Chris Rea – Josephine

Chris Rea - Josephine Pop Music Deluxe

C’est sur le tard que Chris Rea se met à la musique. Le jeune Anglais s’offre sa première guitare à 22 ans et commence à composer, s’inspirant notamment de Ry Cooder. Ce n’est qu’après quelques passages dans des groupes qu’il enregistre son premier album en solo, signé sur le petit label indépendant anglais Magnet. Mais si le marché britannique semble bien peu intéressé par ses morceaux soft-rock, les États-Unis vont faire de son premier single, Fool (If You Think It’s Over) en 1978, un tube, et son premier LP y sera disque d’or. Suivront quatre albums au succès nettement moindre, une période noire pour Chris Rea qui, novice dans le milieu, a bien du mal à se familiariser avec le show-business, laissant faire les producteurs, mais n’étant jamais satisfait de ce qu’on lui demande de faire, et surtout pas de répéter inlassablement la recette de son premier succès.

Mais en 1983, l’album Water Sign est accompagné d’une tournée des clubs anglais, puis d’une soixantaine de dates en Allemagne en première partie du groupe canadien Saga, et le disque décolle enfin, porté notamment par le single I Can Hear Your Heartbeat qui, en France, sera son premier succès populaire (plus de 100 000 ventes) et se classera sur les plus hautes marches des hit-parades des discothèques.

Lorsqu’il sort son septième album Shamrock Diaries en 1985, Chris Rea y inclut une chanson dédiée à sa fille Josephine, née deux ans auparavant. Josephine, blues langoureux, est composé alors que le musicien s’apprête à débuter une tournée en Allemagne. Seul dans sa chambre d’hôtel au troisième étage de l’Intercontinental Hotel de Düsseldorf un soir de pluie et de cafard, il pense à sa fille, son rayon de soleil et sa raison de vivre. Lorsque plus tard on lui demandera si malgré ces années de compromis avec les maisons de disques il était toujours fier de sa musique, il répondra : « Oui. C’est blessant. Mais vous savez quand vous écrivez quelque chose comme Josephine et que pour vous c’est du blues… La piste rythmique de cette chanson s’inspire de Yellowjackets, Weather Reports, et pour moi ça groove d’enfer. Mais ça ne groovait pas dans le sens de ce que voulait le business à cette époque. Il y avait un déficit de perception… peut-être que c’était trop subtile, en tout cas personne ne l’a capté à ce moment-là. C’était dur. »

Pourtant Josephine va sortir en deuxième single de l’album, après le petit succès de Stainsby Girl. La chanson initialement réalisée par Rea et David Richards (ingénieur du son du chanteur depuis 1983, mais également réalisateur de Rêves immoraux de Patrick Juvet ou de Je ne veux pas rentrer chez moi seule de Regrets) est remixée par le chanteur dans une version plus rock pour sa sortie en 45 tours à la demande de la maison de disques, mais à part aux Pays-Bas (n°8) et en Belgique (n°13), le morceau ne va pas vraiment briller dans les classements (c’est cette version que l’on entendra dans le clip).

Mais deux ans plus tard, alors que Chris Rea cartonne en discothèques en France avec On the Beach, extrait de l’album suivant et premier 45 tours classé au Top 50 à la 48e place, Josephine va connaître une nouvelle vie. Alors qu’il est à Paris pour la promotion de son disque, il se retrouve à prendre un verre dans le quartier des Halles où on lui raconte que s’il monte en haut de la fontaine des Innocents il retrouvera lui-même son innocence. Bien entendu la petite escapade ne se passe pas comme prévu et Rea et ses amis se retrouvent vite poursuivis par les gendarmes avant de se réfugier dans un club où l’on passe des vieux morceaux disco et notamment les premiers disques de Chic dans lesquels il reconnaît une parenté avec Josephine. L’idée fait son chemin et Rea, en pleine session d’enregistrement de l’album Dancing with Strangers à Montreux en février 1987, reprend sa chanson avec l’aide de l’ingénieur Stuart-Eales en lui donnant un aspect plus dansant et en l’agrémentant d’une guitare disco. C’est ainsi que Josephine nouvelle mouture fait son arrivée dans les bacs des disquaires français à l’été 1987, prêt à prendre la relève d’On the Beach. Disponible en version longue et courte, Josephine est à nouveau un énorme hit de discothèques pour Rea mais également un tube du Top 50 où la chanson, entrée en août, pointe à la 7e place début octobre pour un parcours de 17 semaines et plus de 100 000 ventes.

Sur la réédition CD de l’album Shamrock Diaries en 1987 (et sur toutes les rééditions ultérieures), la version originale de Josephine sera remplacée par la version courte du remix.

En Angleterre, le remix renommé Extended French re-record, sera placé sur le maxi-single de Let’s Dance en 1987, puis à nouveau sur celui de The Road to Hell en 1989, cette fois sous l’appellation « La version française », titre qui lui restera définitivement.

Après une date à Reims et un Olympia à Paris en 1987, Chris Rea va asseoir son succès en France en 1988 en passant par Nice, Montpellier, Toulouse, Lyon et à nouveau Paris, mais cette fois au Grand Rex, et les albums On the Beach et Dancing with Strangers seront certifiés disque d’or.


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