Les chanteuses de Lavoine

La première expérience professionnelle musicale de Marc Lavoine se fait avec un groupe de metal lyonnais au début des années 1980. On le voit ensuite dans la série Pause café aux côtés de Véronique Jannot, puis on lui conseille de rencontrer le directeur artistique Fabrice Aboulker avec qui il écrit son premier 45 tours, Je n’sais même plus de quoi j’ai l’air. Les retours sont prometteurs et ils enchaînent alors sur Pour une biguine avec toi, un premier succès juste avant le raz-de-marée Elle a les yeux revolver. Par la suite, les tubes s’enchaînent, et le jeune chanteur, après avoir écrit pour Christian Barham, Patrick Loiseau ou encore Jean-François Doll, se sent suffisamment confiant pour prêter sa plume à des interprètes féminines, entouré de sa fidèle équipe, le compositeur Fabrice Aboulker et l’arrangeur Pascal Stive…

Sabine Guérin

En 1986, Marc Lavoine tourne le clip de Bascule avec moi sous la direction de Jean-Paul Seaulieu. À l’écran, sa partenaire qui peine d’abord à attirer son attention, se met à danser et à lui offrir un strip-tease intégral comme on n’avait pas peur d’en montrer alors à la télévision aux heures de grandes écoutes. La jeune femme qui crève l’écran se nomme Sabine Guérin, et c’est dans une discothèque à Deauville qu’elle attire l’attention de Lavoine et d’Aboulker. Passée directement du lycée aux Folies Bergère, Sabine souhaite tout d’abord être danseuse, une discipline qu’elle s’est imposée très jeune, tout comme le chant et le théâtre. La rencontre avec Marc Lavoine est une aubaine, et elle prend manifestement goût à son premier clip : « Grâce à lui, j’ai eu la chance de connaître un vrai tournage, j’y ai pris un plaisir plus qu’immense ». Et sa chance ne s’arrête pas là puisque c’est désormais un disque que lui propose d’enregistrer l’équipe Lavoine. Composé par Aboulker avec un texte co-signé par Marc Lavoine et Patrice Mithois, Amoureux chinois paraît en 1987. Un morceau efficace et bien produit sur lequel Sabine pose un filet de voix très aiguë. Un clip, qui joue évidemment sur son image sexy, est tourné dans une piscine avec un champion de kung-fu en guise d’amant asiatique. « À partir du moment où je me produis, sur une scène, devant une caméra ou un appareil photo, je suis heureuse. C’est une forme de narcissisme mais, bon, si l’on n’est pas narcissique, on ne fait pas ce métier ! », déclare la jeune interprète dont le titre est bien diffusé mais rate pourtant le Top 50. Il est tout de même prévu que Sabine se produise à la Cigale en novembre lors des concerts de son mentor Marc Lavoine et en 1988 c’est un nouveau single qu’on peut trouver chez les disquaires, La Gueule du loup, toujours signé Lavoine / Aboulker. Le savoir-faire des deux garçons aidés à la réalisation par Pascal Stive et Basile Leroux ne fera pas recette, pas plus qu’un dernier essai dans un style plus latin jazz en 1990, Je ne fais pas là où on me dit de…, sans doute peu aidé par son titre.

Patti Layne

En 1987 l’équipe Aboulker/Lavoine/Stive prend en charge la carrière de Patti Layne qu’il s’agit de relancer après quelques mois d’absence. Si la chanteuse a déjà connu un joli succès en 1982 avec Une espèce de canadienne (voir notre portrait), elle a ensuite pris le temps de se consacrer à la maternité. Est-ce parce qu’ils étaient tous les deux en lice pour le Grand Prix de l’UNAC pour la chanson en 1985 (elle pour Je cherche un partenaire et lui pour Elle a les yeux revolver) que Patti Layne et Marc Lavoine ont fait connaissance ? Il explique son désir d’écriture pour la belle Canadienne en ces mots : « Je l’ai un jour croisée sur la route au détour de l’un de ses voyages, du Canada à l’Italie… Fasciné, intrigué par cette espèce d’apparition exhibée des magazines de mode, elle venait articuler des mots sensuels à Paris… Je contemplais de plus près ses regards, sa musique, ses poses évanescentes… J’ai voulu en savoir plus. Une aventurière ? Je découvre l’équilibre, la force, la fermeté, la clarté, l’amitié, la famille… J’étais loin du superficiel, de l’artificiel… Le tumulte de ses contradictions m’a troublé… Sa vie, ses actes, son expérience intérieure, mêlés, m’ont donné envie d’écrire… » Deux jolis titres, Extrême je t’aime et Evadez-moi sont gravés sur un 45 tours mais c’est avec Déshabillez-moi, reprise de Juliette Gréco sur une idée de Lavoine, la même année, que Patti va se distinguer et frissonner au Top 50. Suivront Fille de l’hiver en 1988 et Camelot en 1989.

Catherine Ringer

C’est lors d’une émission organisée pour le premier anniversaire de Canal + fin 1985 que Marc Lavoine et Catherine Ringer vont faire connaissance d’une façon plutôt étonnante. En effet, alors que Lavoine est en train d’interpréter son tube du moment, Elle a les yeux revolver, la chanteuse des Rita Mitsouko, probablement inspirée, s’invite spontanément sur scène pour y exécuter une danse de son cru. Amusé, Marc Lavoine y voit là une occasion, un prétexte, de lui proposer un duo car il a justement dans ses tiroirs une chanson écrite avec Fabrice Aboulker pour une tentative de comédie musicale avortée : Happy Birthday Dracula. Tout d’abord incrédule, Catherine accepte d’écouter la chanson et donne immédiatement son accord pour y poser sa voix. Mais la maison de disques du chanteur de charme ne voit pas le rapprochement de ces deux artistes aux univers bien différents d’un si bon œil et il faudra faire preuve de ténacité afin d’imposer Qu’est-ce que t’es belle qui se retrouve en 1987 sur le deuxième album de l’artiste. Après les succès de Même si et du Monde est tellement con, le choix de Marc pour un troisième single se porte sur son duo avec Catherine. Oui mais voilà, puisqu’il s’agit de donner une exposition particulière et de défendre ce duo, Catherine Ringer prend les choses en mains et part à Londres pour remixer la chanson avec son complice Tony Visconti. Elle impose également Jean-Baptiste Mondino pour la réalisation du clip et c’est Fred Chichin, sa moitié des Rita, qui signe le cliché de la pochette du 45 tours. Si ce duo peut surprendre, c’est un petit succès avec une 31e place au Top 50 en juin 1988.

Par la suite, dans les années 1990, Marc Lavoine écrira tout un album pour la Canadienne Martine St-Clair et signera des textes pour Patricia Kaas, Sylvie Vartan, Jane Birkin…

Un commentaire

  1. J’aime toutes les chansons citées dans cet article, et suis étonné de voir que ce n’ont été que des demi-succès, voire pas des succès du tout… N’y a-t-il pas eu également « Lavez, lavez » par Martine Saint-Clair ? J’aime beaucoup également !

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