
Belinda Carlisle débute sa carrière solo en 1986 avec un premier album à succès. La chanteuse américaine de 28 ans est l’ex-leader du groupe punk-rock féminin les Go-Gos (premier « girls band » à placer un album écrit et joué par ses membres en tête du Billboard) et, après un disque fait dans l’urgence pour répondre aux attentes de sa maison de disques, elle souhaite s’impliquer davantage dans la conception de son second LP. Elle signe chez MCA Records, forte de son récent succès en solo, et se met à la recherche d’un producteur pour l’aider à développer un son qui lui serait propre. Belinda rencontre plusieurs personnes et notamment le jeune Rick Nowels qui lui est recommandé par Stevie Nicks. La chanteuse de Fleetwood Mac vient en effet de cartonner avec I Can’t Wait, un single écrit et produit par Nowels, ami de longue date à qui elle a donné sa chance et dont c’est à peu près le premier travail d’envergure.
Très motivé, le jeune auteur qui cherche également de son côté quelqu’un avec qui travailler des chansons, a préparé son entretien et propose à Belinda quelques morceaux dès leur première rencontre. Le feeling est instantané et la chanteuse le rappelle une heure plus tard pour lui dire qu’il a décroché le job. Comme Belinda n’est pas encore suffisamment sûre d’elle pour s’atteler à l’écriture de ses chansons, Rick fait appel à la chanteuse Ellen Shipley dont il est fan afin de former un duo d’auteur-compositeur.
C’est un jour qu’elle jette un œil distrait à des cartes de vœux vendus à une station-service qu’Ellen Shipley remarque l’inscription « Praying on this heaven on earth » sur l’une d’entre elles. Une formule toute faite qui lui reste en tête et qu’elle finira par proposer lors d’une séance de brainstorming avec Rick. Emballé, il transforme la phrase en « Heaven Is a Place on Earth », point de départ de ce qui va devenir le nouveau single de Belinda Carlisle.
Une première version du morceau avec Rick au piano et Ellen au chant est présentée très vite à Belinda qui perçoit immédiatement le potentiel énorme de la chanson. Mais Rick n’est pas satisfait des couplets et continue à peaufiner la mélodie jusqu’à la dernière minute. Le travail en studio est intense et Rick, très méticuleux, astreint Belinda à enregistrer entre 40 et 50 prises, si bien qu’elle finit par ne plus du tout savoir ce que le producteur a en tête. Pop song à l’efficacité redoutableAu final, Heaven Is a Place on Earth sort finalement en 45t aux États-Unis le 18 septembre 1987.
Pour le clip, Belinda réussit à décrocher les services de Diane Keaton (Le Parrain, Annie Hall, Baby Boom…), actrice oscarisée, grâce aux relations de son mari Morgan Mason (qui a été acteur, assistant du président Reagan ou encore producteur de films). Intimidée par le charme et le goût évidents de l’actrice, Belinda lui donnera carte blanche quant à la conception du clip. Mais malgré cette signature prestigieuse, la vidéo dans laquelle l’image de la chanteuse se fait plus glamour qu’auparavant s’avère finalement assez fade, se contentant de montrer des plans d’enfants masqués manipulant des globes terrestres lumineux, ou de suivre les déplacements limités de Belinda dans un coin de pièce où elle agite beaucoup les cheveux.
Malgré cela, le premier extrait du second album de Belinda Carlisle est un carton et s’impose en tant que n°1 aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Suède, en Norvège, en Nouvelle-Zélande… et bien que le top 10 soit assuré dans toute l’Europe, ce ne sera pas le cas en France où Heaven Is a Place on Earth frôle pourtant le Top 50. Légèrement raccourci pour les radios, Heaven est couplé en face B du 45t à We Can Change, autre titre de l’album. Sur le maxi 45t on trouve deux remixes par Shep Pettibone ainsi qu’un a cappella sur le cd maxi anglais.
Considérée comme la chanson qui définit Belinda Carlisle, Heaven figure aujourd’hui encore dans le top 10 de ses morceaux préférés et a été très souvent utilisée en bande-son de films ou de séries (récemment dans Black Mirror, The Handmaid’s Tale et dans Dark). L’album Heaven on Earth est un succès (platine aux Etats-Unis et triple platine en Angleterre) tout comme les deux singles suivants, I Get Weak et Circle in the Sand. La chanteuse poursuit une brillante carrière (surtout au Royaume-Uni) jusqu’à la fin des années 90 avant de proposer un best of et une anthologie en 2014. En 2017, elle réenregistre Heaven en version acoustique sur son album Wilder Shores.
C’est la chanson typique qui a tout pour cartonner en France mais… Quel dommage quand même que nous soyons passés à côté de ce petit bijou pop. Merci d’avoir rendu justice à Belinda 🙂 Et j’en profite pour vous féliciter pour votre blog dont je ne loupe aucun article. Quel plaisir de se (re)plonger parmi ces tubes célèbres, d’autres oubliés ou manqués comme celui-ci. Excellente continuation !
J’aimeAimé par 1 personne
Merci cher lecteur !
J’aimeJ’aime