
Les premiers 45 tours de Jean-Luc Lahaye voient le jour alors qu’il est barman au Bistrot du Port. Son employeur Gérard Pédron (qui avait tenté sa chance dans la chanson en 1968 avec Tant d’amour du printemps) accepte de le produire. Durant son service, Jean-Luc fait la connaissance d’un client, l’auteur Paul Auriat, qui l’aidera à finaliser ses premiers morceaux. Maîtresse, maîtresse, Allez viens et C’est quand l’entracte ? paraissent respectivement en 1979, 1980 et 1981, sans succès. Mais très vite, la carrière de Jean-Luc Lahaye va prendre un tournant décisif… Rétrospective des années tubes du chanteur de charme en 10 singles.
Femme que j’aime (1982)
Parfois le hasard bouscule le destin et, en ce qui concerne Jean-Luc Lahaye, c’est au détour d’une route que le sien va se jouer. Il rencontre par hasard, alors qu’il est en moto, deux filles en voiture qui s’intéressent à son bolide et sa tenue de cuir. Il s’agit de Michaele et Lana Sebastian, qui écrivent justement des chansons à succès (Dalida, Sheila…). Rendez-vous est pris et une chanson est proposée : Femme que j’aime, un slow qu’elles destinaient au chanteur G.G. Junior mais dont la version n’était pas sortie à cause d’un conflit. Arrangée par Guy Mattéoni, la chanson ne trouve sa version définitive qu’après que Jean-Luc ait suggéré de calquer le tempo sur celui de Confidence pour confidence de Jean Schultheis. Les séances d’enregistrements sont difficiles car Lana et Michaele sont intraitables. Mais Jean-Luc finit par s’en sortir et quelques mois plus tard c’est la consécration, Femme que j’aime devient le tube de l’été, si ce n’est même celui de l’année 1982, et se vend à plus d’un million d’exemplaires. Une version est même enregistrée pour l’Italie où il part faire de la promo, Vai mai vai.
Appelle-moi Brando (1983)
Succès fulgurant oblige, le 45 tours qui suit est à nouveau confié aux bons soins de Michaele, Lana et Paul Sebastian qui en signent écriture et réalisation. Appelle-moi Brando confortera l’image du jeune chanteur romantique mais un tantinet rebelle (« J’suis comme ceux d’mon âge qui n’font pas de stage pour apprendre à vivre »), une référence qui n’est pas vraiment du goût du chanteur qui aurait préféré James Dean et qui tentera de faire changer le titre du morceau en vain. Difficile cependant d’égaler le score de Femme que j’aime mais Brando s’en sort tout de même avec un total de 250 000 copies vendues (« Appelle-moi Brando a été si différent qu’il a surpris tout le monde, le public aussi bien que les radios et la télévision »). Le premier album est dans les tuyaux et la collaboration avec Michaele et Lana Sebastian s’arrête au moment où Gérard Pedron, le manager de Jean-Luc, créé sa propre maison d’édition.
Décibelle (1983)
Alors qu’il avait arrêté d’écrire sur les conseils de son manager au vu des mauvais résultats de ses premiers 45 tours, Lahaye reprend confiance en lui avec le succès et participe à l’écriture de Décibelle, une chanson inspirée par sa chienne husky du même nom. Désormais entouré des auteurs Michel Jouveaux et Gérard Stern, qui signent la moitié de l’album, et de l’arrangeur Michel Bernholc, il essaye déjà de s’éloigner de l’image de chanteur à minettes véhiculée malgré lui par ses premiers tubes. Il cite en idole le chanteur Billy Joel et pense déjà au prochain album. Décibelle dépasse les 150 000 ventes et termine l’exploitation du premier LP, Appelle-moi Brando, qui lui permet de faire de la scène.
Plus jamais (1984)
C’est avec un slow que Jean-Luc est de retour au printemps 1984. Réveillé au beau milieu de la nuit par son ami Michel Jouveaux qui lui fait écouter le morceau au téléphone, il a le coup de foudre et enregistre Plus jamais dans les jours qui suivent. Le texte, écrit spécifiquement par Jouveaux à son intention, décrit une séparation douloureuse qu’il a vécue avec des détails précis. « J’avais une image de chanteur de discothèque. Moi, je voulais montrer que j’étais capable d’émouvoir. Avec cette chanson, je me dévoile, je me « déculotte » vraiment. J’ai voulu remettre les pendules à l’heure. Je ne renie pas mes premiers tubes, mais il fallait que je change. Certains diront peut-être que je me vieillis. On voulait que je sois le nouveau Claude François, le nouveau Johnny, ou Hervé Vilard. C’est ridicule ! J’essaie d’être moi-même, et les gens commencent à le comprendre. Ce qui me fait plaisir c’est qu’on attend des efforts de ma part. Je suis condamné à faire des progrès, à surprendre. » déclare-t-il à la presse jeune de l’époque. Plus jamais est un retour réussi qui dépasse les 400 000 ventes.
Peur (1984)
Un nouveau tube en poche, la sortie du deuxième album s’annonce sous les meilleurs auspices mais il faut attendre fin 1984 pour découvrir le nouveau 45 tours, Peur, ainsi que l’album éponyme sur lequel on trouve les signatures de spécialistes de la variété comme Didier Barbelivien ou Michel Mallory. Jean-Luc signe neuf textes sur treize et reprend Les Boutons dorés (rendu célèbre par Jean-Jacques Debout). Peur amorce un virage italo-disco inattendu et Jean-Luc annonce un premier clip à budget conséquent qui s’avère finalement assez anecdotique. Une chorégraphie est mise au point par l’Américain Rick Odums avec, entre autres, parmi les jeunes danseuses, Mia Frye. « J’avais cette idée depuis très longtemps. Pour moi, de m’entourer de danseuses, c’est une façon de me rapprocher du clip vidéo indispensable de nos jours, c’est aussi une façon d’apparaître à la télévision un peu différente car, en regardant mes télés, je me suis aperçu que ça changeait rarement », mais au final Jean-Luc assurera sa promo télé seul et assez statique. Sur la photo qui illustre le single et l’album le chanteur apparaît maquillé : « C’est le côté androgyne et provocant qui m’a séduit. J’avais d’autres idées de photos. En train de réparer une moto, par exemple. Mais cela avait déjà été fait. » Peur entre au Top 50 mais ne dépasse pas la 29e place et totalise 100 000 ventes.
Papa chanteur (1985)
Pleure pas, titre rythmé dans la veine de Peur, ne fonctionne pas et c’est une ballade qui termine l’exploitation du deuxième album. Papa chanteur a été écrite le jour de la naissance de sa fille Margaux et n’aurait pas dû être extraite en single. Mais alors que Jean-Luc n’est pas encore prêt à enchaîner sur un troisième disque, son producteur lui téléphone en lui disant qu’il faut lancer un dernier single et qu’au bureau ils ont joué aux fléchettes les titres restants de l’album et que c’est Papa chanteur qui a remporté la manche. Jean-Luc lui répond que s’il a de l’argent à jeter par les fenêtres qu’il le fasse. La chanson, qui n’était même pas prévue pour l’album, a été mise en musique alors qu’ils sont en studio par le musicien Cyril Assous et enregistrée au dernier moment. Commercialisé fin 1985, le 45 tours est un énorme tube : n°1 du Top fin janvier 1986 alors que le chanteur vient de remplir l’Olympia, il s’en vend près d’un million et l’album Peur est disque d’or.
Lettre à la vieille (1986)
Immédiatement après Papa chanteur, Jean-Luc enchaîne sur un 45 tours inédit, Lettre à la vieille, un changement de style radical signé Frank Thomas et Jean Musy. « Derrière un succès comme Papa Chanteur, il fallait laisser un peu de temps, confiera-t-il rétrospectivement à Idoles Mag. Lettre à la vieille était une chanson très noire, très dure. Et puis, il faut dire aussi que la presse en général m’avait catalogué comme chanteur à minettes. Je faisais la une de tous les journaux et c’était déjà un peu trop fort pour arriver avec une chanson d’adulte avec une certaine maturité et de l’expérience. J’avais encore un physique un peu trop teenager pour chanter ce genre de chanson. » Le 45 tours est un échec et la chanson, ainsi que sa face B J’peux pas dire ça, seront exclues du troisième album qui sort quelques mois plus tard.
Djemila des lilas (1987)
La ballade Il faudrait que tu reviennes lance l’album Flagrant délit tendresse en 1986 et se classe 19e au Top. L’album comprend des collaborations avec Cyril Assous, Alain Lanty… et sur les huit titres on trouve une reprise de La Foule, un hommage à Coluche (J’t’aime quand même) ainsi qu’un morceau des auteurs de Lettre à la vieille qui dépasse les onze minutes (Les Jongleurs). Pour le deuxième extrait, on mise sur la chanson qui ouvre l’album, Djemila des Lilas. Une mélodie arabisante qui sera remixée par F.R. David pour sa sortie en 45 tours. « C’est Cyril Assous un jour qui m’a fait écouter cette musique et j’étais mort de rire parce que mon oreille n’était pas habituée à recevoir un tel son, et il m’a dit : « écoute, la meilleure c’est qu’il faut que tu fasses vraiment une chanson sur le problème du code de la nationalité, sur la deuxième génération des beurs en France, sur tout ça, je ne te file cette musique que si le texte me convient », et on a eu raison d’y croire, Djemila est une chanson que j’adore et je suis prêt à recommencer ce genre d’expérience. » Djemila des lilas se place 16e du Top 50 avec plus de 100 000 ventes et l’album est disque d’or.
Débarquez-moi (1987)
À la suite du rachat de TF1 par Bouygues, la plupart des animateurs de la chaîne quittent le navire et c’est le cas de Patrick Sabatier qui assurait les audiences du vendredi soir avec Le Jeu de la vérité. On demande à Jean-Luc de reprendre le créneau des variétés et il se retrouve propulsé, sans expérience, à l’animation de son propre show Lahaye d’honneur, avec un budget conséquent. Pour les besoins du générique, il enregistre une nouvelle chanson composée par Alain Lanty, Débarquez-moi, qu’il interprétera avec chorégraphie, micro-casque et danseurs en ouverture d’émission. Une exposition de choix qui permet au 45 tours de grimper jusqu’à la 15e place du Top en janvier 1988 et de se vendre à plus de 150 000 exemplaires. Débutée le 25 septembre 1987, l’émission Lahaye d’honneur s’arrêtera après la diffusion d’un dernier numéro le 3 septembre 1988. Entre-temps, Jean-Luc s’est produit au Palais des Sports et a publié un album live.
L’Amour pour qui (1988)
À la suite de Débarquez-moi, Jean-Luc enregistre Dô l’enfant d’eau (sur les boat people) qui rate le Top. Mais le quatrième album est en chantier et sera confectionné avec Alain Lanty. « Tout l’album a été fait dans ma grange en Vendée. Nous avons emmené les ordinateurs, logiciels et tout ça, et cet album je l’ai vu naître, je l’ai vu démarrer, j’étais là de la conception jusqu’à la gravure, il m’a passionné et je l’ai aimé. » L’Amour pour qui, une chanson écrite depuis plusieurs années et qu’il chante déjà sur scène en duo avec Alain Lanty en est le premier extrait. Mais Jean-Luc n’est pas satisfait de la version qu’il enregistre en studio, jusqu’au moment où sa compagne Aurélie, venue lui rendre visite, se met à fredonner sur sa voix témoin. C’est alors l’évidence pour le chanteur, L’Amour pour qui sera un duo avec Aurélie et le 45 tours atteint la 31e place. Ce sera le seul extrait de l’album classé au Top.
Playlist :
Encore un beau sujet de POP MUSIC DELUXE. Dommage de ne pas voir un double best of avec ses succès en 45 T et maxi 45 T, la tournée RFM PARTY et STARS 80 lui aura permis de ne pas figurer dans la rubrique « que sont-ils devenus ? » Il était venu en 1982 à Dieppe (76) présenter son titre « Femme Que j’aime » à la radio DIEPPE FM, il était encore totalement inconnu et ce titre deviendra quelques semaines plus tard un tube.
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