Chanteuse des 80’s : Zahia

Parmi les très nombreuses productions qui ont envahi les disquaires dans les années 80, elles ont eu la chance elles aussi de sortir un disque ! Passant parfois très près du tube, elles sont toutefois restées confinées à un succès d’estime, même si certaines d’entre elles ont pu traverser la décennie (à l’époque, les maisons de disques étaient souvent moins frileuses à penser une carrière sur le long terme).
Certains de leurs refrains sont peut-être encore enfouis au fond de votre mémoire aujourd’hui, et nous, on garde beaucoup de tendresse pour ces chanteuses qu’on ne se lasse pas de redécouvrir et dont vous retrouverez régulièrement les portraits dans cette rubrique.

Zahia

« J’ai enregistré mon premier disque à seize ans, mais à l’époque je ne réalisais pas très bien ce que cela signifiait. Je savais juste que je n’étais pas faite pour une vie traditionnelle », racontait Zahia lors de ses débuts en solo. La jeune femme devient, un peu par hasard, la voix féminine du groupe Electropic au tout début des années 1980. « J’étais au lycée et vraiment fortuitement et par un concours de circonstances je me suis retrouvée un jour en studio et le lendemain j’avais fait un disque. À l’époque je planais, j’étais dans les nuages… » Electropic c’est trois garçons : Yvon Lebrecq, Stéphane Berlow et Michel Liberman qui s’expriment sur des rythmes latins à la manière de Lou & The Hollywood Bananas ou encore Kid Creole and the Coconuts. La jolie Zahia sera leur voix féminine, le temps des deux premiers 45 tours : La Belle de Cadix et Cha cha cha, qui leur permettent de faire quelques télés en 1981 et 1982. C’est justement lors d’une émission belge où elle fait la promotion d’Electropic que Zahia fait la connaissance de Richard Gotainer qui fait lui aussi partie des invités.

Après ces deux premiers disques, Zahia quitte le groupe qui continuera quelque temps avec une autre vocaliste, une dénommée Lise. La suite est une page blanche pour Zahia. « J’ai fait des ronds dans l’eau, je ne savais pas ce que j’allais faire… » Elle fait un peu de danse, ou des voix off pour la publicité. « Je peux faire des voix de gamines, des voix très perverses, on m’utilise souvent pour ça d’ailleurs. Ce sont des exercices de styles, on peut faire plein de choses. J’adore ça. » On l’entend pour Kookaï notamment, ou pour le Yoco de la Roche aux Fées.

Mais la rencontre avec Gotainer a fait des émules et, alors qu’il n’écrit pas pour les autres, le chanteur décide en 1985, avec ses fidèles acolytes Claude et Celmar Engel, d’écrire et de produire un 45 tours pour Zahia. « La passion est montée toute seule », dira-t-elle. C’est ainsi qu’on voit débarquer sur nos ondes et nos écrans fin 1985 une jolie brune dont les charmes ne laissent personne indifférent, et qui sous ses airs de vamp balance les pires horreurs à son amoureux. « Péquenot, trouduc’, banane, poubelle, blaireau, lajoie, cageot, taudis », le prince charmant qui lui « avait donné des ailes » est tombé de son piédestal et la jeune femme n’est pas tendre avec lui dans Notre amour sent l’ail, un titre à l’humour irrésistible sur lequel Gotainer a déployé tout son savoir-faire.

Zahia s’impose avec fraîcheur et force de caractère mais le 45 tours (dont la photo est signée Ellen Von Unwerth) ne grimpera pas au Top 50. On change donc de style à l’été 1986 avec Amour nautique, un slow concocté par la même équipe. « Cette chanson je la revendique complètement. Car moi j’adore l’eau. Le matin, je passe des heures sous ma douche », commente Zahia. Romantique et coquine, L’Amour nautique, ses coquillages et crustacés, ou plutôt ses crevettes et bigorneaux sous la plume de Gotainer, valent à Zahia le surnom de nouvelle Brigitte Bardot. « C’est juste au niveau vocal, je ne peux pas le nier, mais je ne le fais pas exprès en tout cas. »

Loin de son image de bimbo, Zahia a baigné dans une ambiance familiale studieuse et intellectuelle. Elle cite parmi ses réalisateurs préférés Godard, Fassbinder, Fellini ou Bob Fosse, aime suivre l’actualité, adore les musées, est une fan absolue de Kate Bush (« J’aime tout, je connais tous les albums par cœur, c’est quelqu’un dont on ne se lasse jamais »), aime Bashung, Gainsbourg, Run DMC et Étienne Daho. Elle n’a paradoxalement pas le désir de s’exhiber, et n’a aucune confiance en elle : « Quand on se voit on se dit il faut que j’arrête parce que je suis trop nulle et puis on refait un autre disque parce que c’est excitant. J’y ai pris goût en fait, maintenant j’aime ça mais ça n’est pas un désir de me montrer, c’est par la force des choses, ce métier amène à se montrer. »

Après quelques mois d’absence et un changement de label (elle passe de chez Tréma à Carrère), Zahia est de retour à l’été 1988 avec Tout à trois mètres. Gotainer n’est plus à la barre cette fois-ci, ne reste que Celmar Engel qui réalise avec Marc Miller, ex The Dice, qui signe aussi la composition sur un texte de Zahia elle-même. Histoire d’incommunicabilité dans le couple à travers la métaphore d’un artiste qui n’est capable d’apprécier sa muse qu’à distance, le ton se veut cette fois plus sérieux. Et la chanson est une réussite qui manquera cruellement de promotion.

Si le cinéma fait les yeux doux à Zahia, on sait que les choses se concrétisent rarement dans ce métier, et que les belles promesses sont légion. C’est toutefois dans un film qu’on la retrouve en 1990. Rendez-vous au tas de sable est une bouffonnerie musicale de Richard Gotainer réalisée par Didier Grousset dans laquelle Zahia fait une courte apparition en tant que représentante du Luxembourg lors du concours Mondovision. Elle y interprète Mon cœur est un yoyo (paroles de Gotainer et musique de Claude Engel, bien sûr), chanson qu’on retrouve sur le disque de la bande originale du film. On reste depuis sans nouvelles de la belle Zahia.

À lire dans notre série « Chanteuses des 80’s » :

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