
Diana Ross passe le cap des années 80 avec brio, signant avec diana (son dernier album pour Motown en 1980) et ses tubes Upside Down et I’m Coming out, les meilleures ventes de sa carrière. Elle conclut pourtant chez RCA dès l’année suivante le contrat le plus lucratif de l’époque et continue d’égrener les tubes : Endless Love, Why Do Fools Fall in Love, Muscles, All of You… Les albums s’enchaînent au rythme d’une parution par an et l’année 1985 marque un tournant avec Eaten Alive, un disque qui va diviser son public. L’idée, plutôt séduisante, d’associer le producteur-compositeur Barry Gibb (leader des Bee Gees) à la diva américaine, engendre un album qui sonne comme du Bee Gees mais oublie quelque peu d’y intégrer la personnalité de la chanteuse. Gibb venait pourtant de connaître un succès phénoménal en prenant en charge la production de Guilty de Barbra Streisand ou du Heartbraker de Dionne Warwick. Avec Diana Ross, il échoue partiellement à renouveler cet exploit. La quasi-totalité de l’album a été maquettée avec la voix de Barry Gibb et Diana a bien du mal à s’imposer sur ses propres versions des chansons.
Eaten Alive est le premier extrait éponyme de l’album et le morceau a tout de l’événement puisqu’il voit Michael Jackson co-signer les paroles et prendre en charge les chœurs (laissant d’ailleurs peu de place à Diana sur les refrains). Mais le 45 tours fait piètre impression sur les charts et c’est au tour de Chain Reaction de prendre la relève. Le deuxième 45 tours issu de l’album, écrit et composé par les Bee Gees au complet, est un joli hommage à la période Motown de la chanteuse. Peut-être même un peu trop connoté puisque les trois frères hésiteront à lui proposer le titre, ajout de dernière minute à un album qui manquait cruellement de singles selon la chanteuse, comme le rapporte Barry Gibb à Billboard en 2001. Écrin soigné pour la voix de Diana, Chain Reaction est un savant mélange de sons modernes et d’ambiances rétro à la Supremes sur une rythmique et des harmonies imparables. Une composition sur laquelle la touche Bee Gees est évidente, soulignée par les chœurs proéminents assurés par Barry Gibb en personne. Un tube en puissance illustré par un clip reprenant les codes de la chanson : des séquences en noir et blanc type année 60 se mélangent à des plans laissant apparaître une Diana très contemporaine, vêtue d’une robe rouge glamour, de fourrure ou d’un déshabillé, et entourée de danseurs.
Le 45 tours sort aux États-Unis en novembre 1985 mais fait moins bien que le single précédent en atteignant seulement la 95e place. Il faudra attendre quelques mois et le succès de la chanson en Europe pour qu’une ressortie dans une version remixée en 1986 atteigne la 66e place du Billboard (le titre se classera 7e au classement des discothèques). Les Européens réserveront en effet un meilleur accueil à Chain Reaction qui sort début 86 et se classe 1er au Royaume-Uni pendant trois semaines et se vent à plus de 600 000 exemplaires. Il est également 11e en Allemagne, 20e en Suisse, 35e en Belgique, 40e aux Pays-Bas et c’est un n°1 en Australie et un n°3 en Nouvelle-Zélande. En France Chain Reaction entre au Top 50 fin mai et restera classé 16 semaines, culminant à la 20e place (plus de 100 000 ventes). Couplé à More and More (autre titre de l’album) sur le 45 tours, Chain Reaction est édité en maxi avec une version longue, le Special Dance Remix.
Dernière entrée d’un single de Diana Ross au Billboard Hot 100 US, Chain Reaction signe la fin de la suprématie de la chanteuse dans son pays natal alors que le Royaume-Uni continuera à accueillir chaleureusement les productions Ross et lui offrira encore de jolis succès. Si l’album Eaten Alive se vend bien en Europe, c’est un échec aux États-Unis.
En 1993, à l’occasion de la sortie de la compilation One Woman – The Ultimate Collection, Chain Reaction est remis à l’honneur. Commercialisé à nouveau dans sa version originale en CD single, 45 et maxi 45 tours, de nouveaux remixes sont commandés à E-Smoove et Dewey B & Spike. C’est un succès qui se répète et qui atteint la 20e place des classements au Royaume-Uni et la 34e en France.
L’année suivante paraît chez Motown le premier album de remixes de la chanteuse, Diana Extended : The Remixes. Plus qu’une compilation de remixes déjà parus, le disque propose une réinterprétation des hits de la chanteuse par les meilleurs DJ du moment (Frankie Knuckles, David Morales, Maurice Joshua…). Outre Love Hangover, Upside Down ou The Boss, le seul titre issu de la période RCA inclus dans l’album est Chain Reaction, remixé ici par Dewey B & Spike.
Chain Reaction est aujourd’hui un standard de Diana Ross et figure en bonne place de la plupart des compilations de la chanteuse.