Karen Cheryl – Les années Ibach (1975-1984)

Karen Cheryl Les années Ibach

De 1975 à 1984, Karen Cheryl a mené une carrière de chanteuse prolifique et populaire sous la houlette du producteur Humbert Ibach. Enjouée, professionnelle, la jeune femme qui se destinait à la médecine se jette à corps perdu dans cette aventure qui s’ouvre à elle et donne le meilleur d’elle-même. Le public ne s’y trompe pas et plébiscite les nombreux tubes qui jalonnent la courte mais intense carrière sous les feux des projecteurs de celle qui officie désormais en tant que brillante journaliste sur les ondes d’Europe 1.
Retour sur les années Ibach de Karen Cheryl en dix tubes incontournables.

Carene Cheryl Garde moi avec toi

Garde-moi avec toi (1975)
La toute jeune Isabelle Morizet, qui n’a pas encore passé son bac, enregistre une cassette démo de chansons de Burt Bacharach avec son oncle Jean-Louis Viale, musicien de jazz qui a joué pour Django Reinhardt, Chet Baker, Nougaro… Parallèlement, elle joue de la batterie et décroche le premier prix de l’école Kenny Clarke. Sa cassette tombe entre les mains d’Humbert Ibach qui, avec Claude Carrère, cherche à lancer la nouvelle Sheila. Un contrat de dix ans est signé et la jeune femme, renommée Carène Cheryl par son producteur qui trouve le nom sur un porte-clé américain, se lance dans la variété, un genre qui n’a pourtant pas sa prédilection. « Je chante des chansons anti-déprime, qui font oublier que le ciel est trop souvent gris », dira-t-elle. Le premier 45t est un succès (après qu’Ibach ait fait refaire un premier mixage raté) ! Garde-moi avec toi, écrit par Claude Morgan, Vline Buggy et Ibach s’écoule à 150 000 copies, un démarrage prometteur.

Karen Cheryl Sing to me mama

Sing to Me Mama (1978)
Rien ne va plus entre Ibach et Carrère qui commence à voir le succès de Carène d’un mauvais œil, craignant la rivalité avec sa propre protégée, Sheila. Il tente de saboter la promotion des disques de Carène qui, en effet, après deux albums et une poignée de 45t, ne retrouvera pas le succès de Garde-moi avec toi. En 1978, Ibach change de stratégie et, après avoir lancé sa propre maison de disques, Disques Ibach, il remodèle sa chanteuse en star du disco. Look sexy, chorégraphies réglées par Amadeo, textes en anglais, Ibach produit un disco léché pour celle qu’on appelle désormais Karen. Toujours composé par Claude Morgan, mais avec cette fois Jean-Luc Drion aux arrangements, le premier 45t de la Karen nouvelle version est le splendide Sing to Me Mama, un tube qui s’écoule à 300 000 exemplaires. Les premiers pressages réservés aux discothèques et couplés avec There’s a Sweet Melody, cachaient encore l’identité de l’interprète, histoire d’attiser la curiosité, ou bien de donner toutes ses chances aux morceaux sans pâtir de l’image variété proprette des débuts de la chanteuse. Une stratégie qui s’avère payante puisque le titre se classe parmi les 20 meilleures diffusions clubs en décembre 1978.

Karen Cheryl Show me you're man enough

Show Me You’re Man Enough (1979)
Après avoir écoulé 200 000 galettes du premier album disco dont un seul single a été extrait, on voit désormais Karen défendre ses chansons sur des chorégraphies millimétrées dans lesquelles elle insuffle toute son énergie et sa bonne humeur. Ibach, qui a le sens du commerce, distribue ses disques sur des vinyles rouges qui deviendront une vraie marque de fabrique. Show Me You’re Man Enough, tout aussi réussi que le précédent tube, annonce un deuxième album disco en 1979 enregistré à nouveau entre Londres et Philadelphie et mixé à New York avec la crème des musiciens et choristes disco et soul américains. Nouveau succès en discothèques à l’été 1979, Show Me est encore une grosse vente avec 400 000 disques écoulés (autant que le Spacer de Sheila).

Karen Cheryl Tchoo Tchoo

Tchoo Tchoo (1979)
Deuxième extrait du deuxième album disco, Tchoo Tchoo Hold on the Line continue sur cette lancée d’un disco à la française bien produit. Les danseurs de Karen, qui ne manquent pas de l’accompagner à chaque télévision, commencent même à s’afficher à l’intérieur ou au dos des pochettes de disques. On profite de l’ouverture du marché à l’international avec cette musique qui, chantée en anglais, dépasse les frontières et les disques de Karen sont distribués en Allemagne, Italie, Japon, Argentine, Turquie, Australie, Mexique… Tchoo Tchoo dépasse les 250 000 ventes et l’album les 150 000.

Karen Cheryl la marche des machos

La Marche des machos/Chante pour nous mama (1980)
Un troisième album disco est sur les rails et un 45t paraît en 1980 avec en face A Making Up, Making Love et en face B The Lady is Me sans toutefois renouveler l’engouement des précédents tubes. Le 2 août 1980, les Carpentier offrent à Karen son propre Numéro Un à la télévision. Elle y joue de la batterie, chante, s’offre des duos avec Annie Cordy, Carlos, Jeane Manson et Joëlle et adapte en français deux de ses tubes : Chante pour nous mama (Sing to Me Mama) et La Marche des machos (Show Me You’re Man Enough). Le succès de l’émission est tel que les deux chansons adaptées par Claude Lemesle font l’objet d’une sortie en 45t. Déjà vendus à des centaines de milliers d’exemplaires quelques mois plus tôt dans leur version originale, les deux morceaux sont à nouveau des tubes en français affichant 300 000 ventes au compteur.

Karen Cheryl Si

Si (1980)
Humbert Ibach est convoqué par Europe 1 qui lui annonce que l’ère du disco est terminée. L’album qui devait sortir est annulé et le producteur voit déjà la fin de carrière de sa protégée. Mais Claude Morgan lui apporte la musique de Si, une ballade sur laquelle Didier Barbelivien va poser un texte romantique à souhait tandis que Jean-Claude Petit se charge de l’arrangement. Contre toute attente le morceau devient le plus gros succès de Karen Cheryl (600 000 ventes) et un album entièrement en français est commercialisé, et c’est encore un succès (150 000 copies). Dans la foulée, I Hope It’s Me, annoncée comme la version originale américaine de Si, avec l’inédit More and More en face B, a droit à son propre 45t et atteint les 50 000 ventes. Pas d’autre extrait de l’album. Dommage car L’Amérique dans l’rétro, Scoop sur ma vie ou Docteur menteur avaient du potentiel. C’est à cette époque que Madonna fera quelques apparitions parmi les danseurs de Karen, notamment en mars pour l’émission Palmarès 81.

Karen Cheryl Les nouveaux romantiques

Les Nouveaux Romantiques (1981)
En 1982, on enchaîne déjà sur un nouvel album (le sixième) qui est précédé cette fois par une adaptation d’une chanson qui est déjà un tube. Le Sarà perché ti amo du groupe italien Ricchi e Poveri (distribué en France par Ibach !) s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires en 1981 et Didier Barbelivien en écrit le texte français. Un texte mémorable où les amoureux s’écrivent « téléphonique » et où « boulevard périphérique » rime avec « motos héroïques ». Quoiqu’il en soit, la version Karen Cheryl est elle aussi un succès puisque 400 000 acheteurs optent pour son 45t où la face B, Météo amitiés, est encore un inédit.

Karen Cheryl Oh chéri chéri

Oh ! Chéri chéri (1982)
Après un hommage à Claude François sur Je me souviens, la promo de l’album de 1982 s’achève et il est temps de penser au prochain tube. Ce sera à nouveau une adaptation de Ricchi e Poveri, Made in Italy. Et si le morceau original est un bide, il n’en est pas de même pour la version Cheryl à nouveau adaptée par Barbelivien. Commercialisé en 45t et en super 45t 4 titres (avec une première version du futur single Twister ma peine), Oh ! Chéri chéri dépasse les 500 000 ventes. Une nouvelle aubaine qui donne à Ibach l’idée de réunir ces quelques inédits sur une compilation, Les n°1, qui en douze titres résume la carrière de la chanteuse et qui reçoit un disque d’or. A la même période, Karen démarre des répétitions à l’Olympia pour un projet de scène finalement avorté. Philippe Bouvard dit d’elle : « elle est la plus intelligente, la plus raffinée et aussi la plus obsédée par la mort de toutes les chanteuses que j’aie jamais rencontrées ».

Karen Cheryl Twister ma peine

Twister ma peine (1983)
Après les adaptations de chansons italiennes, on mise sur la nostalgie avec un twist qui rappelle les années 60. C’est Gérard Stern (compositeur pour Dave, C. Jérôme, Gérard Lenorman, Marie Laforêt…) qui se charge de la composition de ce morceau déjà enregistré par Julie Bataille mais resté inédit. La présence intempestive de la petite Sandra n’empêchera pas Twister ma peine de devenir un petit succès frôlant les 150 000 exemplaires. Le 45t quatre titres reprend des chansons du septième album qui paraît la même année. En 1983, Karen Cheryl est élue chanteuse n°1 par le magazine Numéro 1 devant France Gall et Sheila (Jean-Jacques Goldman est n°1 des chanteurs), elle commente : « Je suis heureuse et impressionnée à la fois. Mais quand même très étonnée. Si je possède une qualité, c’est de m’investir à fond dans ce que je fais. Je suis consciente de vivre un métier fabuleux. J’essaye de présenter, avec mes limites, une image dynamique, divertissante. Mon propos n’est pas du tout celui d’une chanteuse à message. Si je peux gommer la grisaille quotidienne, apporter sourire, insouciance, allégresse dans le cœur de chacun, je suis ravie. »

Karen Cheryl Pense a moi quand meme

Pense à moi, quand même (1983)
L’équipe disco est de retour pour Pense à moi, quand même en 1983 : Charles Rinieri et Ibach à la composition et Jean-Luc Drion aux arrangements toujours sur un texte de Barbelivien. « Plus le temps a avancé, plus l’écart entre moi et ce que je chantais s’est creusé. Je devenais une jeune femme et le costume était de plus en plus étriqué », confiait-elle à Platine en 2014. Dernier vrai succès (près de 150 000 disques), Pense à moi, quand même précédera un album de chansons pour enfants, dernier disque que Karen Cheryl enregistre pour Ibach dans les années 80. Disney France propose un contrat à Ibach pour enregistrer des chansons basées sur les personnages de ses films mais Karen refuse et entame une procédure de séparation définitive. C’est la petite Douchka qui bénéficiera de ce nouveau contrat avec des compositions dans la veine de celles conçues pour Karen et avec la même équipe. Karen se sépare d’Ibach, notamment parce qu’il ne lui permet pas de faire de la scène, et se produira sur la tournée Europe 1 en 1985.

Merci à Thierry Palomares pour sa bienveillante collaboration.
Tous les chiffres de vente sont issus du site Top France de Fabrice Ferment.

Playlist :

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s