En 1986, quand paraît le sixième album studio de Bonnie Tyler, la chanteuse galloise est déjà une immense star. Celle qui a fait ses débuts avec un répertoire country (on se souvient bien sûr de It’s a Heartache, tube de 1977) se transforme en reine de la pop/rock au début des années 80 sous l’impulsion du producteur Jim Steinman qui lui écrit le tube planétaire Total Eclipse of the Heart pour son premier album chez Columbia en 1983. N°1 aux États-Unis et au Royaume-Uni, le single se vend en tout à plus de 5 millions de copies et devient une ballade incontournable et épique qui, dans sa version album, dépasse les 7 minutes. Les tubes et les clips à gros budgets s’enchaînent (Holding Out for a Hero, Here She Comes… en 1984) pour la chanteuse à la voix si particulière et identifiable qu’elle doit à une opération des cordes vocales en 1977.
Après trois années de promotion intense, il est temps de penser à un deuxième album pour Columbia. Puisqu’il est à l’origine de son récent succès, Bonnie Tyler conserve Jim Steinman à la production et ce dernier lui écrit Loving You’s a Dirty Job but Somebody’s Gotta Do It, un duo avec le musicien américain Todd Rundgren, qui sort quelques semaines avant l’album. Mais pour un retour, le titre ne convainc pas vraiment et atteint péniblement le top 40 de quelques charts européens (Suisse, France…).
Pour le lancement de l’album Secret Dreams and Forbidden Fire en 1986, on sort alors l’artillerie lourde avec le titre If You Were a Woman (And I Was a Man) qui fait office de nouveau single. Le titre pop-rock à la flopée de chœurs dramatiques (si typique des tubes de la chanteuse) et son solo de saxo a tout pour séduire. Le texte évoque les problèmes de communication entre hommes et femmes et la chanteuse y émet le souhait d’échanger les rôles pour une journée en se mettant dans la peau d’un homme, une thématique qu’évoquait déjà Kate Bush l’année précédente dans Running Up That Hill. On met à nouveau des moyens dans un vidéo-clip réalisé par Stuart Orme et Jim Steinman où Bonnie Tyler apparaît telle une prêtresse de night-club trônant dans un décor de toile d’araignée géante et qui conclura la séquence en transformant un homme en femme (il faut bien coller au thème de la chanson !).
Le précédent album, à part les compositions de Steinman, était surtout constitué de reprises mais cette fois-ci on fait appel à d’autres auteurs-compositeurs. C’est Desmond Child qui offrira à Bonnie If You Were a Woman (And I Was a Man). Le musicien américain a déjà écrit des tubes pour Kiss et Cher et deviendra par la suite un collaborateur fidèle de la chanteuse. Mais malgré cela le succès ne se répète pas et si Bonnie signe avec ce titre sa dernière entrée au Billboard US (en 77e position) la chanson ne fera pas d’étincelles ailleurs qu’en France (qui aime visiblement la chanteuse et qui aura l’occasion de le lui prouver par la suite à plusieurs reprises). Le 45 tours restera classé chez nous cinq semaines dans le top 10 dont une à la sixième place, il sera même certifié disque d’argent pour plus de 250 000 exemplaires vendus. Trois versions de la chanson existent : un edit de 4 minutes sur le 45 tours, une version longue de 4 minutes 45 sur le maxi 45 tours et la version vinyle de l’album, et une version de 5 minutes 15 sur la version CD de l’album.
Pour la petite anecdote, quelques mois plus tard la même année, Bon Jovi sort son single You Give Love a Bad Name, un tube qui atteindra la première place aux Etats-Unis. Si l’on est attentif à l’écoute du morceau, on se rendra aisément compte que la structure mélodique du refrain est exactement la même que celle de If You Were a Woman (And I Was a Man). Loin d’être un plagiat, on retrouve à la composition, outre Jon Bon Jovi et Richie Sambora, le fameux Desmond Child qui s’est sûrement dit qu’après tout les bonnes idées ne se perdaient jamais !
Le 15 juillet 2020, lors d’une écoute de l’album commentée par Bonnie sur Twitter, elle dira de sa chanson : « Le clip de If You Were A Woman (And I Was A Man) est mon préféré, à égalité avec celui de Total Eclipse of the Heart ».
Pour Bonnie Tyler, les singles suivants s’enchaînent sans vraiment marquer les esprits. Il faudra attendre pour cela le début des années 90 où elle signe sur le label allemand Hansa Records. Avec les contributions de Giorgio Moroder et Dieter Bohlen (Modern Talking), son album Bitterblue est un succès dans les pays nordiques et de l’Est en 1991 (n°1 en Autriche et en Norvège et disque d’or en Allemagne, Suisse et Suède). En 2003 elle fait un retour remarqué en France où son tube Total Eclipse of the Heart est partiellement adapté en français et interprété en duo avec Kareen Antonn. Rebaptisé Si demain… (Turn Around), le single se hisse à la première place de nos charts (pendant 10 semaines !) et est certifié platine en France et en Belgique.
« Bitterblue » est un bon album en 1991.
Dieter Bohlen a fait un très beau travail avec elle qui se poursuivra avec l’album « Silhouette in Red » en 1993, encore meilleur.
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