours objectif : ne parlez pas de tube quand « Quand tu pars » atteint la 41e place au Top 50…
Sinon, pour le titre « Cheyenne », j’ai trois versions différentes, notamment au niveau des intros, et je ne suis pas du tout sûr à quoi ils correspondent, entre la première version, le remix et le 45T original. Et le site référence Discogs n’est pas clair non plus, car il n’indique qu’une durée (3’30), qui ne correspond d’ailleurs pas à mes durées (3’40 ; 3’51 ; 3’57)
Et pour finir, mon album préféré de Rose reste le plus émouvant, celui qui est sorti au décès de son mari, « J’te prêterai jamais » : chaque chanson est un bijou d’écriture, de composition et d’interprétation.
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Pour les versions de Cheyenne :
3’40 = Version 45 tours Remix
3’51 = Version 45 tours
3’57 = Première version originale (dispo sur « kobeuz »)
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