Cher débute la décennie 90 au cinéma. Celle dont la carrière discographique est un peu en berne au début des années 80 consacre en effet son temps à prendre des cours de comédies. Elle joue à Broadway dans la pièce Come Back to the Five and Dime, Jimmy Dean, Jimmy Dean, puis dans son adaptation cinématographique par Robert Altman qui lui vaut d’être nommée aux Golden Globes. A partir de 1983 elle enchaîne les films et les distinctions : son rôle dans Le Mystère Silkwood aux côtés de Meryl Streep lui offre cette fois-ci le Golden Globe et une nomination à l’Oscar. Un prix d’interprétation à Cannes pour Mask en 1985, un nouveau Golden Globe et l’Oscar de la meilleure actrice en 1987 pour Moonstruck font de Cher l’une des actrices américaines les plus en vue en cette fin de décennie.
Elle signe chez Geffen Records pour un nouveau contrat discographique et s’impose avec l’album Cher (disque de platine en 1987) et surtout Heart of Stone en 1989 qui se vend à 3 millions d’exemplaires aux Etats-Unis (porté par le tube If I Could Turn Back Time).
En 1990, Cher pèse suffisamment dans l’industrie du cinéma pour imposer ses propres choix. Elle tourne Les Deux Sirènes dont elle modifiera le scénario à sa convenance. Elle imposera également le choix du réalisateur : Lasse Hallström, qui sera vite remplacé par Frank Oz, à qui succède finalement Richard Benjamin. Elle évince également en cours de tournage l’actrice qui joue sa fille (Emily Lloyd) au profit de Winona Ryder avec qui elle s’entend mieux. Le film, plusieurs fois repoussé, sort finalement en décembre 1990 avec à la clef des critiques mitigées et un résultat plutôt décevant au box-office. Mais l’intérêt du long métrage, dont l’action se déroule au début des années 60, se situe plutôt au niveau de sa bande-originale pour laquelle Cher enregistre deux chansons : Baby I’m Yours et The Shoop Shoop Song (It’s in His Kiss).
Ce dernier titre, écrit par Rudy Clark au début des années 60, est un hit pour Betty Everett en 1964 avant d’être repris par Sandie Shaw, Lulu, Aretha Franklin ou Linda Lewis dans une version disco en 1975. Mais c’est véritablement la version de Cher en 1990 qui redonne un coup de jeune à la chanson et en fait un tube international. Il faut dire que la voix si particulière de la chanteuse est immédiatement identifiable et bien mise en avant sur ce titre dont les sonorités et les chœurs renvoient immanquablement aux 60’s. N°1 pendant cinq semaines au Royaume-Uni, le single qui sort en 1991 en Europe se classe également en première place des charts norvégiens, autrichiens, irlandais et est n°3 en Allemagne et en France où la chanteuse obtient son premier vrai hit et son premier disque d’argent. En Amérique, où la chanson est déjà dans la mémoire collective, le succès est moins retentissant et The Shoop Shoop Song n’est que 33e du Billboard US et 21e au Canada. Le titre sera d’ailleurs inclus (partout sauf aux Etats-Unis) dans son album suivant, Love Hurts, qui paraît en 1991.
Le clip vidéo original inclut des images du film Les Deux Sirènes ainsi que des séquences filmées pour l’occasion et dans lesquelles apparaissent Cher, Winona Ryder et Christina Ricci, tout d’abord vêtues des mêmes robes et perruques années 60 que la chanteuse, puis en couleur, de façon beaucoup plus contemporaine, en jeans et vestes de cuir.
En Europe, le 45t est couplé à l’autre inédit de la BO, Baby I’m Yours, et le maxi 45t ainsi que le CD single proposent en plus le titre We All Sleep Alone, single de 1988. Notons que le Royaume-Uni propose une pochette différente de celle éditée largement en Europe, montrant une Cher beaucoup plus excentrique, coiffée d’une perruque blonde et d’un diadème.
Le titre devient un classique du répertoire de la chanteuse qui l’interprétera systématiquement lors de ses futures tournées. Il sera également intégré dorénavant à tous ses best of.
En 1997, Geffen Records commande des remixes du titre qui n’en avait pas bénéficié lors de sa sortie initiale. Quatre versions club sont envoyées aux boîtes de nuit sous forme de vinyle et CD promo où l’on retrouve notamment à la production Ronnie Ventura, qui a remixé Michael Jackson ou Gloria Estefan.
Cher poursuit la décennie 90 avec brio, enchaînant les succès, mais c’est véritablement avec Believe et son virage dance en 1998 qu’elle signe son plus gros tube, n°1 dans une vingtaine de pays.