Être le fils de deux légendes de la chanson française n’est pas toujours facile, surtout lorsque l’on se rend compte très tôt qu’on a soi-même des aspirations artistiques. Après le divorce de ses parents, David Hallyday part vivre à Los Angeles avec sa mère Sylvie Vartan. Il joue de la batterie, de la guitare, du piano et monte un groupe avec quelques amis du lycée. Tout d’abord un peu gêné par la notoriété de ses parents, David souhaite faire de la musique dans l’ombre, écrire des chansons, jouer de la batterie au sein d’un groupe. Ce sera sans compter l’obstination de Tony Scotti, deuxième époux de Sylvie et accessoirement producteur de disques et de films, qui lui met le pied à l’étrier.
Tony Scotti a sorti quelques albums en solo puis avec le groupe Heaven Bound aux Etats-Unis entre 1967 et 1972, avant de se lancer dans la production d’artistes (notamment de Petula Clark, Mel Carter et bien sûr Sylvie Vartan dès le début des années 80) et la création du label Scotti Bros. Records qui signe James Brown, le groupe Survivor et Frank Stallone (le frère de). Mais Tony a aussi été acteur et met très vite un pied dans la production audiovisuelle.
Il estime que David n’a pas à avoir de complexes quant au statut de ses parents, ce n’est tout bonnement pas dans la mentalité américaine. Il encourage donc le jeune homme à s’émanciper et à prendre le micro. Il l’emmène avec lui en studio pour faire quelques essais qui sont concluants et l’incite à écrire des morceaux. En attendant son heure, David sort quelques 45t promotionnels au Japon, signe une composition sur l’album de sa mère en 1986, puis Tony lui fait enregistrer trois morceaux pour la BO d’un film qu’il produit, Lady Beware. C’est d’ailleurs au cinéma qu’on va voir David Hallyday chanter pour la première fois puisque son beau-père lui propose un rôle dans He’s My Girl, une autre de ses productions. Pour sa première expérience cinématographique David est propulsé en haut de l’affiche et partage la vedette avec T.K. Carter (The Thing, Punky Brewster…) dans un teen movie musical où Bryan (joué par David) gagne un concours qui pourrait bien l’aider à lancer sa carrière de chanteur, la condition étant qu’il soit accompagné d’une femme. Comme il n’est pas question qu’il laisse tomber son meilleur pote Reggie, celui-ci deviendra Regina, d’où le He’s My Girl du titre (il ne s’agit donc pas d’une erreur grammaticale !).
Le film est dans les salles américaines en septembre 1987 et David récolte quelques critiques bienveillantes même si l’on souligne tout de même l’insignifiance de son rôle. Ce sont sur les passages chantés que le jeune homme se révèle être le plus à l’aise tout au long des trois chansons enregistrées sous la houlette du producteur Richie Wise (ancien du groupe de hard rock Dust) pour l’album de la BO du film où l’on retrouve également deux titres de Sylvie Vartan.
Le 45t He’s My Girl en est extrait et distribué aux Etats-Unis, en Europe et en Australie consécutivement à la sortie du long métrage. Le morceau rock commercialisé sur le label de Tony Scotti, et dont on peut voir le clip qui reprend des séquences du film sur MTV, fait une petite percée à la 79e place du Billboard américain. En France, Tony espère trouver un label local pour distribuer son beau-fils sans qu’on fasse le rapprochement entre leurs liens de parentés. Après de nombreux refus, c’est Phonogram (qui accueille également Sylvie) qui accepte finalement de diffuser le disque chez nous. Et même si le film n’atteint pas les écrans français, le coup d’essai de David Hallyday est une réussite puisque le 45t He’s My Girl fait son entrée au top 50 en décembre 1987 et atteindra la 8e place en février 88 avec un disque d’argent à la clé. On trouve en face B le titre Church Of The Poison Spider, toujours extrait du film, et un remix de He’s My Girl est réalisé pour le maxi 45t. Deux autres 45t seront lancés par la suite en Europe et aux Etats-Unis (Rock Revival et Move) mais sans succès.
En fin d’année, David est de retour et le binôme qu’il forme désormais avec la parolière Lisa Catherine Cohen lui permet de décrocher la première place du top 50 avec la ballade High tout début 89 et d’y rester scotché pendant cinq semaines. Le début d’une aventure qui connaîtra encore souvent les joies du palmarès des meilleures ventes de disques.