Buzy – Adrian

Buzy AdrianBuzy fait son apparition dans le paysage musical français en 1981. Après avoir été professeure de claquettes et avoir obtenu un rôle au théâtre dans la comédie musicale The Rocky Horror Picture Show, la jeune femme, sur les conseils d’un ami musicien, se met à écrire ses propres chansons. Elle signe sans difficulté chez Ariola grâce à ses premières maquettes et le label sort Dyslexique, son premier 45t en 1981. Un essai qui propulse en un rien de temps la chanteuse de 24 ans au statut de vedette puisque le titre rock est l’un des succès de l’été. Insomnies, son premier album, est publié la même année et reçoit un bon accueil de la critique.

Fin 1983 sort son deuxième disque, Adrian, qu’elle enregistre sous la houlette de Jean-Alain Roussel, producteur et musicien qui a travaillé, entre autres, pour Police, Bob Marley, Joe Cocker ou Cat Stevens et qui amène avec lui les meilleurs musiciens du moment. Mais la collaboration est orageuse et les tempéraments des deux artistes s’affrontent lors de l’enregistrement où le producteur pousse la chanteuse dans ses retranchements et l’oblige souvent à changer ses accords. Néanmoins, le résultat s’avère satisfaisant et le disque est encensé par la critique.

Le premier extrait en est Adrian, qui donne son nom à l’album. La chanson au refrain lancinant est portée par des guitares et un rythme hypnotique sur lequel se pose le texte de Buzy, portrait de l’utopie d’un amour qui remet en cause la société matérialiste et prône des valeurs plus humanistes.

Buzy Adrian livret

La chanteuse est à l’époque admirative du travail sur l’image développé par Michael Jackson et son Thriller, le clip vidéo étant encore un media peu travaillé en France. Elle écrit un scénario pour Adrian mais CBS, sa maison de disque de l’époque, n’y croit pas et refuse de financer cette vidéo trop ambitieuse. C’est grâce à des mécènes qu’elle ira chercher elle-même que le projet se concrétise. Son voisin et ami Gabriel Yared, compositeur de musique de films, lui conseille de contacter Hilton McConnico, directeur artistique des derniers films de Jean-Jacques Beineix qui souhaite se lancer dans la réalisation. Emballé par le scénario, il accepte de diriger Buzy dans un court-métrage impressionnant mais à la réalisation chaotique. Dans des conditions météorologiques difficiles, où la température avoisine le zéro, la chanteuse est souvent pieds nus et doit apprivoiser la caméra en présence de laquelle elle ne se sent pas vraiment à l’aise. Présente sur le plateau, la comédienne Victoria Abril, amie du réalisateur, lui apportera son aide grâce à quelques astuces. Buzy termine le tournage avec une jaunisse mais le film est une réussite. Entre rêves et cauchemars surréalistes, Buzy et Adrian sont poursuivis par une armée d’hommes masqués, une imagerie qui, de Bonnie Tyler (Total Eclipse of the Heart) à Laura Branigan (Self Control), inspire décidément les chanteuses pop de l’époque.

Le clip de 6 mn 30, tourné comme un long-métrage, est diffusé dans les salles de cinéma en 1984 et remporte le prix de la meilleure image et de la meilleure réalisation aux Festivals d’Antibes et de St-Tropez où il est en compétition avec Pull marine d’Isabelle Adjani (réalisé par Luc Besson) et Cargo d’Axel Bauer (réalisé par Jean-Baptiste Mondino).

Buzy Adrian

Le 45t reprend sobrement la photo de l’album éponyme, un portrait en noir et blanc réalisé par Alain Gardinier sur lequel Buzy cache la moitié de son visage. Une version longue de la chanson est réalisée pour les discothèques et paraît sur un maxi 45t promotionnel. Malheureusement, Adrian marquera plus les esprits pour son clip spectaculaire que par ses ventes de disques. Pourtant CBS y croit et le 45t sort en Italie avec une pochette différente (un gros plan en couleur sur la chanteuse) et Adrian est même enregistré en anglais avec le concours de Carole Fredericks, une version encore inédite à ce jour.

Mais, encouragée par les bons retours presse, Buzy continue à creuser son chemin de rockeuse dans un paysage dominé par la pop. I Love You Lulu, son troisième album en 1985 la voit collaborer avec Gainsbourg et le single Body Physical en 1986 (une réinterprétation de sa chanson 89) devient un tube du Top 50.

Les albums se suivent et Buzy publie son autobiographie, Engrenages, en 2004. Une double compilation, L’important (n’est pas d’être important), en référence au texte d’Adrian, sort en 2007 et son dernier album Au bon moment, au bon endroit en 2010. Un album tribute, Tous Buzy, où la jeune génération d’artistes rock indépendants rend hommage à la chanteuse, paraît en 2011 et l’on y retrouve Adrian réinterprété par Fancy. En 2017, c’est Mathieu Rosaz qui en livre une version acoustique et personnelle sur son album Ex-fan des 80’s.

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