Madonna – Madame X

Madonna - Madame X Pop Music Deluxe

Ça faisait longtemps qu’un album de Madonna ne nous avait pas laissé de marbre ! Il semblerait bien que l’exil lusitanien de la mégastar et son lot de dépaysement, de rencontres, ait été bénéfique à la chanteuse qui nous revient enfin inspirée avec ce Madame X qui lorgne en partie vers le folklore musical portugais. Et même si on avoue n’avoir pas cherché à comprendre le concept visuel du personnage au cache-œil, on s’est laissé emporter par ce voyage coloré, éclectique et surprenant, entre terrain connu et escapades expérimentales.

Medellín, le premier single extrait (gentil mais terne), ne nous avait pourtant pas laissé espérer grand-chose de ce retour après deux albums d’une platitude déconcertante, mais la collaboration annoncée de Mirwais à la production avait tout de même de quoi intriguer. C’est d’ailleurs sans réel surprise qu’il signe les meilleurs moments de ce disque (soit plus ou moins la première moitié) qui n’est pas sans nous rappeler par moments American Life, Music et même Erotica ! On retrouve, avec beaucoup de plaisir, une envie chez la chanteuse, une certaine forme d’insouciance et même l’insolence des débuts qu’on croyait égarées en chemin, une bouffée d’air frais !

C’est donc après ce Medellín qui ouvre Madame X en douceur que la Madonne s’agrippe à notre oreille avec un lot de compositions intrigantes, culottées, hétérogènes et hétéroclites, à commencer par un Dark Ballet au piano ronflant qui s’arrête sans prévenir sur le Casse-Noisette de Tchaïkovski où la chanteuse pose une voix vocodée à l’extrême et donne ainsi le ton dès la deuxième piste. Autre grand moment, God Control, qui brasse chorale aérienne, réminiscences disco et injonctions péremptoires (« We need to wake up, wake up, wake up ») tandis que Future livre un reggae/dancehall bien senti et entêtant (unique production de Diplo sur ce LP). Batuka, mantra déclamé sur rythmes brésiliens, est tel une version updatée de Shanti/Ashtangi avant un Killers Who Are Partying dont le refrain en portugais, la mandoline et la guitare hispanisante en font l’une des très jolies réussites de l’album.

Madonna - Madame X deluxeOn reprend notre souffle alors que s’enchaîne la deuxième partie du disque, plus consensuelle mais qui continue à varier les genres dans un esprit un peu plus hip hop. Si Crave, le deuxième single, nous semble aussi inintéressant que le premier sans être non plus désagréable, on aime bien l’accordéon de Crazy et son petit clin d’œil à La Vie en rose version Grace Jones. Come Alive est un brin répétitif et Faz Gostoso (une reprise) très efficace même s’il n’aurait pas dénoté il y a dix ans sur un album de Nelly Furtado. On trouve enfin quelques jolies ballades (assez conventionnelles tout de même) en fin d’album avec l’introspectif Extreme Occident ou Looking for Mercy, un très superflu Bitch I’m Loca et un retour direct dans les années 90 assez réjouissant avec I Don’t Search I Find.

On notera que, globalement, la production ne fait pas dans la surenchère et que l’instrumentation reste assez simple et aérée, ce qui a l’intelligence de rendre cet album très dense finalement très digeste. La grosse surprise c’est surtout que l’interprétation de Madonna semble à nouveau incarnée et interpelle l’auditeur, n’hésitant pas à le bousculer.

Au rayon des récriminations, on pourra bien sûr lui reprocher de vouloir embrasser trop de causes (contrôle des armes, discriminations en tout genre) quitte à fragiliser sa sincérité (mais depuis quand Madonna fait-elle dans la dentelle et la demi-mesure ?), un album trop dense (on n’échappe pas au remplissage, c’est dommage, et on n’a pas compris l’intérêt de devoir choisir entre une version 13, 15 ou 18 titres) ou encore l’utilisation trop systématique de l’auto-tune mais, franchement, c’est tout de même bien peu en regard des qualités d’un disque qu’on n’attendait plus, sa meilleure proposition de ces dix dernières années. S’affranchissant d’une course au tube qu’elle ne peut plus suivre (et qu’elle ne devrait même plus chercher), Madonna fait ce qu’elle a envie, et c’est tant mieux. Et puis, qui mieux qu’elle sait digérer les influences les plus diverses pour les restituer dans un grand disque pop ? Il se pourrait bien que Madame X signe là une (nouvelle) renaissance…

Madame X, en bacs depuis le 14 juin 2019 en version 13, 15 ou 18 titres.

Un commentaire

  1. Bonjour, votre critique commente ici avec subjectivité l’album alors que sur d’autres critiques vous présentez d’autres éléments plus intéressants. Et surtout vous faites preuve d’un sérieux manque de culture musicale ne relevant pas des influences majeures de cet album : « la guitare hispanisante » de Killers est en fait un base de fado portugais, vous ne relevez pas la base rythmique de Come Alive qui est gnaoui (Maghreb sud), « batuka version updatée de Shanti » alors Batuka se base sur la musique capverdienne d’origine esclavagiste alors que Shanti est en langue sanscrit (on n’est pas du tout dans la même région du monde, les même histoires portées), il y a de la culture américaine dans Crave, Crazy…
    Vous pourriez aussi parler du traitement de la voix, vocodée à certains moment en effet (pourquoi ? est une bonne question à se poser, et il y aurait plusieurs réponses) mais brute à d’autres et cela donne un effet très fort.
    Bref cette critique est un peu légére et de loin pas votre meilleure !

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