Mino
Dominique Mucret, alias Mino, est fille d’un trompettiste de jazz. Avec sa sœur Véronique, elle fréquente l’école des enfants du spectacle à Paris avant d’intégrer toutes les deux le Big Bazar de Michel Fugain dans les années 70 et d’apparaître dans le film Un jour, la fête qui réunit la troupe en 1975. Elles forment ensemble le duo Peppermint 2 qui se produit notamment sur scène avec Nicole Croisille et sort quelques 45 tours disco en 1977 et 1978. Si Véronique va se concentrer sur une carrière orientée vers le cinéma, Dominique, elle, privilégie la chanson.
Produite par les Belges Jean Pierre Onraedt et Pietro Lacirignola, elle est rebaptisée de son surnom Mino et sort Assez super, un premier 45 tours écrit et composé par l’équipe de Plastic Bertrand sur le label belge RKM en 1980. Entre new wave, rock et funk, la chanson au texte léger (« Casse-toi Casanova, Laisse-moi le panorama ») célèbre les joies insouciantes d’une jeune femme de son époque sur un tempo aussi enjoué et sautillant que les prestations de la chanteuse qui s’en donne à cœur joie sur les plateaux de télévision. Sans être un tube, Assez super est un succès d’estime en France (en atteignant les 100 000 ventes) mais connaît un engouement bien plus probant au Québec où il se classe 1er des hit-parades ! La chanson est enregistrée en anglais dans la foulée et devient Karma Sutra pour une distribution aux Pays-Bas, en Allemagne, au Royaume-Uni puis aux Etats-Unis en 1982. Assez super fera l’objet d’une reprise très inspirée de l’original par Philippe Katerine et le groupe Francis et ses peintres en 2011.
Les Mocassins, digression sur thématique indienne donc, est le single suivant en 1981. Entourée de la même équipe, la voix fluette de Mino se balade sur une instrumentation orchestrale où se mêlent cordes et sonorités électroniques et un refrain digne du générique d’une grande émission de variétés. La vague synth-pop / new wave belge menée par Lio et Telex bat son plein et Les Mocassins est classé 15e du hit-parade des clubs de WRTL. Toujours en 1981, le plus funky J’ai jamais dit ça arbore cette fois la signature de Plastic Bertrand. Porteuse de bonne humeur plutôt que de message philosophique, la rengaine de Mino est à nouveau un petit succès sur les ondes québécoises et le simple est suivi d’un album de dix titres distribué en Belgique, France, Italie, Grèce et au Canada.
En 1982 c’est au tour de Dupont de la lune, un inédit non extrait de l’album, d’envahir les disquaires, et notamment en Italie où un remix est réalisé par le DJ Stefano Secchi. Puis Mino reprend Le Chef de la bande de Frank Alamo (déjà une adaptation des Shangri-Las) qui, avec son petit côté 60’s, séduit à nouveau les Québécois qui lui réservent un bon accueil. Sa sœur Véronique signe paroles et musique de la face B, Des amours de petite sirène.
Sans réel succès commercial, Mino change de label en 1984 et se retrouve chez Vogue pour la Belgique et Flarenasch pour la France avec un 45 tours, Nez en l’air, signé du compositeur et guitariste jazz Pierre Van Dormael (Plastic Bertrand, Philippe Lafontaine, Viktor Lazlo…) et du comédien / musicien André Burton. Pas si loin des Mocassins musicalement bien qu’avec un tempo plus rapide, la composition de très bonne facture vaut à Mino un nouveau succès outre-Atlantique avec un classement dans les dix meilleures places des palmarès québécois.
Un dernier essai en 1986 avec La Petite Exploratrice (qui semble s’adresser à un plus jeune public) sur le petit label belge Blue Box Records signe quasiment la fin de la carrière discographique de Mino. On la retrouve la même année, et avec sa sœur, à l’affiche de la comédie musicale La Petite Boutique des horreurs dans une mise en scène d’Alain Marcel au Théâtre Déjazet puis à la Porte Saint-Martin à Paris ainsi que sur l’album du spectacle.
Elle réapparaît en 1992 pour un unique single qu’elle enregistre sous le nom de Mino d’Oriane. Réalisé par Jean-Félix Lalanne et sa sœur Véronique Mucret, ce Garce à toi ne marquera pas les mémoires. Mino s’expatrie peu de temps après au Québec où elle donne notamment des cours de chant et dirige une école de musique. Elle y refait même une apparition télévisée en 2002 sur le plateau d’une émission qui rediffuse l’une des prestations de son tube Assez super.
Si Assez super et Les Mocassins sont à peu près les seuls titres de Mino que l’on retrouve sur des compilations 80, la Belgique a édité à partir de 1992, et à plusieurs reprises, une compilation CD de la chanteuse reprenant le répertoire de 1981 et 1982, dont les deux chansons susmentionnées dans leurs versions longues.
Corinne Sinclair
Si la carrière de Corinne Sinclair démarre en 1971 avec un 45 tours de hard rock sur lequel elle vocifère en anglais entourée du groupe Indiana, c’est vers une pop en français aux accents psychédélique qu’elle se tourne dès l’année suivante avec Elle était si belle la terre, morceau écrit et composé par Gérard Pisani de Martin Circus et arrangé par Ivan Jullien avec orchestre de cordes et de cuivres. Mais ce joli essai publié sous le nom de Coreen Sinclair ne connaîtra pas de suite et ce n’est qu’en 1975 qu’on la retrouve avec Miserere, miserere qu’elle signe seule et que réalise Claude Dejacques (Barbara, Juliette Gréco, Catherine Lara…). En 1978, elle signe chez Pathé qui mise sur elle avec un album ambitieux, le très réussi J’ai un point au cœur. Dix chansons signées de sa plume et pour lesquelles on met à son service Michel Bernholc aux arrangements (Véronique Sanson, Julien Clerc, Michel Berger…) ainsi que la crème des musiciens français.
Ses années 80 se dessinent en partenariat avec le chanteur-compositeur René Joly. Pour lui, elle écrit la quasi-totalité des textes de l’album Entre chien et loup en 1981, sous le pseudonyme de Sarah Soskine (et notamment Fille de la nuit, un succès d’estime), et de nombreux titres jusqu’en 2015.
Elle nous revient en chanteuse en 1983 avec Make Up, un titre de sa plume, ode à la fête et au rituel du maquillage, moins innocent qu’il n’y paraît, sur des arrangements synthpop disco d’Alain Wisniak. Un morceau efficace qui aura les faveurs des auditeurs québécois puisque Make Up se classe dans les hit-parades au Canada, pays qui a vu naître la chanteuse. Le 45 tours suivant s’essaye à un style 60’s avec une adaptation de Where Did Our Love Go, ce tube des Supremes de 1964 déjà adapté par Michèle Vendôme la même année pour Marianne Mille (Pourquoi est-il parti), que Corinne Sinclair reprend à son compte avec un nouveau texte qu’elle nomme Johnny, Johnny, quelques mois avant le tube homonyme de Jeanne Mas. Ce dernier essai assez dispensable signera la fin de sa carrière de chanteuse.
Le succès, ce sont ses talents d’auteure-compositrice qui le lui apporteront, toujours en binôme avec René Joly. Ce dernier, qui malgré des disques soignés n’a jamais renouvelé le succès de son hit Chimène en 1969, se lance dans la production et découvre Christine Roques à qui il fait enregistrer Premiers frissons d’amour en 1986. La chanson écrite et composée par Sinclair se classe 10e du Top 50 l’année suivante. Après Y a qu’l’amour pour Les Pompadours, Un Garçon m’attend pour Isadora et Ne me laisse plus seul d’Elodie et Bruno, le tandem Sinclair / Joly renoue avec le succès au début des années 90 en écrivant pour Anne Meson, la nouvelle ambassadrice Disney, et notamment les tubes Les P’tits Loups et 1, 2, 3 soleil.
Il est malheureusement impossible aujourd’hui de trouver les chansons de Corinne Sinclair que ce soit sur CD ou sur plateformes.