Christophe Laurent – Nuits brésiliennes

Printemps 1985, un nouveau venu dans la chanson française nous ensorcelle avec des sonorités venues d’ailleurs et des ambiances estivales… Christophe Laurent est guitariste depuis toujours, mais aussi sportif. Il gagne sa vie en donnant des cours de guitare et des cours de tennis, un sport dans lequel il excelle puisqu’il est un joueur confirmé classé 15/3. S’il démarre sa carrière artistique comme comédien, c’est rapidement la musique qui va prendre le pas.

En tant que guitariste soliste, il accompagne des orchestres ou des artistes en studio puis se met à écrire des chansons avec son complice Olivier Andres qu’il connaît depuis l’enfance. Ce dernier, lui aussi guitariste (et bassiste), a déjà joué pour Hugues Aufray, entre autres. Ensemble, Christophe et Olivier écrivent Nuits brésiliennes, une chanson autobiographique selon Christophe : « J’ai rencontré plein de musiciens brésiliens, en les accompagnant à la guitare, en faisant le bœuf avec eux, je chantais un peu en brésilien aussi avec un accent à couper au couteau mais c’est pas grave, l’essentiel est d’avoir une bonne sensation de la musique. » Cette chanson, il décide de l’interpréter et signe sur le petit label El-Baze Records qui n’éditera que quelques disques en cette année 1985.

« Un peu de sable brésilien, Sur les quais parisiens, C’est la folie des latins, Jusqu’au petit matin… », la douce langueur estivale et festive de ces nuits brésiliennes à Paris vécues par Christophe commence à charmer les radios et Nuits brésiliennes est programmée notamment sur RMC et RTL tandis que le chanteur éblouit de son sourire charmeur les écrans de télévision. En face B du 45 tours on découvre Joyeux anniversaire, un titre que Christophe interprètera début 1987 lors d’un Grand échiquier consacré à Henri Salvador sur Antenne 2 qui ne tarie pas d’éloges sur le chanteur-guitariste.

L’été 1985 est propice au succès de Nuits brésiliennes et quelques semaines après la sortie du 45 tours une version longue est réalisée avec la participation d’une invitée de choix, la chanteuse brésilienne Nazaré Pereira. Signée en France, elle assure au même moment la promotion de son single Garota de Copacabana et accepte de poser sa voix sur le titre de son ami Christophe. Titre qu’elle reprendra d’ailleurs en 1991 sur son album Thaina-Kan.

Même si la chanson n’entre pas au Top 50, la maison de production se félicite des ventes honorables de Nuits brésiliennes (qui a été réédité sous une nouvelle pochette) qui devient l’un des jingles de la radio NRJ. C’est néanmoins sous un autre label que Chistophe poursuit l’aventure en 1986 avec Voyager, toujours signé de la même équipe.

Un morceau toujours ensoleillé qu’il qualifie de « bossa avec un côté plus jazzy » agrémenté d’une section de cuivres. La chanson fait l’éloge du voyage intérieur puisqu’il s’agit de « voyager sans bouger ». Il dit d’ailleurs qu’il n’est pas du tout un voyageur, qu’il voyage en musique et qu’il n’a jamais mis les pieds au Brésil : « Le Brésil je connais pas mais je connais des milliers de Brésiliens qui vivent en France, je connais plutôt les pays par les gens que par les lieux mêmes, et par la musique parce que la musique ça n’a pas de frontières ». Plutôt que de découvrir le pays en touriste, il préfèrerait pouvoir y vivre pendant un an, pour voir comment vivent les Brésiliens.

Deux autre 45 tours sortiront par la suite : Oublier son visage et Je craque. Si le premier ressemble beaucoup à Nuits brésiliennes, le second s’en démarque consciemment : « Je ne renie absolument pas le côté brésilos, mais on a voulu s’en démarquer un petit peu parce qu’en tant que musicien j’ai joué du reggae, du rock, du blues, toutes sortes de musiques avec toutes sortes de gens et j’ai pas envie de faire de la musique à tendance brésilienne toute ma vie. On a voulu se démarquer avec ce titre-là qui a un rythme différent, et celui d’après sera sûrement un slow pour faire quelque chose de différent. Je ne veux surtout pas me cantonner dans un genre particulier », commente le chanteur.

En 1987, il écrit avec Olivier Andres le titre Lait de coco pour le DJ Maya qui sort en 45 tours. La chanson fait son petit effet et ne cesse d’être redécouverte jusqu’à récemment, et le disque sera même réédité aux Pays-Bas en 2018. Christophe lui, apprécie de plus en plus le travail de production en studio et de se mettre aux services des autres. Il joue en première partie de Michel Jonasz (« Très jolie voix, écriture originale, beaucoup d’émotion, beaucoup d’humour… », dira-ce dernier de Christophe) et accompagne Alain Souchon, Laurent Voulzy et Louis Chédid. Puis il découvre enfin le Brésil où il s’oriente vers la bossa nova, le jazz et l’écriture.

Au début des années 2000 il revient à la chanson sous son vrai nom, Christophe Meyer, et sort son premier album, Tout nu, qui met bien évidemment en avant sa guitare mais aussi son talent d’écriture à travers onze chansons émouvantes, graves ou drôles. En 2006, on le revoit sur nos écrans dans un Vivement dimanche consacré à Emmanuelle Béart qui l’invite pour interpréter un titre, Dominant dominé.

Depuis, Christophe continue le chant et la musique, il travaille en studio comme guitariste, arrangeur ou choriste tout en donnant des cours de chant et de guitare. La nouvelle génération ne cesse de redécouvrir Nuits brésiliennes et le collectif Bon entendeur intègre la chanson a une mixtape en 2019. Depuis 2011, les chansons des années 80 de Christophe Laurent sont rassemblées dans un best of digital disponible sur les plateformes.

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