Baignée dans la musique depuis qu’elle est toute petite, Diane Tell compose ses premières chansons à la guitare. Un premier album fortement teinté de jazz en 1977 lui permet très vite de s’imposer sur la scène et les ondes québécoises avec le titre Je n’en peux plus. En France, c’est au tout début des années 80 que la jeune femme va faire une entrée fracassante dans le paysage de la chanson avec un tube incontournable : Si j’étais un homme. Rétrospective des années 80 de Diane Tell en dix 45 tours.
Si j’étais un homme (1981)
Désormais installée à New York, Diane Tell est contactée pour représenter le Canada au Festival de la chanson de Spa en Belgique. Mais pour participer, il faut présenter des chansons encore inédites et le deuxième album de la jeune chanteuse vient juste de sortir au Québec (où il marche très fort puisqu’il recevra un disque d’or). Elle se met donc au travail et écrit et compose seule deux nouveaux morceaux dont un de près de cinq minutes, Si j’étais un homme. En Belgique, la chanteuse passe sans trop de difficulté la première étape de la compétition avant qu’un membre du jury québécois ne la persuade de retirer Si j’étais un homme lors de son deuxième passage… qui lui est fatal. Déçue, Diane Tell passe par Paris afin de proposer Si j’étais un homme à Barclay qui refuse poliment. Plus vraiment sûre du potentiel de sa chanson, elle l’interprète pourtant guitare-voix lors d’une carte blanche à la télévision québécoise. La magie opère enfin et la chanson devient un tube qui va revenir en France en 1981 où Diane vient de signer chez AZ. L’avènement des radios libres permet à Si j’étais un homme de se faire entendre mais il faudra attendre 1982 pour qu’elle devienne enfin un tube chez nous grâce au coup de pouce de la programmatrice de RTL Monique Le Marcis. Relancé avec une nouvelle pochette, le 45 tours dépasse les 200 000 exemplaires vendus et la chanson devient un classique.
Souvent, longtemps, énormément (1982)
L’album En flèche (renommé Si j’étais un homme en France) est disque de platine au Canada mais également album de l’année au Québec tandis que Diane Tell est couronnée interprète féminine de l’année. Elle enregistre Chimères, le dernier LP qui sera réalisé au Canada, et sort Souvent, longtemps, énormément en premier single. C’est un énorme tube qui se classe n°1 pendant de nombreuses semaines dans les palmarès québécois. Son public est habitué depuis ses débuts à ses morceaux qui swinguent aux sonorités jazzy, mais en France où l’on vient de la découvrir, Souvent, longtemps, énormément s’éloigne sans doute trop du format chanson de Si j’étais un homme et son succès va s’en ressentir même si le 33 tours est bien accueilli et reçoit le prix du meilleur album francophone au Midem. La chanteuse enchaîne les concerts, passe par l’Olympia et finit par s’installer à Paris. Le somptueux La Falaise, autre extrait de l’album, est un nouveau n°1 au Québec où l’album est disque d’or.
Savoir (1984)
Désormais en France où elle compte bien prendre une année sabbatique après le tourbillon médiatique de ces dernières années, Diane Tell en profite pour faire la connaissance d’auteurs français avec en tête l’élaboration d’un cinquième 33 tours. Elle qui jusqu’à présent écrivait et composait seule va s’ouvrir à d’autres univers et l’album On a besoin d’amour lui permet de collaborer avec des auteurs comme Jean-Marie Moreau, Jean-Baptiste Quenin et même Luc Plamondon. Gilles De Loonois est le premier qu’elle rencontre et ensemble ils écrivent Savoir, le premier single qui sera un nouveau tube au Québec. « La touche magique, du regretté guitariste Patrice Tison, contribua au son si particulier sur lequel repose en paix ma musique », écrira-t-elle en 2013. Le 45 tours québécois et le 45 tours français proposeront chacun une photo différente issue de la même séance réalisée en noir et blanc.
Descends (1984)
En France c’est Descends, le deuxième extrait d’On a besoin d’amour qui va connaître les faveurs du public à la fin de l’année 1984. Très bien accueillie, la chanson reçoit de bonnes rotations radios. Il faut dire que ce premier disque produit entre Paris, Memphis et New York est une petite révolution dans l’univers musicale de la chanteuse et fait la part belle à un son beaucoup plus synthétique, années 80 obligent. Diane co-signe le texte de Descends avec Jean-Baptiste Quenin (connu pour son petit succès Parfum de femme en 1981) qui écrira deux autres textes sur l’album. Quant à la photo du 45 tours, elle est de Bettina Rheims. Le Québec fera l’impasse sur Descends et préfèrera miser sur un autre titre, Pleure pas pour moi, avec la même pochette, un nouveau tube qui sera suivi de deux autres : Par les temps qui viennent et Manhattan monotone (premier titre à bénéficier d’un remix). En France, On a besoin d’amour est le troisième extrait.
Faire à nouveau connaissance (1985)
Nouvelle année, nouvel opus : Diane Tell capitalise sur son récent succès hexagonale (elle fait partie des artistes invités sur Ethiopie, la chanson caritative qui reste huit semaines n°1 du Top 50) et 1985 est l’occasion d’une rencontre providentielle. Invitée sur les ondes de RMC par Françoise Hardy qui anime une émission consacrée à l’astrologie, la chanteuse accepte surtout car elle est une grande fan de la chanteuse de Message personnel (dont elle reprendra notamment La maison où j’ai grandi en 1995). Une première rencontre qui en amènera une autre et Diane Tell, toujours en quête de textes, de demander à son idole si elle n’écrirait pas pour elle. Hardy lui offrira trois textes, dont Faire à nouveau connaissance qui donnera son nom à l’album à venir. « Mon plus beau souvenir fut d’entendre sa voix chanter sur une maquette l’air que j’avais composé sur ses paroles célestes. Inoubliable. » Composition de près de six minutes, Faire à nouveau connaissance sera écourtée pour sa sortie en 45 tours et même si un maxi-single promotionnel destiné aux radios annonce un remix FM, il s’agit en fait de la version album. Diffusée fin 1985, la chanson est un joli succès.
J’arrive pas, j’arrive (1986)
Puisqu’une idole a déjà répondu favorablement à sa demande, Diane Tell décide de faire appel à Maryline Desbiolles, poète française dont elle admire l’œuvre qu’elle emprunte souvent pour écrire les mélodies de ses chansons. Elle a dans l’idée d’adapter quelques-uns de ses textes avec son accord et pourquoi pas sa contribution. À nouveau la réponse est positive et quatre chansons sont ainsi créées pour l’album Faire à nouveau connaissance, dont ce J’arrive pas, j’arrive qui servira de second single. Mais c’est encore un morceau de plus de cinq minutes (six minutes sur le LP canadien) qu’il faut raccourcir pour les radios et le 45 tours. Une bonne initiative puisque J’arrive pas, j’arrive est à nouveau très bien reçu sur les ondes à la rentrée 86, porté par un clip (le premier de la chanteuse) réalisé par Jérôme de Missolz qui a déjà travaillé avec Michel Berger et Eddy Mitchell et qui se tournera plus tard vers le documentaire.
Paradis d’espace (1987)
Le 22 novembre 1986, lors de la deuxième cérémonie des Victoires de la musique, Faire à nouveau connaissance est sacré album francophone de l’année devant ceux de Mory Kanté et d’Alpha Blondy. Et puisque c’est un album qui s’écrit au féminin, c’est à nouveau un titre de Françoise Hardy qui est choisi comme single suivant en 1987 : Paradis d’espace, qui ouvre aussi le 33 tours réalisé par Loris Baccheschi (comme le précédent). La même année, Diane Tell est invitée par Nicole Croisille à faire des chœurs sur son album jazz Jazzille et elle se produit aux Francofolies de la Rochelle.
Je pense à toi comme je t’aime (1988)
Un nouvel album est mis en chantier avec cette fois-ci des textes qui se partagent entre Maryse Wolinski et Boris Bergman. Dégriffe-moi, qui donne son titre à l’opus, en est le premier 45 tours mais, malgré un clip sexy réalisé par Cossimo Cavallaro (et qui devra être remonté car jugé trop osé), ses sonorités R’n’B ne convainquent pas. On mise alors sur la ballade Je pense à toi comme je t’aime dont le texte de Maryse Wolinski est parvenu à la chanteuse alors qu’elle séjournait dans un hôtel de la côte d’Azur. « Si j’ai pu composer rapidement une musique sur cette merveilleuse histoire, l’enregistrement en studio de la chanson fut difficile et finalement complètement raté. Sur l’album Dégriffe-moi, on entend la maquette, avec toute la fraîcheur et les défauts propres aux premiers jets ». En 2013, elle donnera une nouvelle chance à la chanson en la réenregistrant pour son best of Passé simple.
Les Yuppies (1989)
Troisième single de Dégriffe-moi, Les Yuppies sera remixé par Patrice Cramer (avec la participation de Manu Katché) et renommé Yuppies (Kings of the 80’s) pour l’occasion. La version longue Maxi mix sera quant à elle signée Dimitri (from Paris) et Jean-Philippe Bonichon (alias J.P.B.). Diane Tell est en concert à l’Olympia en mars et les réservations vont bon train, tant et si bien qu’il faut ajouter une troisième date aux deux déjà prévues. Un exploit quand on sait que la maison de disques (EMI depuis l’album précédent) n’a mis aucun moyen pour en assurer la promotion, jugeant que le spectacle ne représente pas suffisamment le dernier album. Ce nouveau passage à l’Olympia sera prétexte à une captation qui servira de clip à Yuppies sous la direction de Manuel Boursinhac.
La Légende de Jimmy (1990)
Après le succès de la deuxième mouture de Starmania au Théâtre de Paris en 1988, Luc Plamondon et Michel Berger ont le désir de continuer à travailler ensemble sur un nouveau projet. Ce sera la comédie musicale La Légende de Jimmy. Si Diane Tell avait régulièrement été sollicitée pour reprendre un rôle dans Starmania, que ce soit au Québec ou en France, elle avait jusqu’à présent toujours décliné l’invitation. Mais la création d’un rôle dans un tout nouveau spectacle est une proposition qu’elle ne peut refuser et qui lui parvient alors qu’elle s’apprête à partir pour le Brésil. « Ils m’ont raconté l’histoire, m’ont fait écouter les chansons, m’ont parlé du casting et m’ont dit que Savary serait le metteur en scène. En rentrant du Brésil, j’ai dit oui », commente-elle à l’époque. « J’ai essayé de trouver un registre vocal plus élevé que celui que j’utilise dans mes chansons, pour lui donner un côté plus juvénile. Qu’on oublie un peu Diane et qu’on imagine Virginie ». Premier single extrait de la comédie musicale, La Légende de Jimmy, confié à Diane Tell, est un tube qui grimpe en 9e place du Top 50 et reste classé 21 semaines.
Playlist :
Je trouve que les disques (albums) de Diane Tell ont été souvent sous-estimés en France et c’est assez dommage. Après, je pense que le « système » des fonctionnement des maisons de disques ne permettait pas à Diane de proposer forcément la musique qu’elle souhaitait à son propre rythme, ce qui était typique des maisons de disques jusqu’au début des années 2000. Elle a toujours su proposer presque à chaque fois un album assez différent du précédent. L’album « Marilyn Montreuil » est vraiment superbe. Dommage que le semi-échec de » La légende de Jimmy » sur scène (ya t-il eu au moins une captation integrale du spectacle? pour une sortie sur support DVD ou B-R peut -être? ) ait un peu terni ses chances de vraie reussite commerciale derrière…
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