Madleen Kane – You Can

A l’instar d’ABBA, Madleen Kane nous vient elle aussi de Suède et va s’illustrer dans la musique disco. Si son père est chanteur d’opéra, sa mère est mannequin et c’est dans cette même voix que Madleen va tout d’abord débuter sa carrière. Sa plastique avantageuse lui permet vite de travailler en Allemagne et de faire quelques couvertures de Playboy, mais c’est en débarquant à Paris en 1975 qu’elle fait la rencontre de Jean-Claude Friederich qui possède une agence pour laquelle elle vient faire des photos et qui deviendra son mari en 1979.

Ce dernier dirige les éditions musicales Boona Music et décide tout naturellement de produire un disque pour Madleen qui a toujours eu envie de chanter. Parmi les collaborateurs réguliers de Friederich on compte Paul et Lana Sebastian, un frère et une sœur qui composent ensemble, et notamment des hits pour Sheila et Ringo (Les Gondoles à Venise) ou Dalida (Gigi l’amoroso), toujours avec Michaele aux paroles. C’est l’époque où la France produit beaucoup de disco et le trio Michaele, Paul et Lana se lance évidemment dans l’aventure en signant des morceaux pour Theo Vaness, Roberto Fabiano ou Pacific Blue. Ils écrivent ensemble la moitié du premier album de Madleen Kane, Rough Diamond, enregistré en France aux studios Gang et Ferber à Paris et arrangé par Thor Baldursson et Tony Lexter. Un premier essai qui sort chez CBS en 1978. La jeune chanteuse est régulièrement invitée à la télé française (et notamment dans les shows des Carpentier), et son premier 45 tours, Rough Diamond, sera chez nous un succès de discothèques au mois de juin. Très vite, c’est dans les clubs américains que Madleen va susciter l’engouement, classant des extraits de ses trois premiers albums dans le top 10 en 1978, 1979 et 1980.

Madleen Kane et Michel Sardou, décembre 1978

Mais en ce début de décennie, la musique de discothèque est en train d’évoluer vers des sonorités plus électroniques et il est temps pour Madleen de confirmer le virage amorcé avec son troisième album Sounds of Love. C’est Tom Hayden, l’imprésario de la chanteuse, qui va lui permettre de rencontrer Giorgio Moroder. Le compositeur et producteur italien vient de signer les récents succès de Donna Summer (On the Radio) et de Blondie (Call Me) et commence à être de plus en plus demandé. Madleen se souvient : « Je suis allée chez lui, je l’ai rencontré, on a discuté de la possibilité de travailler ensemble et il m’a fait écouter des choses qu’il avait écrites. J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt. Il a dit qu’il voulait me produire. Une idée qui m’excitait beaucoup ! Rendez-vous compte, il a écrit You Can pour moi, une chanson vraiment très belle, et, évidemment, je connaissais son super travail avec Donna Summer. »*

Le nouvel album est cette fois enregistré intégralement aux États-Unis, et plus précisément aux studios Westlake à Los Angeles où Moroder a ses habitudes. Il compose sept des huit titres de l’opus qu’il produit lui-même tandis que les arrangements sont confiés à Greg Mathieson. Le texte de You Can, qui ouvre l’album du même nom, est signé par Pete Bellotte avec qui Moroder a créé certains des plus grands succès de Donna Summer. Le morceau, arrangé par Harold Faltermeyer et long de près de sept minutes, a d’ailleurs une structure similaire à celle du tube Last Dance. Après une intro d’1 mn 20 sous forme de ballade, le tempo accélère subitement comme une invitation à s’emparer de la piste de danse, les synthés de Faltermeyer en avant. La voix candide de Madleen se pose avec douceur sur les percussions de Keith Forsey et le pont musical laisse la place à la guitare électrique de Richie Zito.

Bien ficelé et efficace, You Can va à nouveau recevoir les faveurs des clubbers aux États-Unis où il se classe n°1 des discothèques pendant trois semaines fin 1981 / début 1982. En février, il monte même jusqu’à la 77e place du Billboard Hot 100. En France, la chanteuse est désormais distribuée par Trema (le label de Michel Sardou) et la promotion démarre en télé en décembre 1981 dans Avis de recherche sur TF1 avant de se poursuivre en mars dans un Formule Un spécial Michel Sardou puis dans Dimanche Martin. You Can sera chez nous un petit succès qui dépassera les 100 000 ventes. Dans le reste de l’Europe, on note une 23e place en Italie et une 32e en Belgique.

Pour sa sortie en 45 tours la chanson est raccourcie à 3 mn 40 tandis que le maxi 45 tours propose la version album. Le maxi américain offre quant à lui une version spéciale de 5 mn 38 remixée par Brian Reeves et Jean-Claude Friederich. Enfin, on note deux pressages du 45 tours en France, l’un mettant en avant sur sa pochette les deux titres du simple (You Can et Don’t Wanna Lose You), et l’autre se concentrant uniquement sur You Can avec l’ajout d’un macaron « n°1 USA ».

Madleen poursuit sa route encore quelques années, signe un autre petit succès en France avec Playing For Time (plus de 80 000 ventes en 1983), single qui se classe également 10e des discothèques aux États-Unis. I’m No Angel, extrait de son dernier album Cover Girl en 1985, signe sa dernière apparition dans les charts là-bas.

Elle prend par la suite du recul et se consacre à sa vie de famille avant de publier en 2018 son autobiographie : Rough Diamond: A Memoir.

* interview de James Arena pour First Ladies of Disco, 2013

2 commentaires

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s