
Philippe Russo naît à Paris d’un père italien et d’une mère polonaise. Très tôt, il s’intéresse à la musique et délaisse à 15 ans la grande variété pour le rock en se passionnant pour les Beatles et les Rolling Stones. Il réclame alors une guitare et s’initie seul en jouant sur les solos des grands guitaristes rock. Il compose pour lui-même, dans sa chambre, et accumule les cassettes, les bandes démo… Après un premier groupe au lycée, il s’oriente vers un BTS électronique qu’il va bientôt abandonner car il découvre le travail de studio. « Tout a commencé en travaillant pour un studio d’enregistrement, le Studio des Dames. J’ai proposé des chansons pour une fille mais ça n’a pas marché », raconte-t-il à Top 50 en 1986.
Au fil des rencontres et des contacts, Philippe commence à se faire connaître et il fait des chœurs pour les Koeur’s et pour Wallis Franken. L’une de ses connaissances entre au service édition chez Pathé-Marconi et lui propose un contrat pour ses musiques. On lui demande d’écrire pour Rudy, artiste éphémère d’italo-disco que lance Pathé/EMI au printemps 1986. Different Words, dont Philippe a composé la musique et co-signé également le texte avec Vincent Frèrebeau, est commercialisé en France, en Espagne et en Italie, mais le succès n’est pas au rendez-vous et après quelques télés et un essai de relance de la chanson avec un remix, on n’entendra plus parler de Rudy.
Philippe Russo, lui, prépare dans la foulée son premier single, ses maquettes ayant su convaincre EMI de lui donner sa chance. Avec l’aide de l’arrangeur Jean-Claude Chachaty (compagnon de Sara Mandiano) et de son ami Jean-Manuel Perez, il a composé Magie noire qu’il enregistre entre mai et juillet 1986. À la réalisation, on retrouve Vincent Frèrebeau, aux arrangements Jean-Claude Chachaty, tandis que Sophia Morizet (la sœur de Karen Cheryl) se charge de l’enregistrement et de la programmation des synthés.
Histoire d’envoûtement amoureux dans laquelle le chanteur joue le rôle de la victime consentante, Magie noire mélange la variété au rock avec en suppléments quelques gimmick de synthés euro-disco très efficaces. Les radios ne s’y trompent pas et, sorti fin septembre, le disque se fait rapidement une belle place sur NRJ et Skyrock alors que Philippe assure déjà ses premières télés. Un clip est tourné mais déplaît à Philippe qui le trouve totalement raté. Il part donc pour Londres mi-janvier 1987 pour en tourner un second avec une équipe locale, au moment même où Magie noire fait son entrée à la 45e place du Top 50. Sur les traces d’une jeune fille dans la capitale anglaise enneigée, le clip en noir et blanc ne manque pas d’élégance et satisfait sans doute mieux aux exigences du chanteur qui avoue une passion pour la réalisation de films Super 8 et qui aimerait bien tenter un jour l’expérience pour ses propres clips.
En mars 1987, alors que Magie noire est n°1 du hit des clubs de Sud Radio et n°2 de celui de RMC grâce au « Remix spécial club » qu’on trouve sur le maxi 45 tours, la chanson atteint son meilleur classement au Top 50 à la 10e place et va se vendre en France à plus de 200 000 exemplaires. Distribué également en Europe, le disque entre en rotation sur les radios belges, suisses, allemandes et suédoises.
Philippe enchaîne alors avec un deuxième 45 tours, En pleine lumière, réalisé peu ou prou avec la même équipe. En septembre, il est en train d’enregistrer son premier album et annonce dix chansons pour le mois de décembre. Mais En pleine lumière n’est pas un succès et le projet est retardé, voire même mis de côté car, de retour avec un troisième 45 tours, Corps et âme en mai 1988, il annonce à nouveau qu’il va enregistrer un album à l’été pour une probable sortie à la rentrée. Mais c’est à nouveau un échec et ce n’est pas le single suivant, le pourtant efficace Emmenez-moi, soutenu par RTL et Sud Radio, qui redresse la barre.
Le premier album, il faudra attendre 1991 et un retour chez Flarenasch pour le voir se concrétiser. Intitulé Moments bleus, il propose onze chansons plus rock et acoustiques (et notamment une reprise des Beatles) mais ne rencontre pas son public.
N’abandonnant pas son domaine de prédilection, Philippe Russo sera par la suite, et pendant vingt ans, directeur artistique chez Sony, et travaillera avec Princess Erika, Thierry Amiel, Jonatan Cerrada… Il accompagnera également Marc Lavoine à la guitare. Plus récemment, il réalise les albums de Sylvie Vartan et de Jean-Baptiste Guegan.
En 2021, 35 ans après sa sortie, la Funky French League remixe le tube Magie noire qui se décline en cinq nouvelles versions disponibles sur un EP digital.