Retour en 1980 à travers cinq succès qui ont ponctué l’année musicale et ont figuré aux palmarès des meilleures diffusions.
Jairo – Les Jardins du ciel

Né en Argentine, Jairo connaît déjà de nombreux succès en Espagne et en Amérique latine avant son arrivée en France à la fin des années 70. Es la nostalgia et On se reverra sont les premiers 45 tours que les Français plébiscitent mais c’est avec l’adaptation d’une chanson allemande que Jairo décroche son plus gros succès. Sun of Jamaica, énorme tube européen par le groupe Goombay Dance Band, est adapté illico en français par Marc Strawzynski et proposé à Jairo. L’arrangement de Jean Claudric se veut plus variété (la version originale n’avait pas vraiment fonctionné chez nous) et le 45 tours s’écoule à plus d’un million de copies en France et se classe n°1 au Québec. Sur la face B, il chante un texte d’Yves Simon sur une de ses propres compositions. « Ça ne me gênait pas de passer d’une chanson très « Claude François » à une autre dans la lignée de Brassens », disait-il à Platine en 2007 à propos de son répertoire. Pour le marché hispanique, Les Jardins du ciel est enregistré en espagnol et devient Nuestro amor será un himno et, pour l’Italie, la chanson devient Tam tam. L’année suivante, Jairo s’installe provisoirement en France au moment où il tient l’affiche de l’Olympia.
France Gall – Il jouait du piano debout

« Je me souviens très bien de l’image de Jerry Lee Lewis debout au piano. J’avais trouvé ça extraordinaire, plein d’une énorme énergie. Ça n’est que deux ans et demi plus tard que j’ai écrit Il jouait du piano debout » disait Michel Berger de sa chanson écrite pour Paris, France, le troisième album qu’il compose pour France Gall et qui paraît en mai 1980. Un hymne à la différence dont la chanteuse dira qu’il en a eu l’idée après qu’ils aient vu ensemble un documentaire sur la vie du chanteur-pianiste américain. Tube évident, Il jouait du piano debout est placé en ouverture de l’album et sera le premier morceau à défendre l’album qui est présenté à la presse lors d’un petit-déjeuner à la Tour Eiffel sur une idée de Michel. Un lancement en fanfare qui laisse présager du meilleur, et en effet la chanson touche le cœur du public et devient l’un des plus gros succès de l’été (et même de l’année !) qui va dépasser les 800 000 ventes en France et atteindra même la 26e place des palmarès aux Pays-Bas. France Gall est partout en cette année 1980 et interprète son tube plus d’une dizaine de fois à la télévision, en faisant toutefois attention de ne pas apparaître trop souvent en compagnie de son mari afin de dissocier leurs deux carrières.
Lipps Inc – Funkytown

Monument de la disco, Funkytown est aujourd’hui encore dans toutes les têtes. Lipps, Inc n’est au départ composé que d’un seul membre, Steven Greenberg, originaire du Minnesota, qui compose des morceaux et propose ses services de DJ dans les fêtes et mariages. Convaincu qu’il est capable de se lancer dans la musique disco, il écrit quelques titres dont ce fameux Funkytown qui, une fois produit, ressemblera exactement à ce qu’il avait en tête, ce qu’il voit comme un signe. Impossible cependant de trouver la voix qu’il recherche pour interpréter ses morceaux, jusqu’à ce qu’une des chanteuses qu’il auditionne lui conseille de contacter Cynthia Johnson qui finira par devenir la deuxième moitié de Lipps, Inc. Après un premier petit succès avec Rock It en 1979, Funkytown, dont le texte exprime le désir de s’échapper d’une petite ville où il ne se passe pas grand-chose, est un raz-de-marée en 1980 et décroche la première place des charts dans une douzaine de pays. La France n’y échappe pas et le titre est n°1 des discothèques et dépasse les 500 000 ventes.
Carole Laure et Lewis Furey – Fantastica

A l’image de France Gall et Michel Berger, un autre couple, mais montréalais celui-ci, est très présent dans l’actualité culturelle de ce début de décennie. Si l’univers cinématographique de Carole Laure et celui musical de son compagnon Lewis Furey s’imbriquent de plus en plus, la quintessence de leur collaboration s’affiche sur les écrans avec le film Fantastica, suite logique de leurs récents spectacles musicaux. Réalisé par Gilles Carle, ce film musical met en vedette Laure et Furey (également compositeur de la BO) et suit la préparation d’un spectacle dans une petite ville de la province canadienne. Présenté en ouverture à Cannes, le film repart bredouille et c’est surtout sa bande-originale qui va faire impression, et notamment la chanson-phare qui sort en 45 tours, extraite des onze titres écrits en trois mois par Furey et qu’il mettra six mois à enregistrer en anglais, les délais de production empêchant une adaptation en français. Chanson atypique qui fusionne les influences de Furey (classique, jazz, comédie musicale…), Fantastica est bien diffusée à partir du printemps et connaît un petit succès.
Valérie Lagrange – Faut plus me la faire

En 1979, Valérie Lagrange joue dans les bars et restaurants parisiens en duo avec son compagnon, le guitariste Ian Jelfs, afin de récolter un peu d’argent pour enregistrer des maquettes. Sur conseil d’un ami, elle prend rendez-vous avec l’éditeur Philippe Constantin qui, emballé, lui promet un contrat avec une maison de disques. A Londres, c’est Richard Branson de chez Virgin qui se montre intéressé et signe la chanteuse et comédienne française avec une avance de 100 000 francs. L’album qu’elle signe entièrement (à l’exception d’une reprise de Bob Dylan et deux compositions co-signées avec Ian Jelfs) est également enregistré à Londres avec les musiciens du groupe The Sinceros. Superbe mélange de reggae et de rock, la modernité du premier extrait, Faut plus me la faire, au texte désabusé, fait sensation et entre en forte rotation sur RTL. « Je n’écris qu’en état d’urgence, quand il faut que quelque chose sorte. Les morceaux que j’aime le plus, sont ceux écrits vraiment sans effort. Faut plus me la faire est une chanson que j’ai écrite dans ma loge à Aix-les-Bains, un soir où j’étais très en colère », dit-elle en 1994 au magazine Je chante !
45 tours sélectionnés à partir des classements réalisés par le site Top France et par le blog Charts singles Top 50 en France.
Voir aussi : Les succès de 1980 (6).