
Parmi les très nombreuses productions qui ont envahi les disquaires dans les années 80, elles ont eu la chance elles aussi de sortir un disque ! Passant parfois très près du tube, elles sont toutefois restées confinées à un succès d’estime, même si certaines d’entre elles ont pu traverser la décennie (à l’époque, les maisons de disques étaient souvent moins frileuses à penser une carrière sur le long terme).
Certains de leurs refrains sont peut-être encore enfouis au fond de votre mémoire aujourd’hui, et nous, on garde beaucoup de tendresse pour ces chanteuses qu’on ne se lasse pas de redécouvrir et dont vous retrouverez régulièrement les portraits dans cette rubrique.
Valérie Schoeller
« Dernier accord d’un saxo sur mon corps désaccordé, et ton image n’est plus rien qu’un télégramme oublié ». Au printemps 1986, une jeune femme aux cheveux courts, lunettes noires, vêtue de cuir et d’un nœud papillon rose, se trémousse sur les plateaux de télévision au son de son premier 45 tours, Ma nuit américaine. Sur fond de guitare électrique, cascades de synthés et solo de saxo, la voix de Valérie Schoeller domine et fait impression. Sa nuit américaine, c’est celle qu’elle a vécu dans les bras d’un homme outre-Atlantique, et son retour en France la plonge dans une profonde amertume, une nuit artificielle tel le procédé cinématographique. Une histoire que Valérie Schoeller a peut-être vécue ?
Partie aux États-Unis à 17 ans, elle a étudié là-bas le chant, la danse et la comédie. Lorsqu’on la retrouve sur nos petits écrans, elle fait preuve d’une aisance maîtrisée devant la caméra, livrant des prestations dynamiques dans lesquelles elle met à profit son jeu d’actrice, vivant littéralement sa chanson. Il faut dire que Valérie Schoeller mène en parallèle de la musique une carrière d’actrice. Si on peut la voir dès 1975 dans Aloïse de Liliane de Kermadec (avec Delphine Seyrig, Isabelle Huppert et Michael Lonsdale), on la retrouve en vedette du téléfilm Mersonne ne m’aime en 1982 (de la même réalisatrice, avec toujours Lonsdale mais aussi Bernadette Laffont et Jean-Pierre Léaud).
En 1986, alors qu’elle apparaît dans la comédie Le bonheur a encore frappé, elle sort son premier 45 tours sur le label Jonathan qui vient notamment de connaître un succès avec Toi, femme publique de Noé Willer. Pour Valérie Schoeller, Sylvain Garcia (Michèle Torr, C. Jérôme…) a composé deux chansons dont Bruno Recrosio (auteur pour le groupe de hard rock Warning) signe les textes : Ma nuit américaine et sa face B, T’as tout faux. Le tout est arrangé par Thierry Durbet qui officie à cette époque pour Jeanne Mas, Patrick Bruel ou Sarah Mandiano. Les deux titres sont de bonne facture et la promo se poursuit jusqu’à l’été, principalement sur les antennes locales de FR3, mais le 45 tours ne prend pas. La faute peut-être à la structure assez particulière de Ma nuit américaine qui enchaîne les couplets puis les pré-refrains avant que le refrain lui-même n’arrive tardivement, à 1 mn 50. La version longue remettra les choses à leur place en plaçant le refrain au cœur de la chanson, estompant considérablement les guitares de Kamil Rustam pour faire ressortir le côté funk du morceau et la basse de Bernard Paganotti.
L’année suivante, Dingue amoureuse, un deuxième 45 tours bien moins sombre et beaucoup plus sautillant, qui se contente de recycler en face B T’as tout faux, passera inaperçu, malgré les efforts de la chanteuse qui telle un Tintin facétieux se présente en télévision coiffée d’une houppette blonde.
Si Valérie continue à apparaître dans des téléfilms, fictions radio sur France Culture, ou même un épisode de Salut les Musclés, c’est fin 1990 qu’on la retrouve chanteuse. Nouvelle équipe, nouveau label, Valérie se réinvente dans un style plus pop en vantant les mérites du minitel qui prend de plus en plus de place dans nos vies dans Code 36.15. En fait une satire de cet outil qui permet les échanges en ligne en s’inventant une nouvelle identité. La chanteuse confiera qu’elle n’en possède pas ! Le titre est notamment soutenu par France Inter où Valérie n’hésite pas à affirmer qu’il s’agit là de son premier 45 tours, que sa première école était le jazz et qu’elle a un album en préparation.
Un album sortira bien, mais en 1993 sur un autre label. Intitulé Boléro, elle y reprend dans un autre registre des standards comme Besame mucho ou Amor amor et en fait la promotion à plusieurs reprises dans La Chance aux chansons. Depuis, plus de nouvelles de Valérie Schoeller, si ce n’est en 2005 lorsque l’on retrouve discrètement son nom au détour des crédits de l’album d’une certaine Valérie Lopez qui chante des airs coquins sur Overdose 69, un disque composé notamment par Bernard Constant, l’auteur de Code 36.15, et sur lequel la photo de la chanteuse nous fait étrangement penser à une certaine… Valérie Schoeller ! En 2007, Valérie Lopez sortira une version anglaise d’Overdose 69 et en 2008 des reprises dans Paris Chansons (I Love Paris, Non je ne regrette rien…). Ces trois albums sont disponibles sur les plateformes d’écoute et de téléchargement.
À lire dans notre série « Chanteuses des 80’s » :