En 1983, Bette Midler sort son sixième album studio, No Frills. S’éloignant de la chanson de répertoire à tendance cabaret qui a fait sa renommée, ainsi que du virage disco entamé avec l’album précédent, la diva américaine s’essaye à la pop-rock avec un disque plus éclectique. La comédienne-chanteuse a triomphé, quatre ans auparavant, dans le rôle principal de The Rose, film inspiré de la vie de Janis Joplin qui lui vaut un Golden Globe et une nomination aux Oscars. La bande originale du film, entièrement interprétée par Bette, est un triomphe, tout comme le single éponyme qui lui offre une reconnaissance internationale.
Bette Midler, qui a commencé sa carrière sur les planches, poursuit de front une prolifique carrière au cinéma et dans la chanson. Elle fait d’ailleurs partie de ces quelques femmes capables de décrocher des tubes avec les titres qu’elles interprètent au cinéma, à l’instar de Barbra Streisand ou plus tard Madonna ou Whitney Houston.
Troisième et dernier extrait de l’album No Frills, Beast of Burden sort en 45t en 1984. Reprise des Rolling Stones qui en font un tube en 1978 (n°8 au Billboard US), la version de Bette se démarque de l’original par un son beaucoup plus rock et une interprétation plus agressive. Le titre bénéficie d’une vidéo réalisée par Allan Arkush, habitué des films musicaux et des comédies et qui s’illustrera plus tard par son travail pour la télévision (Ally McBeal, Dawson, Heroes…). Dans la vidéo de Beast of Burden, le réalisateur met naturellement à profit les talents de comédienne de Bette en filmant la chanson comme une vraie comédie introduite par un sketch hilarant où Mick Jagger en personne donne la réplique à la chanteuse. Venu lui rendre visite dans sa loge avant un concert, Mick, armé d’un bouquet de fleurs, vient annoncer à sa belle qu’il va la quitter. « Des roses ! Qu’est-ce que tu manigances ? Qui est mort ? » lui lance-t-elle, pas dupe. Mick ne supporte plus l’acharnement médiatique autour de leur couple. Elle lui demande tout de même de rester pour l’entendre chanter sa chanson : « Je la chante mieux que n’importe qui ! – Euh… presque n’importe qui, lui répond Mick. »
La vidéo du single passe en boucle sur MTV et obtiendra même trois nominations aux MTV Video Music Awards. Mais le titre ne brille pas dans les charts américains, atteignant seulement la 71e place. Étonnamment c’est en Europe que Beast of Burden va trouver son public. Premier vrai succès de Bette sur le continent, le 45t se classe n°2 en Norvège et en Suède, n°11 aux Pays-Bas, n°15 en Allemagne et en Belgique et l’album est n°1 en Suède. Sur le maxi 45t du titre édité en Allemagne figure la version spéciale du clip incluant le dialogue entre Bette et Mick.
Au Royaume-Uni Beast of Burden passera inaperçu, mais le pays offrira à la chanteuse quelques tubes sur le tard avec deux top 10 en 1989 et 1990. La France, quant à elle, ne succombera pas aux charmes de l’Américaine qui a surtout marqué chez nous par ses apparitions au cinéma, notamment dans Hocus Pocus : les trois sorcières, Le Club des ex ou Scènes de ménage dans un centre commercial dans lequel elle donne la réplique à Woody Allen.
Bette Midler s’épanouit dans la comédie et ponctue systématiquement ses shows de sketchs et de bons mots et sort même en 1985 un enregistrement live de l’un de ses one woman show dans lequel elle se moque gentiment de ses copines chanteuses.
La carrière de Bette Midler prend un nouvel essor à la fin des années 80. Elle joue dans Beaches, un nouveau succès, et son interprétation de Wind Beneath My Wings lui vaut un Grammy Award et son premier n°1 au top 100 US. Le single suivant, From a Distance, qui sort en 1990 est un tube international et ses albums cumulent les disques d’or et de platine aux Etats-Unis. En 2000 elle est la star de sa propre série, Bette, qui ne durera qu’une saison et 18 épisodes mais lui permettra de décrocher une nouvelle nomination aux Golden Globe. En février 2008 elle s’installe à Las Vegas pour The Showgirl Must Go On, un spectacle qu’elle donnera jusqu’au 31 décembre 2010. Son dernier album, It’s the Girls, dans lequel elle reprend des tubes au féminin (des Supremes à TLC) atteint la 3e place du Billboard en 2014, lui permettant l’exploit de compter au moins un album classé dans le top 10 sur chacune des cinq dernières décennies. En 2017 elle reprend le rôle-titre de Hello, Dolly! à Broadway et remporte un Tony Award.