
C’est au début des années 1980 que Claudie Fritsch-Mentrop, alias Desireless, décide de se lancer dans la musique. Après s’être illustrée dans la mode en tant que styliste pour sa propre marque Poivre et sel, puis avoir joué les débutantes dans des groupes d’amis musiciens, elle fait la connaissance de Jean-Michel Rivat, une rencontre déterminante pour la suite de sa carrière. Rivat est auteur-compositeur pour de grands noms de la variété française (France Gall, Joe Dassin, Claude François, Sylvie Vartan…) et sa collaboration avec Claudie se concrétise sous l’appellation Air 89, un groupe qui sort un 45 tours en 1984, Cherchez l’amour fou, sans rencontrer le succès.
Le son pop-new wave caractéristique des futures productions Desireless est pourtant déjà là et si la même année le groupe se sépare, Desireless se lance en solo sous le nom d’Air cette fois, avec le 45 tours Qui peut savoir en 1986 qui ne marque pas non plus le grand public. Il faut attendre encore quelques mois pour que Desireless, de son nouveau nom de scène, explose avec Voyage voyage. Aujourd’hui véritable emblème de la chanson française des années 1980, le titre est un énorme succès, non seulement en France mais aussi à l’étranger. Le single sort successivement dans toute l’Europe et au-delà entre 1986 et 1988. N°1 en Allemagne, en Espagne, en Autriche et en Norvège, Voyage voyage se paye même le luxe d’un top 5 au Royaume-Uni, un vrai phénomène pour une chanson en français ! La promotion est intense et Desireless fait le tour du monde. Difficile dans ces conditions de penser à la suite et ce n’est donc qu’en 1988 qu’un deuxième 45 tours voit le jour, ce sera John.
Avec une rythmique aussi efficace que celle de son prédécesseur et dans une ambiance toujours mystique, l’artiste à la voix androgyne et à la coupe de cheveux insolite fait à nouveau sensation. Ecrit et composé par Jean-Michel Rivat, le titre sort dans toute l’Europe en plusieurs versions : remix, tempo 120 (quasi instrumental) et London remix par Les Adams (Gloria Gaynor, Grace Jones, Rita Mitsouko, Boy George…). Si le morceau est beaucoup joué en radios et en discothèques, son impact sur les charts sera moindre. Une seule semaine à la 92e place au Royaume-Uni, John est cependant un nouveau succès en Espagne où il atteint la 8e place ainsi qu’en France où il est 5e en juillet 1988. Desireless est également très populaire en Russie où elle va interpréter John, Voyage voyage et Tombée d’une montagne en tant qu’invitée du festival Stoupen’ k Parnassou en 1989 (elle y retournera en 2003 pour y chanter devant 10 000 personnes).
Multidiffusé sur MTV, le clip de la chanson réalisé par Arnaud Sélignac met en lumière (et en ombre) Desireless dans l’ancienne salle de bal de l’avenue de Wagram, une mise en scène sans public pour cette ode au pacifisme. La chanteuse ayant été extrêmement marquée par un voyage en Inde en 1980 dédiera John « à Yama (Dieu de la mort) », tel qu’on peut le lire au dos de la pochette du 45 tours. C’est d’ailleurs la culture et la philosophie locales qui lui inspireront son nom de scène qui signifie sans désir, sans attachement. Hommage à ceux qui sont tombés au combat, John n’est pas une revendication mais un thème qui touche la chanteuse, fruit de sa complicité avec Jean-Michel Rivat qui lui écrit du sur-mesure. En fin d’exploitation, John est disque d’argent en France pour plus de 250 000 exemplaires vendus.
Un troisième single est lancé en 1989, Qui sommes-nous (qui rate de peu le Top 50), tout comme le premier album très attendu : François, qui entre en 29e position du classement des albums en France en novembre. Un quatrième extrait sera lancé en 1990, Elle est comme les étoiles, mais malgré un texte chargé d’émotion, le titre ne convainc pas. C’est le moment que choisit Desireless pour quitter sa maison de disque et se retirer du show-business qui l’étouffe. Elle reviendra pourtant en 1994 avec un deuxième album, I Love You, puis continuera son métier en sillonnant les routes de France.
Belle synthèse des carrières de cette chanteuse atypique, qui a l’air d’avoir eu plusieurs vies… La version « new age » de John est très réussie, je trouve.
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