Michel Berger : les années tubes (1980 – 1990)

Michel Berger les années tubes Pop Music Deluxe

Ado chanteur et directeur artistique dans les années 60, compositeur et producteur à succès dans les années 70, les années 80 de Michel Berger sont celles de tous les tubes. Pour sa compagne France Gall d’abord, qui vend 45 et 33 tours à la pelle, pour Johnny Hallyday avec l’album Rock’n’roll attitude, mais surtout pour lui-même puisqu’il accède enfin au succès populaire grâce à une poignée de hits qui lui permettent également de faire ses premières scènes… Retour sur les années tubes du faiseur de pop songs à la française par excellence.

La Groupie du pianiste (1980)

Michel Berger La Groupie du pianiste Pop Music Deluxe

Après l’aventure Starmania, Michel Berger s’attelle à l’écriture de son nouvel album mais également à celui de France Gall, et pour la première fois leurs deux opus sortent presque simultanément : Beauséjour de Berger fin janvier 1980 et Paris, France de Gall fin mai. Enregistré avec des musiciens américains, Beauséjour est le 33 tours qui propulse la carrière de Michel Berger à la force d’un tube, La Groupie du pianiste. La chanson existe depuis quelques mois déjà puisqu’il l’interprète en novembre 1978 lors du Numéro un qui lui est consacré par les Carpentier. Ce portrait au vitriol d’une fan se retrouve en compétition directe avec Il jouait du piano debout qu’il a écrit pour France et ces deux histoires de pianistes se côtoient au palmarès des meilleures ventes de l’été et accèdent au top 10 au mois d’août. Et si Il jouait du piano debout dépasse les 800 000 ventes, La Groupie n’est pas en reste avec plus de 400 000 45 tours écoulés, le plus gros succès de Berger en solo. Quant à sa face B, Quelques mots d’amour, elle sera elle aussi jouée en radios et deviendra l’un des classiques du musicien. La Groupie du pianiste sera également un joli succès en discothèques où les DJ enchaîneront souvent le morceau à Il jouait du piano debout.

Celui qui chante (1980)

Michel Berger Celui qui chante Pop Music Deluxe

Après un été qui a vu Michel Berger faire ses débuts sur scène avec un orchestre symphonique au Théâtre des Champs-Elysées, la rentrée s’annonce avec un nouvel extrait de l’album Beauséjour, Celui qui chante. (Auto)portrait de l’artiste, il y évoque le pouvoir cathartique des chansons et le morceau, même s’il ne connaît pas le même engouement commercial que La Groupie, va devenir un classique de son répertoire et donnera son titre à un premier coffret intégral et une compilation de 1994. Sur la pochette du 45 tours, il pose pour l’objectif de Dominique Isserman. Beauséjour sera certifié disque d’or et dépassera les 150 000 ventes et Berger s’exprime à Paris Match en 1980 sur son récent succès en ces termes : « Le temps a travaillé pour moi. En ce sens que je suis toujours le même mais que les gens, eux, ont évolué. » La même année sort le double album live de son concert au Théâtre des Champs-Elysées sur lequel il reprend, en plus de ses succès, ceux qu’il a écrit pour d’autres : La Déclaration d’amour, Message personnel, Les Uns contre les Autres.

Mademoiselle Chang (1981)

Michel Berger Mademoiselle Chang Pop Music Deluxe

1981 est à nouveau une année où Michel et France feront l’actualité avec un album chacun : Beaurivage pour l’un (le 3 septembre) et Tout pour la musique pour l’autre (le 10 décembre). Sur Beaurivage, il retrouve son équipe de musiciens français et le premier extrait en est Mademoiselle Chang, image douce-amère d’une déracinée, et plus précisément inspiré du destin de la nourrice cambodgienne de sa fille Pauline. Le titre est dansant et renouvelle l’exploit de La Groupie du pianiste en se glissant parmi les dix meilleures ventes de 45 tours début novembre et en s’écoulant à plus de 200 000 copies. Pas suffisant hélas pour faire de cet album aux thématiques assez sombres un succès commercial que n’aidera pas le choix de Maria Carmencita / Déjà je suis loin en deuxième simple. Il lui permet toutefois de retrouver la scène avec un spectacle à l’Olympia en avril 1982.

Innocent Eyes (1982)

Michel Berger Innocent Eyes Pop Music Deluxe

Berger, qui rêve de se lancer sur le marché américain, s’envole pour Los Angeles afin d’enregistrer un album-concept, sorte de carte de visite pour se faire connaître en tant que musicien là-bas, avec pour thématique la ville de New York, ses infinis possibles mais également ses déconcertantes déconvenues et le sentiment de pouvoir facilement s’y perdre. S’il en compose tous les titres, l’adaptation des paroles en anglais est confiée à des auteurs locaux tout comme l’interprétation qu’il va laisser à des vocalistes américains. Intitulé Dreams in Stone sur l’insistance de la maison de disques en adéquation avec l’œuvre de Stanislaw Zagorski qui illustre la pochette, cet opus qui pourrait bien être l’ébauche d’une nouvelle comédie musicale est commercialisé outre-Atlantique le 16 novembre 1982. Le casting en est prestigieux et une partie des musiciens du groupe Toto (pour ne citer qu’eux) se retrouve sur le disque qui va pâtir d’un manque de promotion et de problèmes contractuels entre les labels des différents interprètes. La presse musicale remarque pourtant cet OVNI et s’en fait l’écho et Innocent Eyes (l’un des deux singles), vision d’un enfant sur la jungle urbaine interprété par Rosanne Cash (fille de Johnny Cash et chanteuse de country), entrera dans les classements des radios adultes du Billboard le 26 février 1983 et grimpera jusqu’à la 23e place. Un troisième extrait prévu ne sortira pas. Berger en gardera un goût amer et ne renouvellera pas l’expérience malgré un contrat qui prévoyait l’enregistrement d’autres albums américains.

Voyou (1983)

Michel Berger Voyou Pop Music Deluxe

Michel Berger se remet vite au travail et son septième album, qui paraît le 17 février 1983, aurait dû s’appeler Beausoleil mais fut débaptisé au profit de Voyou. « Avec Voyou, je ressens des choses plus primaires en musique. J’ai envie d’aller à des choses plus essentielles, plus centrées sur une rythmique, avec peu de musiciens. Centrées aussi sur l’énergie. J’ai toujours composé des ballades mais il est intéressant de faire autre chose ». Gêné par son image d’intello, Voyou est pour lui une revendication : « Un intellectuel n’est pas capable de chanter Voyou avec Jannick Top et Claude Engel sur scène. Je crois qu’il faut être foncièrement anti-intello pour faire cela », déclare-t-il à l’époque. Parallèlement, il a créé les disques Apache, une petite « cellule de production » à taille humaine et familiale, échaudé par les difficultés rencontrées avec son disque américain, aux prises avec les enjeux commerciaux des grandes sociétés internationales. Le 45 tours Voyou, premier extrait du LP éponyme, est un nouveau succès, classé dans les 20 meilleures ventes en avril 1983, il s’écoule à plus de 200 000 copies.

Les Princes des villes (1983)

Michel Berger Les Princes des villes Pop Music Deluxe

Berger cède à sa maison de disques et sort un deuxième extrait de Voyou (son désir était de n’en commercialiser aucun single), et c’est un morceau important pour lui qui est choisi, Les Princes des villes. « Les Princes des villes, c’est un regard vrai sur l’aspect superficiel de la vie des stars. Il faut savoir que nous sommes tous des étoiles filantes. Faire ce que le public aime, cela tient à très peu de choses. Les grands concerts, ces messes du rock’n’roll ne durent qu’un temps. Mais cette chanson, c’est aussi la retranscription du plaisir de la scène. C’est pour cela qu’elle commence en studio pour se terminer sous une forme « live ». La scène, une fête fugace mais très intense ». Lumière du jour, la face B, aura droit par la suite à son exploitation propre, mais uniquement promotionnelle. L’album Voyou, qui contient un autre essentiel, La Minute de silence, sera certifié disque d’or. France Gall reprendra Les Princes des villes lors de ses concerts à la Salle Pleyel en septembre/octobre 1994 et en fera même un single accompagné de remixes.

Y a pas de honte (1985)

Michel Berger Y a pas de honte Pop Music Deluxe

Différences, l’album de 1985 avec sa pochette « united colors of Benetton », est enregistré en majeure partie à New York et Los Angeles mais avec principalement des musiciens français. On y trouve une participation de Jean-Jacques Goldman sur Quand on est ensemble, un clin d’œil à Cyndi Lauper sur L’Ange aux cheveux roses, mais plus généralement c’est un disque tourné vers les autres. « J’ai voulu exprimer le droit à la différence, à la tolérance, à l’affirmation de soi », dit-il du premier single Y a pas de honte pour lequel un remix est créé sur maxi 45 tours. Le clip est réalisé par Louis Chedid mais malgré de bonnes rotations radios, Y a pas de honte n’entre pas au Top 50.

Chanter pour ceux qui sont loin de chez eux (1986)

Michel Berger Chanter pour ceux Pop Music Deluxe

Si tu plonges, chanson où il donne des conseils à son fils, est le deuxième extrait de Différences début 1986 mais c’est Chanter pour ceux, le troisième single, qui passera à la postérité. Outre les préoccupations humanitaires qui habitent le musicien (qui vient de lancer Action Ecoles avec Daniel Balavoine sur le modèle du Band Aid de Bob Geldof), c’est aussi un moment phare de son concert au Zénith de Paris en avril : « Dans tous mes récitals, j’ai l’habitude de consacrer quelques minutes à chanter seul au piano. C’est l’un de mes instants préférés, car c’est ici que le dialogue avec le public atteint la plus haute intensité ». France Gall reprendra la chanson lors de ses concerts à Bercy en 1993 et Lââm en fera un très gros succès en 1998 (n°2 pendant 10 semaines). L’album Différences sera disque d’or mais aucun de ses singles n’entrera au Top.

Ça ne tient pas debout (1990)

Michel Berger Ca ne tient pas debout Pop Music Deluxe

Après l’énorme succès de l’album Babacar pour France Gall, la deuxième mouture de Starmania et cinq ans après Différences, Berger est de retour avec son dernier album solo. « J’ai la chance de ne pas être obligé de fournir à une maison de disques un album à date fixe. Cela me laisse le temps de laisser venir l’envie, et de n’enregistrer que lorsque j’ai l’impression d’avoir quelque chose à dire. » Enregistré entre la France, le Danemark et les Etats-Unis, Ça ne tient pas debout est un album qu’il estime différent et sans doute le plus abouti. Il travaille notamment avec deux musiciens de Cyndi Lauper, Jeff Bova et Jimmy Bralower, qui ont arrangé le single Change of Heart de la chanteuse dont la parenté avec Ça ne tient pas debout est évidente, particulièrement sur sa version remix. Premier single éponyme, Ça ne tient pas debout est une chanson sur le handicap : « J’ai voulu parler d’eux à ceux qui dansent sur mes musiques. Pour qu’ils se rendent compte du bonheur qu’ils ont de bouger. Pour qu’ils cessent de s’affliger de leurs handicaps mineurs. »

Le Paradis blanc (1990)

Michel Berger Le Paradis blanc Pop Music Deluxe

« Je rêve de ces étendues blanches de l’Antarctique, de ces mondes de pureté, de silence ». Le Paradis blanc sera le deuxième et dernier extrait de Ça ne tient pas debout, hymne écologique qui s’ouvre sur des chants de baleines échantillonnés : « J’aimerais parfois retrouver cette nature telle qu’elle était, avant que l’homme ne la pollue ou la détruise, sans penser qu’elle est son plus grand trésor. Je pense au monde que nous offrirons aux enfants. » Mais le single ne marche pas mieux que le précédent, et rate à nouveau le Top 50. Ce sera, comme nombre des chansons de Berger, un morceau qui passera à la postérité avec le temps. France Gall le reprend à Bercy en 1993 et en fait un single, tout comme Véronique Sanson en 1999. L’album Ça ne tient pas debout fera mieux que son prédécesseur, 15e du Top album, il sera certifié double disque d’or. « Je me dis que cet album est peut-être mon dernier album… Je ne me vois pas devenir un vieux chanteur ».

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