Alphaville – Big in Japan

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En 1984, Big in Japan, le premier 45t du groupe allemand Alphaville, est un énorme tube. Alphaville (ainsi nommé en hommage au film de Jean-Luc Godard) émerge en 1982 à la suite de diverses formations transitoires à durée de vie limitée : le collectif d’artistes Nelson Community, les groupes Chinchilla Green puis Forever Young, avant de prendre sa forme finale menée par les trois garçons Marian Gold, Bernhard Lloyd et Frank Merten.

Ecrite dans sa première mouture en 1978, la chanson Big in Japan est jouée en live pour la première fois dans une discothèque de la ville d’Enger en 1982. En 1983, Marian Gold fait le tour des maisons de disques berlinoises avec une cassette démo sur laquelle le morceau ne figure pas. Déjà lassé de cette composition qui date de quelques années ainsi que de l’enthousiasme unanime qu’elle génère, Marian décide en effet de ne pas présenter la chanson. Malgré cela le groupe se fait rapidement signer chez WEA et, grâce à l’obstination de Bernhard Lloyd, présente tout de même Big in Japan dans une version remaniée à la maison de disques qui, emballée, en fait naturellement le premier 45t du groupe.

Le texte du morceau, qui peut prêter à de multiples interprétations, sera commenté quelques années plus tard par Marian Gold. Dans le Berlin des années 80, la gare du jardin zoologique évoquée dans la chanson est un endroit fréquenté par les junkies. En y situant son action, Marian évoque dans Big in Japan l’histoire d’un couple qu’il a connu et qui essaye de décrocher de son addiction à l’héroïne. Le titre et le refrain font directement référence au groupe anglais Big in Japan, dont Marian a acheté l’album en 1977, mais également à ces musiciens qui ne trouvent pas le succès dans leur propre pays tout en se targuant d’être des stars au Japon (où personne n’ira vérifier). Marian attribue donc à ce couple de junkies le désir de briller ailleurs que chez soi où il ne représente pas grand chose. Un texte poétique et noir à souhait qui conforte l’envie d’Alphaville de proposer une new wave ambitieuse dans la continuité de ses références : Kraftwerk, OMD ou même David Bowie.

Big in Japan est dans les bacs en janvier 84 alors que les membres d’Alphaville travaillent encore tous en parallèle afin de subvenir à leurs besoins. C’est donc dans la cuisine d’un restaurant que Marian entend pour la première fois sa chanson à la radio alors qu’il est en train de peler des pommes de terre. L’engouement et le succès est rapide et le 45t se retrouve en tête du hit-parade allemand, délogeant le Relax de Frankie Goes to Hollywood (dont le chanteur Holly Johnson était également celui du groupe Big in Japan). Pris de court, Alphaville n’a pas encore eu le temps de tourner un vidéoclip. Ce sera le cas au printemps dans des studios de Berlin où Dieter Meier du groupe Yello dirige le groupe dans des costumes et des décors psychédéliques.

Pendant ce temps Big in Japan devient un tube européen : n°1 en Suisse et en Suède, n°2 en Espagne et en Belgique, n°3 en Norvège, n°4 en Autriche, n°8 au Royaume-Uni et n°13 en France où il s’en vend plus de 300 000 exemplaires. Le groupe fait même sensation aux Etats-Unis en devenant n°1 des diffusions en discothèques début décembre. Au Japon par contre le titre passera inaperçu, malgré l’envoi d’un 45t promotionnel.

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Un remix de Big in Japan est bien entendu réalisé pour sa sortie en maxi 45t, tout comme une version longue instrumentale. La version proposée plus tard sur l’album sera plus longue avec une intro différente. Sur la face B du 45t, Seeds est un morceau qu’on ne retrouvera pas par la suite sur le premier album du groupe. Si la plupart des marchés adoptent un visuel commun pour le 45t (à savoir un assemblage d’aplats de couleurs parmi lesquelles on trouve un portrait du groupe), la France, comme souvent, fait exception en proposant uniquement la photo des trois garçons sur toute la largeur de la pochette.

Alphaville ne s’arrêtera pas en si bon chemin et les deux 45t suivants seront également des succès : Sounds Like a Melody et Forever Young. Remixé à de nombreuses reprises (notamment pour une nouvelle sortie en single en 1992), Big in Japan sera repris à profusion, tout d’abord par la chanteuse Sandra qui adapte le titre en allemand, Japan ist weit, en 1984 avant de signer son premier tube solo avec (I’ll Never Be) Maria Magdalena l’année suivante, mais également par Ane Brun en 2008 ou encore récemment par Trine Dyrholm pour les besoins du film Nico, 1988.

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