Elsa – Jour de neige

À 15 ans, Elsa Lunghini a déjà une longue carrière derrière elle. Après des débuts prometteurs au cinéma dirigée par Claude Miller, Roger Hanin ou Régis Wargnier, la petite Elsa est lancée dans la chanson avec T’en vas pas, le générique du film La Femme de ma vie dans lequel elle obtient un petit rôle en 1986. Composée par Romano Musumarra, la chanson fait un démarrage en trombe au Top 50 et garde la première place pendant huit semaines. Trois disques d’or plus tard (Quelque chose dans mon cœur et Un roman d’amitié avec Glenn Medeiros sont deux autres tubes) on parle d’un premier album. En préparation depuis plus d’un an, cette première galette réunie les signatures de Didier Barbelivien, Pierre Grosz, Vincent-Marie Bouvot et bien sûr Georges Lunghini, le papa d’Elsa, qui après avoir composé quelques 45 tours pour sa belle-sœur Marlène Jobert, se charge pleinement de la carrière de sa fille.

En prélude à l’album, un nouveau 45 tours est lancé en octobre 1988 : Jour de neige. Le texte de Pierre Grosz (auteur pour pratiquement toute la grande variété française des années 70) décrit avec poésie un premier émoi adolescent sur un thème hivernal qui correspondra à la période d’exploitation du single. À la composition, Georges Lunghini et Vincent-Marie Bouvot signent le premier morceau rythmé de la jeune chanteuse qui n’a proposé jusqu’à présent que des ballades. Alors que Jour de neige fait tout juste son entrée au Top 50, le clip est tourné du 23 au 25 novembre sous la direction de Bernard Schmitt (responsable de nombreuses vidéos pour Jean-Jacques Goldman et Johnny Hallyday). Habituée des caméras, Elsa y incarne avec naturel une adolescente dans un pensionnat de jeunes filles qui s’éprend d’un garçon après quelques regards échangés. Romantisme et pudeur sont au programme du premier album d’Elsa qui est dans les bacs en fin d’année. Impliquée dans la production et l’écriture de son disque en accord avec ses paroliers, la jeune fille, qui n’écrit pas encore ses propres textes, interprète avec bonheur des thématiques qui parlent aux adolescents de son âge. Elle en fait la promotion partout en déclarant qu’elle adore son album, même si les médias préfèrent lui poser des questions sur sa jeune carrière ou carrément sur des sujets de société (le divorce, la drogue, l’écologie, le sida…).

Si des remixes et versions longues sont proposés depuis son premier 45 tours, Jour de neige, de par sa rythmique, est l’occasion de s’adresser plus ouvertement aux discothèques. Retravaillée par Dimitri (remixeur star des années 80), la chanson prend une nouvelle direction sans perdre l’esprit de l’original. Trois versions seront disponibles sur le maxi 45 tours : le Mégamix club, le remix version longue (une version très similaire du premier) et le remix instrumental dub. Sur le rare mini-CD single on retrouve le Mégamix et la version longue alors que la version instrumentale est remplacée par Quelque chose dans mon cœur, le single précédent. Sur le 45 tours, en plus de la version originale de Jour de neige, on trouve en face B son instrumental.

Le succès est immédiat et Jour de neige atteint la 2e place du Top 50 le 31 décembre 1988 et tiendra 14 semaines dans le top 10, avec un disque d’or à la clé pour des ventes qui dépassent les 400 000 exemplaires.

Le 19 novembre 1988, Elsa est nommée aux Victoires de la musique en tant que révélation féminine aux côtés de Vanessa Paradis et Patricia Kaas, mais c’est cette dernière qui remporte le trophée. Qu’importe, l’album d’Elsa cartonne et le début d’année 89 est l’occasion d’aller faire de la promotion à l’étranger (au Canada, où elle est très demandée) après s’être produite en Europe quelques mois plus tôt avec Glenn Medeiros et l’adaptation en anglais de leur tube en duo. L’album est distribué un peu partout : Europe, Corée, Japon, Taïwan, Algérie… et Jour de neige est enregistré en italien (Gli anni miei) et en espagnol (Solo era un sueño) pour la promotion locale en 1990 (il existerait même une version en japonais). On retrouvera plus tard ces deux versions sur la compilation Elsa, l’essentiel 1986-1993.

Le 22 décembre 1989, Maritie et Gilbert Carpentier consacrent une émission spéciale à Elsa. Imaginée dans la grande tradition des variétés des années 70, Elsa sous la neige est une mini-comédie musicale tournée en studio et dans laquelle elle interprète bien sûr Jour de neige mais aussi des duos avec Patrick Bruel, Philippe Lafontaine et sa tante Marlène Jobert. Le 3 février 1990, Elsa est à nouveau nommée aux Victoires de la musique, en tant qu’interprète féminine cette fois, mais toujours en concurrence avec Vanessa Paradis et Patricia Kaas. Malheureusement pour la jeune chanteuse, c’est Vanessa qui raflera le trophée cette fois-ci. Année importante pour Elsa, 1990 voit la parution de son deuxième album (Rien que pour ça…) qui précède son premier Olympia et sa première tournée.

4 commentaires

  1. Dans le clip, au travers d’un album photo, son personnage fait plutôt le parallèle entre sa romance naissante et celle qu’a pu vivre sa (grand’?) mère.
    A part ça, s’il est vrai que Vanessa PARADIS n’avait guère été épargnée par certains médias, Elsa avait quant à elle suscité un dédain par d’autres, certes moins violent mais perceptible. Ainsi Les Nuls avaient-ils balancé « Elsa fait du flan ». Encore récemment, le journaliste Jean-Pierre PASQUALINI a minimisé l’engouement pour Elsa, montrant sa nette préférence pour Vanessa lors d’un documentaire consacré à cette dernière.
    Quoi qu’il en soit, « Jour de neige »était une réussite et Elsa garde une place dans nos cœurs.

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  2. Elsa … mon premier coup de cœur.
    J’ai eu la chance d’aller la voir à l’Olympia en novembre 1990 et en garde un excellent souvenir.

    Quel dommage en effet que son engouement soit si minimisé de nos jours. Elle est quand même la 1ère artiste de l’ère Top50 à avoir classé ses 6 premiers singles dans le Top10 dont les 4 premiers soit à la 1ère soit à la 2nde place. Elle est, il me semble, la 1ère également à avoir classer tous les singles de son premier album dans le Top10 !

    La suite sera malheureusement difficile. Et ce, malgré du très bon, comme le superbe « Chaque jour est un long chemin » en 1996 mais aussi « De lave et de sève » en 2004.

    Dommage également qu’elle n’ai pas exploité ou enregistré plus de titres dansants comme « Jour de neige ». Les remix de Dimitri sont d’ailleurs d’une efficacité redoutable ! J’ai même tendance à les préférer à la version originale.
    D’ailleurs, un article sur le travail de Dimitri serait le bienvenu 🙂

    Elsa n’a pas enregistré de version japonaise de « Jour de neige » mais un cover a été effectué, avec plus ou moins de succès par Oishi Megumi qui reprend quelques paroles en français d’ailleurs. Curiosité à découvrir !

    Mille mercis pour cet article sur Elsa. Excellent travail comme à votre habitude 🙂

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  3. Cette chanson est une pure merveille. Le megamix club réalisé par Dimitri est excellentissime – les CD single 3 pouces étaient riquiquis et chers à l’époque (vraiment dommage pour l’absence incompréhensible de l’instrumental sur ce support). Je n’ai jamais compris pourquoi ce 1er album est paru assez tardivement à l’époque ( 4 singles avant l’album c’était très rare). Quant au 2ème album , il aurait mérité une exploitation + longue avec un ou 2 extraits clippés supplémentaires (album assez sous-estimé je trouve car très bon). Si son père n’avait pas imposé « Bouscule-moi » comme 1er extrait de « Douce violence », cet excellent album se serait beaucoup mieux vendu à mon avis.

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  4. J’ai toujours été fan d’Elsa et ai toujours trouvé qu’elle avait une plus jolie voix que Vanessa Paradis. Seulement voilà, je vais bientôt avoir 41 ans, dans un mois, et donc j’étais très jeune quand Elsa cartonnait au Top 50 et que j’étais fan d’elle. JeBreizh, sachez qu’à l’époque je me rappelle très bien de son passage à l’Olympia et j’aurais rêvé d’y aller. J’avais même une petite image publicitaire annonçant son passage à l’Olympia que j’avais accroché dans ma chambre. Mais cela ne s’était pas fait. Je ne suis allé à l’Olympia qu’une fois, et bien plus tard, quand la salle avait déjà été refaite, c’est-à-dire en avril 2010, pour y voir une autre de mes idoles d’enfant (Et qui, elle, avait bien sûr un public plus enfantin) et que je rêvais depuis très longtemps aussi de voir en concert : c’est-à-dire Dorothée, bien sûr. Je n’écrirais pas plus sur Dorothée ici, car je suis capable d’écrire très long sur elle, comme sur Elsa ou sur Véronique Sanson, qui sont trois de mes chanteuses préférées dans un style très différent chacune !

    Concernant Elsa, je dirais qu’elle n’a pas eu la carte comme Vanessa Paradis sur le long terme, parce qu’elle n’a pas fait appel, contrairement à cette dernière, à Serge Gainsbourg et à Lenny Kravitz, puis à -M- pour lui écrire des disques. Mais nier l’importance du succès d’Elsa à la fin des années 80, c’est nier la réalité des faits. Je possède les deux livres « Top d’or 89 » et « Top d’or 90 » recensant les meilleures ventes de 45 tours au Top 50 en 1988 et 1989, et dans ces deux livres Elsa arrive à la 4ème place, et Vanessa Paradis en-dessous.

    En réalité, de 1987 à 1990, c’était plutôt Elsa qui était bien vue, mais à partir de 1990 et du moment où elle a remporté la Victoire de la musique d’artiste féminine de l’année et un César pour son rôle dans « Noces blanches » de Jean-Claude Brisseau, et qu’elle a sorti l’album écrit par Serge Gainsbourg « Variations sur le même t’aime », c’est plutôt à Vanessa Paradis que l’avantage va tourner, et ce d’autant plus qu’en 1992, Elsa va sortir « Bouscule-moi » chanson dont je n’avais pas aimé le clip quand j’avais 10 ans. La voir presque nue dans une baignoire, cela ne m’aurait pas gêné pour Sabrina (Celle de « Boys ») mais Elsa ce n’était clairement pas son image.

    Malgré cela, je suis resté à l’écoute de tout ce qu’elle a sorti ensuite et je possède tous ses albums studio. Effectivement, si j’écrivais au début de mon message que j’avais 41 ans, c’est parce qu’il y a 3 ans j’ai fait une chute à vélo, et que j’ai eu 4 mois de convalescence avec fauteuil roulant chez mes parents et que pendant ce temps, je dormais dans le salon avec un lit médicalisé et que mes parents m’ont donné mes disques vinyles à recenser via une base de données sur mon ordinateur le temps de ma convalescence, pour m’occuper.

    J’ai eu une kinésithérapeute qui devait avoir 31 ou 32 ans et qui venait me soigner pour que je puisse à nouveau marcher, et elle était venue un jour où j’avais demandé à mes parents de m’apporter mon 33 tours d’Elsa comprenant son premier album, et j’ai été très surpris (en mal) de voir que cette kinésithérapeute ne connaissait pas Elsa.

    De même, encore plus récemment, depuis quelques temps, je vais dans un institut de beauté où la masseuse patronne doit avoir une petite trentaine et il y a deux mois, je lui ai parlé d’Elsa et elle m’a dit qu’elle ne voyait pas de qui il s’agissait. Je lui ai dit qu’elle jouait un rôle dans la série télé de TF 1 « Ici tout commence », cela ne lui a rien dit, alors je lui ai fredonné « T’en va pas », et là elle m’a dit qu’elle connaissait la chanson, mais pas l’interprète.

    Et cela m’agace cela. Parce que cela prouve que les parents de ces deux jeunes femmes ne les ont pas cultivées même sur de la musique de variété comme Elsa qui a beaucoup vendu de disques donc entre 1986 et 1990, et plus que Vanessa Paradis, qui marchait bien, et qu’eux-mêmes ont sûrement connu, puisque ces deux jeunes femmes ont l’âge d’être nées à peu près au moment où Elsa vendait beaucoup de disques ! La culture musicale populaire ne se transmet pas assez de générations en générations ! Cela en est encore la preuve !

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