La variété est en tête en ce mois d’avril 1980 avec l’un des derniers grands succès de Jeane Manson ! Les disques pour enfants marchent bien également avec le générique d’Albator (Bécassine de Chantal Goya est toujours bien classé), et on s’arrête sur trois titres d’artistes qui vendront un peu moins mais deviendront des classiques : Pretenders, Jean-Patrick Capdevielle et Alain Chamfort.

Jeane Manson – Vis ta vie

Même si elle a tout d’un air romantique, Vis ta vie est une chanson de rupture : « La vie d’artiste est tellement à part qu’il est effectivement difficile de vivre constamment en harmonie avec son partenaire. Chacun étant occupé à son travail et les horaires étant très particuliers, il arrive souvent que l’un des conjoints ne soit pas là, précisément quand l’autre a besoin de sa présence », commente Jeane Manson à l’époque où sort sa chanson. Enregistrée à Los Angeles, Vis ta vie (de son parolier historique Jean Renard sur une musique de Pascal Renard) est arrangée par Lee Holdridge qui a travaillé notamment avec John Denver, Barbra Streisand, Diana Ross ou Paul Anka. Enorme tube, Vis ta vie est n°1 en ce mois d’avril 1980 avec des ventes qui dépassent les 700 000 exemplaires ! La chanson sera même enregistrée en espagnol (Si te vas) et fera l’objet d’un 45 tours en Espagne. Non extraite d’un album, Vis ta vie est incluse sur la compilation Les Grands Succès qui s’écoule à plus de 150 000 copies en 1980.

Eric Charden – Albator

En janvier 1980, c’est dans Récré A2 que les petits Français découvrent Albator, le corsaire de l’espace, série animée diffusée deux aux auparavant au Japon. En 42 épisodes, le succès est phénoménal et un générique français est spécialement créé par Didier Barbelivien et Eric Charden. C’est d’ailleurs à ce dernier que l’on doit le nom d’Albator (le personnage s’appelle Harlock en version originale), contraction entre albatros et Ballatore, nom de l’un de ses amis rugbyman dont le jeu lui rappelait la grâce du fameux oiseau. Mixant de nombreuses prises de voix pour créer la chanson du générique, Eric Charden en est aussi l’interprète même si les pressages ultérieurs du 45 tours font apparaître en médaillon une photo de Jean-Pierre Savelli (futur Peter de Peter et Sloane) et que celui-ci affirme que sa voix aurait été ajoutée a posteriori. Quoi qu’il en soit, le disque est un énorme succès qui enregistre des ventes de plus de 500 000 exemplaires. La même année, le générique est repris par Noam, Michel Barouille ainsi que par Dorothée et les animateurs de Récré A2.

Pretenders – Brass in Pocket

Troisième extrait du premier album du groupe anglo-américain The Pretenders, Brass in Procket en est également son premier succès. Un morceau dont la chanteuse Chrissie Hynde n’était pourtant pas vraiment satisfaite et qu’elle ne souhaitait pas voir sortir en single. Le titre de la chanson est inspiré d’une expression anglaise que la chanteuse américaine va entendre pour la première fois à la fin d’un concert, lorsque l’un des musiciens du groupe pour lequel The Pretenders assure la première partie demande à l’un de ses collègues qui vient de sortir son pantalon du séchoir : « Y avait-t-il de la monnaie dans les poches ? » Si l’on a beaucoup fantasmé sur les paroles du texte dont on a fait une chanson féministe, là n’était pourtant pas l’intention de Chrissie Hynde pour qui il s’agit d’un morceau très traditionnel et ironique, et où le personnage qu’elle endosse est décrit comme imbu de lui-même parce qu’ « on veut que les chanteurs rock soient sûrs d’eux et prétentieux ». Brass in Pocket sera n°1 en Angleterre et s’écoulera à plus de 200 000 copies en France.

Capdevielle – Quand t’es dans le désert

Tout d’abord journaliste puis directeur artistique, Jean-Patrick Capdevielle se lance dans la musique en 1978 avec Solitude, un premier 45 tours produit par Ketchup Music, maison d’édition et de production appartenant à William Sheller qui va vite faire faillite. Pourtant, Capdevielle a eu le temps de se faire remarquer et il va à enregistrer à Londres son premier album pour CBS en 1979. Mais sur les neuf titres que comporte son disque, il se rend compte qu’un des morceaux est beaucoup trop proche de la mélodie d’une chanson de Francis Cabrel qui vient de sortir. Il lui faut alors rapidement en composer une autre, ce sera Quand t’es dans le désert qu’il écrit d’un seul jet. Mais il n’aime pas le résultat qu’il accepte pourtant d’enregistrer sur l’insistance de ses musiciens et de ses proches. Incluse in extremis au 33 tours, cette critique politique du pouvoir en place est placée en face B du 45 tours Tout au bout de la ville. C’est pourtant cette chanson-là qui aura la faveur des programmateurs radio et qui fera vendre le single à plus de 200 000 copies.

Alain Chamfort – Géant

« Elle a trois ans, je suis fou d’elle, Elle m’éclate complètement la vie, J’me lève pour la voir la nuit… ». Géant, deuxième extrait de l’album Poses après l’énorme succès de Manureva (plus de 700 000 ventes), est une chanson dont le texte signé Jean-Michel Bériat est dédié à la fille d’Alain Chamfort, Clémentine, née en mai 1977. Pépite de la discographie du chanteur, la composition élégante et sophistiquée, mêlant synthés, basse et saxophone, en est assurée par Chamfort en personne et Jean-Noël Chaléat qui, ensemble, signent également tous les arrangements et la réalisation de l’album. Paru en 45 tours en février 1980 et arborant une photo de Jean-Baptiste Mondino, Géant est un succès de ce printemps 1980 qui va atteindre les 150 000 ventes. La tournée qui va suivre à partir d’avril s’intitulera Comme un géant, et Chamfort y apparaîtra entouré d’une armée de synthétiseurs et sera muni d’un micro-casque, une petite révolution dans l’univers de la pop française. Palais royal sera le dernier extrait de l’album Poses, album qui malgré ses deux tubes stagnera à 75 000 copies écoulées.

45 tours sélectionnés à partir des classements réalisés par le site Top France.

Voir aussi : Les succès de 1980 (3).