Françoise Hardy – Tirez pas sur l’ambulance

Les années 80 représentent un virage plutôt difficile à aborder pour les artistes déjà bien installés, notamment ceux ayant explosé dans les années 60, comme Françoise Hardy. Si la carrière de France Gall prend son essor grâce à Michel Berger, Sheila, Sylvie Vartan ou Françoise Hardy sont en perte de vitesse malgré quelques « coups » qui marqueront la décennie par leur présence fugace au Top 50.

Côté personnel, Françoise Hardy débute les années 80 par un mariage en mars 1981 avec Jacques Dutronc, son compagnon de longue date, et développe de plus en plus son activité d’astrologue en animant notamment une émission radiophonique sur le sujet. Musicalement, le son jazzy de ses albums de la fin des 70’s s’estompe peu à peu pour retrouver la variété. Tamalou et son texte naïf et amusant sera un petit succès en 1981. 

Pour la chanteuse, ce début de décennie voit se poursuivre sa collaboration avec le compositeur Gabriel Yared. Débutant sa carrière dans la variété (Charles Aznavour, Mireille Mathieu, Johnny Hallyday…), il est plus tard reconnu pour ses musiques de films (37,2° le matin, Camille Claudel ou plus tard Le Patient anglais, Le Talentueux M. Ripley…). Il réalisera pour Françoise Hardy cinq albums dont Quelqu’un qui s’en va qui sort en 1982, son vingtième album qui marque ses vingt ans de carrière.

Dernier opus de leur collaboration, Quelqu’un qui s’en va est presque entièrement composé par Yared et écrit par Carole Coudray (exception faite de la présence notable de Michel Fugain et d’Alain Souchon, ainsi que d’une reprise de Gainsbourg). Françoise Hardy, habituellement très impliquée dans l’écriture, y est très peu mise à contribution. Il faut dire que Yared impose plus ou moins Carole Coudray, sa nouvelle compagne, à l’écritures des textes du nouvel album, et demande à la chanteuse de faire preuve d’indulgence dans son jugement, sachant qu’elle a pour habitude de livrer ses sentiments avec une franchise parfois redoutable. Réalisé au studio + XXX, récemment acquis par l’ingénieur du son Claude Sahakian et dont la construction n’est pas encore totalement achevée, le disque s’accommodera de cette collaboration forcée, une fois les quelques soucis liés à la coordination des textes et des musiques réglés par la chanteuse elle-même. Toutefois, interrogée par Ciné Revue en 1983, elle ne s’empêchera pas de faire référence aux textes de sa carrière qu’elle n’a pas écrits en ces termes : « (…) il m’est arrivé de trouver que certains ne correspondaient pas du tout à mon âge… Sur mon dernier disque, en particulier, et cela me dérange ! Je trouve un peu ridicule de chanter, à trente-neufs ans,  »Il est parti, je suis triste »… »

C’est le titre le plus dansant de l’album, Tirez pas sur l’ambulance, qui est mis en avant et restera le plus populaire de cette période (encore présent sur certains best of de la chanteuse). Françoise Hardy en explique la genèse en 2008 dans Le Désespoir des singes : « Gabriel n’appréciait pas que Michel Berger reste ma référence majeure en matière de composition comme de production, et il m’avait présenté cette chanson en me lançant : « Tu veux du Berger, en voilà… » Ce pastiche très réussi bénéficia de surcroît d’une formidable réalisation, pleine d’énergie, qui contribua à son relatif succès ».

Le titre fait en effet la part belle aux synthés et aux cuivres et le rythme très marqué est encore emprunt de quelques restes de disco. Le portrait de la chanteuse qui orne la pochette du 45 tours, et qui sert aussi pour illustrer l’album, est signé de son ami Serge Gainsbourg. Une séance qui va se dérouler au studio Mac Mahon et durant laquelle Françoise Hardy s’inquiètera de voir l’assistant de Gainsbourg prendre en charge les opérations à sa place pour un résultat désastreux : « Les lumières étaient mauvaises et les photos aussi. Par chance, en les examinant soigneusement, je vis qu’une seule d’entre elles feraient une superbe pochette et j’en éprouvai un soulagement intense ».

La promotion du 45 tours débute en télévision fin juin 1982 dans l’émission Transit, mais la chanteuse limite volontairement ses apparitions car l’exercice ne l’intéresse guère : « Je ne participe en général qu’à quelques émissions de radio, ce que je fais d’ailleurs bien volontiers, mais je ne parviens pas à surmonter ma réticence à l’égard de la télévision… Je n’accepte d’y aller que lorsque je sens vraiment que je dois le faire, pour rendre notamment hommage à toutes les personnes qui ont travaillé avec moi ! »

Fait marquant dans la carrière de Françoise Hardy, Tirez pas sur l’ambulance bénéficie d’un clip vidéo, le tout premier réalisé pour l’artiste. On y sent l’interprète étonnement à l’aise, se pliant volontiers aux exigences du réalisateur qui visiblement ne craint pas d’abuser des effets visuels ! 

Avec sur sa face B L’Auréole néon, Tirez pas sur l’ambulance est également pressé sur un maxi 45 tours promotionnel qui, s’il n’offre pas de version longue de la chanson, a la singularité de présenter un mixage très légèrement différent, agrémenté de deux secondes supplémentaires. Succès relatif en France comme le dit la chanteuse (moins de 80 000 exemplaires), Tirez pas sur l’ambulance marchera en revanche très bien au Québec.

Un peu plus tard au cours de la décennie, Françoise Hardy goûtera aux joies du Top 50 : en 1986 avec V.I.P. puis avec Partir quand même, succès de l’année 1988 extrait de l’album Décalages.

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